Publié le: 20 janvier 2017

Après Göteborg, cap sur Abu Dhabi!

EUROSKILLS – Retour sur les compétitions qui ont permis à la Suisse de devenir championne d’Europe. La responsable du secteur formation à l’usam, Christine Davatz, a vécu cet événement de près. Elle en rapporte de précieux enseignements pour la suite...

A peine rentrée, Christine Davatz nous livre ses premières impressions suédoises. Dame, ce n’est pas tous les jours que l’on participe à une délégation qui ramène une première place à la Suisse aux championnats d’Europe des métiers. La responsable du domaine de la formation se réjouit déjà des Mondiaux à Abu Dhabi.

JAM: Comment avez-vous vécu la victoire suisse à Göteborg?

■ Christine Davatz: Quel voyage magnifique! D’abord, la ville est splendide à cette époque de l’année, l’ambiance de Noël agréable. Cela dit, nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour en profiter! La délégation suisse se trouvait cinq jours sur place: l’ouverture, puis trois jours de compétition, une journée de clôture et l’annonce des résultats.

Comment la compétition elle-même s’est-elle déroulée?

■ Le tout était bien préparé et les Suédois se sont donnés beaucoup de peine pour l’organisation. Les hôtels étaient à proximité, voire dans le même bâtiment que les compétitions. De ce fait, nous n’avons pas eu de problème de mobilité sur place. Les jeunes, les experts et les accompagnants étaient ensemble, ce qui est une très bonne chose. Il y avait là 500 jeunes, au moins 400 experts et 500 personnes participant aux diverses délégations.

Que dire de l’ambiance?

■ Entre les pays, les experts, les ­représentants et les participants, 
l’atmosphère était très amicale. Les Suédois furent de bons hôtes. Je connais bien les responsables, ce sont des amis depuis longtemps. 
Celui qui officiait comme président va se retirer. Je réalise à quel point l’accent a été mis sur les jeunes. Les organisateurs avaient invité les écoles et près de 70 000 visiteurs sont venus au cours des trois jours de compétitions.

Qu’avez-vous emporté dans votre rucksack avant le retour à Berne?

■ Le fait que la Suisse et son modèle de formation professionnelle duale désormais s’impose à l’international. Que les autres pays commencent, c’est certain, de nous prendre comme modèle que la valeur de notre monde professionnel est très forte. Je prends également avec moi le discours du ministre suédois qui a mis l’accent sur la valeur de ces compétitions professionnelles pour les jeunes, mais aussi pour l’économie et la société. Cela m’a beaucoup touché parce que son propos était sincère et vécu.

Cette équipe suisse actuelle, 
qu’a-t-elle de particulier?

■ Un état d’esprit collectif incroyable. Les trois régions linguistiques sont bien représentées et la Suisse romande était forte grâce à Bruno Pravato (NDLR, qui a gagné une médaille d’or en maçonnerie, lire le JAM de décembre dernier), un Tessinois et sept suisse alémanique. Nous avons eu dans la délégation un excellent contact avec les jeunes et les experts, que je connaissais très bien aussi. On s’est pris dans les bras. C’était très émotionnel...

Quelles impulsions prenez-vous en guise de préparation pour les Mondiaux d’Abu Dhabi?

■ Là, ce sera encore autre chose. Notre délégation comptera 100 personnes, dont 36 jeunes compétiteurs et 36 experts. Ce sera donc beaucoup plus grand et aussi plus difficile à gérer. Mais là aussi, nous devrons tout mettre en œuvre pour réussir à faire du team-building. A Göteborg, nous avions deux team-leader et nous en aurons trois à Abu Dhabi. Il est crucial d’avoir un bon rapport avec les experts, car leur rôle est absolument déterminant pour le succès.

Au fait, pourquoi ces experts sont-ils si importants?

■ En soutenant les experts de notre côté, comme cheffe de délégation, 
ils se sentent aussi plus forts et 
de reconnaissance, devenant plus conscients du rôle qu’ils jouent. C’est crucial, car surtout pendant la compétition, ils se sentent parfois un peu seuls.

Trois choses que les Suisses eux-mêmes ont apprises à Göteborg pour gagner à Abu Dhabi?

■ Le fait que les entretiens personnels sont de toute première importance. Nous les conduisons avec les experts afin de sentir où sont les forces et les faiblesses. Notre responsable technique intervient lui aussi avec les experts, pour les compétences métiers, les infrastructures, ce qui a trait à la compétition. Mon rôle se situe plutôt pour une part dans l’appui psychologique, le coaching personnel, le rapport également avec les experts. D’autre part, je m’occupe aussi des contacts avec les délégués des autres pays.

Interview: François Othenin-Girard

Photo: Corinne Remund

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