Publié le: 13 mai 2016

«Il suffit de tirer à la même corde»

BFI – Le message du Conseil fédéral sera traité en commission le 16 mai et au Parlement cet été. Le point avec Christine Davatz, récemment élue vice-présidente de la commission CFFP. Pour défendre la formation, il faut un accord entre toutes les parties.

Journal des arts et métiers: Christine Davatz, vous venez d’être nommée vice-présidente de la Commission fédérale de la formation professionnelle (CFFP). Où en est-on avec le financement de la formation?

n Christine Davatz: Le Conseil fédéral propose dans son Message relatif à l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation (BFI 2017-2020) d’augmenter les crédits pour toute la formation. Et ce non seulement pour la formation professionnelle, mais aussi pour la formation universitaire, la recherche et l’innovation. Le sujet est actuellement en examen devant la Commission de la science, de l’éducation et de la culture (CSEC) au Conseil national. Nous avons un hearing avec les partenaires intéressés, les universités, les représentants de l’économie et les partenaires sociaux.

Quelle est la position de l’Union suisse des arts et métiers, dont vous êtes par ailleurs la vice-directrice et responsable des thèmes liés à la formation?

n Nous allons demander d’augmenter le pourcentage de croissance pour tout le Message BFI, parce que de notre point de vue, il est nécessaire que nous ne nous battions pas les uns contre les autres, la formation professionnelle contre la formation universitaire.

Ce sont-lĂ  vos seules exigences?

n Non, car comme nous sommes également représentants de la formation professionnelle, nous demandons que la part qui lui est attribuée soit elle aussi augmentée. Il s’agit surtout des forfaits pour les cantons. Le Conseil fédéral a prévu de les diminuer et si le projet passe sous cette forme, la formation initiale de base, donc les organisations du monde du travail (Ortra) et nos associations membres, seraient elles aussi affectées.

Pourquoi le Conseil fédéral réduit-il les forfaits aux cantons?

n Son but est d’augmenter le soutien pour la formation professionnelle supérieure. Or c’est exactement ce que nous demandons depuis des années. Notre but était une augmentation de 400 millions de francs.

Or le Conseil fédéral souhaite attribuer 365 millions de francs à la formation professionnelle supérieure. Mais ce faisant, il diminue le taux qu’il affecte à la formation professionnelle dans son ensemble. Ce qui veut dire que même s’il donne plus de fonds à la formation professionnelle supérieure, nous perdons des fonds pour la formation de base.

Qu’allez-vous faire à partir de là?

n Nous allons demander un forfait plus élevé aux cantons. Le Conseil fédéral a expliqué que dans le cas où la Confédération était responsable de ce soutien supplémentaire à la formation professionnelle supérieure, l’aide aux cantons serait réduite. Et nous demandons aussi de ne pas donner seulement les 50 millions par année, soit 200 pour cette période, mais nous voulons attribuer plus. La loi sur la formation professionnelle dit que la Confédération doit payer 25% de toutes les dépenses publiques pour la formation professionnelle. Toutefois, jusqu’ici, le montant payé par la Confédération n’était pas suffisant pour atteindre cette proportion. De notre point de vue, la manière de calculer ces 25% était erronée. Nous estimons que la Confédération n’arrive pas encore à ces 25% et nous demandons par conséquent qu’elle paie la différence entre les 21% que nous calculons et les 25% que Berne doit payer. Donc la somme qui manque s’élève à 47 millions de francs par année.

Sur quels appuis comptez-vous?

n Nous allons nous appuyer sur les cantons. Ces derniers pensent pour leur part qu’il faut augmenter la part payée par la Confédération de 25 à 30%. Mais de notre point de vue, un changement de loi représente une difficulté supplémentaire. Nous comptons aussi sur les syndicats, car si on ne donne pas assez de fonds aux cantons, cela touche la formation de base. Et on ne pourrait plus réaliser ces projets avec les migrants, les adultes, tout ce que l’on veut faire.

L’idée, c’est que la formation en Suisse est un étendard et que cela doit être financé. Comme nous sommes aussi en discussion avec les universités et le réseau «future» en collaboration avec les hautes écoles spécialisées et la recherche, il est important de se mettre ensemble pour tirer à la même corde et augmenter le taux de croissance de ce crédit de la Confédération pour quatre ans. Le Conseil fédéral parle de 2% alors que pour la période précédente, le taux était de 3,7% (3,3% à la fin).

D’autres éléments pourraient-ils faire évoluer cette situation?

n Oui, par exemple le programme de stabilisation qui veut encore diminuer les crédits pour la formation. Donc on espère que tout le monde sera opposé à la position du Conseil fédéral!

Au niveau des partis politiques, comment se présente l’échiquier?

n Les socialistes sont de notre côté. Pour le PDC, je ne suis pas encore certaine. Côté UDC, c’est un peu difficile, car ils veulent épargner. Mais le président de la Commission de l’éducation, Felix Müri (UDC/LU), nous soutient sur la formation professionnelle. Chez les Radicaux, Christian Wasserfallen est aussi de notre côté. Donc nous avons une chance au Conseil national. Aux Etats, ce sera probablement plus difficile.

Il y a une année, nous avons lancé une motion pour un taux de croissance de 3,9%. Et c’est passé devant le Conseil national, mais les Etats ont refusé de fixer ce taux et se sont contentés d’une motion plus floue expliquant qu’il fallait «assez de moyens à disposition» pour ces développements dans la formation.

Les prochaines Ă©tapes?

n Le 16 mai, la commission en débattra et la discussion en plénum se déroulera lors de la session d’été.

Interview: JAM

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