Publié le: 7 avril 2017

Coup de sonde en Amérique latine

conditions cadres – Le sous-continent met en évidence les risques et les opportunités pour les exportateurs suisses. Si le 
déficit budgétaire moyen reste stable aux dernières nouvelles, les coûts liés à la violence ont pris l’ascenseur. Analyse macro.

Presque tous les pays d’Amérique latine sont des économies émergentes. Et comme tous les pays où le PIB par habitant reste inférieur à celui des pays développés, mais où l’on observe une croissance économique rapide, le niveau de vie et les structures économiques et sociales s’améliorent. Ces marchés présentent de grands potentiels pour les exportateurs suisses, mais également un niveau de risque élevé. Coup de sonde dans ce continent latino-américain sous l’angle export.

Du point de vue suisse, le Mexique est le pays qui se prédestine comme partenaire. Il dispose d’un accord de libre-échange avec la Suisse, d’un marché intérieur important et d’une classe moyenne disposant d’un 
potentiel d’achat élevé. Revers de la médaille, le Mexique souffre de pa-ralysies internes dont la cause est double: une réglementation trop forte et des cartels de la drogue.

L’Argentine et le Brésil représentent des marchés primordiaux pour les entreprises suisses. Ces deux pays de grande taille disposent des économies les plus puissantes du continent et leurs marchés ont pris l’habitude des produits suisses. Les classes moyennes sont étendues, les personnes aisées peuvent et veulent consumer des produits internationaux. Côté risques, on trouve dans les deux cas l’instabilité politique, un protectionnisme élevé et une certaine complexité s’agissant des profils de consommateurs.

Le Chili(lire ci-contre) est l’économie la plus avancée et stable du continent. Avec une classe moyenne en expansion, le pays andin est au même niveau économique que les pays d’ouest européen. Néanmoins, le Chili n’arrive pas à quitter le groupe des pays émergents pour atteindre celui des pays développés. La croissance de productivité est faible et l’innovation ralenti.

La Colombie, le Pérou, et, dans une certaine mesure, l’Equateur sont les plus prometteurs. Après diverses 
réformes internes, les trois pays se positionnent come acteurs moyens dotés de marchés relativement libres et d’une certaine sécurité permettant d’assurer les investissements directs étrangers. Cela posé, le développement de ces pays se déroule presque exclusivement dans les métropoles et les capitales.

La Suisse dispose d’accords de libre-échange avec plusieurs pays d’Amérique centrale. Le Panama ou le 
Costa Rica offrent un profil économique stable et une certaine sécurité. En revanche, les marchés sont re-
lativement étroits et les perspectives de croissance limitées. Le même 
raisonnement s’applique par ailleurs au Paraguay et à l’Uruguay.

Enfin, il reste les pays socialistes – les socialistes se baptisent eux-mêmes du surnom de Bolivar – le Venezuela et la Bolivie. Là, les chances pour les exportateurs sont quasi nulles et les risques presque infinis. Henrique Schneider, usam

Déficit budgétaire moyen stable

Pour compléter sur un plan macro, le déficit budgétaire moyen en Amérique latine est resté stable en 2016, à 3% du PIB pour la deuxième année de suite, tandis que la dette publique s’est creusée à 37,9% du PIB, a annoncé la Cepal, commission économique de l’ONU pour la région. Cette stabilisation du déficit survient malgré le contexte économique difficile en Amérique latine, avec un recul moyen du PIB de 1,1% en 2016, avec une baisse particulièrement prononcée au Venezuela, au Brésil, en Argentine et en Equateur.

Dans la première économie de la région, le Brésil, pourtant sous le coup d’une récession historique depuis deux ans, le déficit s’est même ré-duit d’1,6 point de pourcentage, 
atteignant 7,6% du PIB. Le Mexique, deuxième économie d’Amérique 
latine, a également diminué son déficit de 0,9 point, à 2,7%, grâce à une meilleure demande interne. En revanche, l’Argentine, numéro trois de la région, a vu son déficit se creuser de 2,4 points à 6,1% du PIB. Même tendance également en Uruguay, en Colombie et au Chili, où le déficit budgétaire a légèrement augmenté.

La dette publique moyenne s’est elle alourdie de 1,7 point de pourcentage, à 37,9% du PIB, souligne l’organisme qui appelle à la prudence en termes de dépenses et d’investissements. En 2017, la Cepal table sur une légère reprise économique, prévoyant une hausse moyenne du PIB de 1,3% en Amérique latine.

Le coût de la violence explose

Le coût de la criminalité est chiffré à 3,5% du PIB régional par la Banque interaméricaine de développement (BID), soit 170 milliards de dollars, l’équivalent du total de l’investissement consacré chaque année aux infrastructures dans le sous-continent.

Face à la montée endémique de la violence en Amérique latine, les gouvernements augmentent les effectifs de police et construisent de nouvelles prisons. Les entreprises fournissent des voitures blindées ou des gardes du corps à leurs dirigeants. Les immeubles résidentiels sont protégés par des sociétés de gardiennage 
aux méthodes parfois inspirées du Mossad. Les caméras sont omniprésentes dans les rues de Lima ou de São Paulo. Mais ces réflexes se révèlent peu efficaces, selon une étude récente de la Banque interaméricaine de développement (BID), alors que le coût global de la violence et de la criminalité devient exorbitant.

JAM, avec les agences

suisse-chili

Historique 
des relations

«Un descendant d’immigrants 
helvétiques, le démocrate-chrétien Eduardo Frei, a été élu président 
de la République chilienne en 1964. Son fils, du même nom, a assumé cette fonction entre 1994 et 2000. En 1851, la Suisse a ouvert un premier consulat honoraire à Valparaíso puis, en 1918, un second dans la capitale Santiago. Ce dernier a été transformé en consulat général en 1923, en légation en 1944 et en ambassade en 1957. Une école suisse est établie à Santiago depuis 1939. Au XIXe siècle, le Chili était une terre d’accueil pour les émigrés suisses. Les commerçants se sont installés dans la ville portuaire de Valparaíso, alors que les paysans et les artisans ont préféré les régions plus au sud.» (Sources: DFAE)

diplomatie

Les relations
intensifiées

«Les relations politiques entre la 
Suisse et le Chili se sont intensifiées
ces dernières années. La consolidation des relations économiques, la collaboration scientifique entre ins-titutions helvétiques et chiliennes ainsi que la coopération dans le domaine du changement climatique sont des sujets de coopérations 
importants. Les deux pays collabo-
rent également dans le domaine 
de l’énergie avec comme objectif d’augmenter le pourcentage des énergies renouvelables dans la matrice énergétique. Ils coopèrent 
aussi sur la question de la partici-pa-tion citoyenne dans les processus de planification et de mise en œuvre de grands projets publics-
privés. La Suisse et le Chili ont con-clu des accords dans les domaines du commerce, de la protection des investissements, de la double im-
position, de l’entraide judiciaire, des transports aériens et de la sécurité sociale.»(Sources: DFAE)

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