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L’idée même de la réussite
innovation – Claude Nicollier, pilote militaire, pilote de ligne, astronaute et astrophysicien, 
a vécu des phases de vie riches et innovatives. Il décortique ce terme multifacette (partie I).
JAM: Professeur Nicollier, qu’est-ce que l’innovation?
n  Claude Nicollier: Il s’agit de voies nouvelles qui n’ont pas encore été explorées et permettent de déboucher sur des idées, des produits, des processus. L’innovation devrait rendre possible l’augmentation de la productivité et la qualité de vie. Et que cela se fasse non seulement pour un petit groupe, mais pour un grand nombre de personnes. L’innovation ne doit pas servir qu’au luxe. Il faut aussi un peu de luxe, car cela permet à des compagnies de tourner. Mais ça ne doit pas être exclusif. Une innovation se concrétise sur la base d’une découverte qui est exploitée.
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Faut-il mettre des limites à l’innovation à vos yeux?
n On innove, puis on exploite des Âinnovations. Cela dit, on ne peut 
pas continuer Ă innover constamment. Il faut surtout exploiter les bonnes innovations mises en place. L’innovation est très bonne, elle est stimulante. Toutefois, dans notre sociĂ©tĂ©, la valeur de l’innovation est souvent trop mise en avant. Si on n’innove pas, on peut mĂŞme ĂŞtre mis de cĂ´tĂ©.
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Innovation, invention, comment les départager?
n L’invention, c’est quelque chose de soudain. Bang! Tout Ă coup, c’est l’ampoule Ă©lectrique, le transistor. Pour l’invention, je parlerais plutĂ´t de «steps», de marches. L’innovation est plus progressive: elle part de choses qui existent dĂ©jĂ pour les amĂ©Âliorer, les rendre plus efficaces, meilleur marchĂ©, plus agrĂ©able. Ou plus belles.
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Quelles sont les trois inventions les plus importantes réalisées par l’être humain?
n A mon humble avis, je dirais l’électricitĂ©, la pĂ©nicilline et les avions. Il y a aussi Internet, l’ordinateur, le tĂ©lĂ©phone. La pĂ©nicilline a bien sĂ»r sauvĂ© beaucoup de vies, mais je placerais au premier rang l’électricitĂ©, dans deux de ses utilisations: l’ampoule et le moteur Ă©lectrique. Le remplacement du gaz par les ampoules fut un progrès immense, mais l’arrivĂ©e des moteurs Ă©lectriques a Ă©tĂ© un progrès encore plus phĂ©nomĂ©nal. C’est toujours le cas aujourd’hui. On pourra bientĂ´t utiliser des moteurs Ă©lectriques pour des avions, probablement pas pour de grands avions de ligne, mais pour la petite aviation, et pour des avions de transport de dimension moyenne Ă©quipĂ©s de piles Ă combustible, avec un supplĂ©ment possible d’énergie Ă©lectrique fourni par le Soleil en phase de croisière les avions! C’est quelque chose de fou! Il faut parfois, en tant que passager, rĂ©flĂ©chir un peu Ă ce que l’avion de ligne Ă rĂ©action Âsignifie, comme performance technique. On est dedans, on n’entend presque rien, c’est confortable, on se dĂ©place Ă Mach zĂ©ro point huit d’un point Ă un autre de la planète Terre. C’est fabuleux… Et c’est une histoire de moins d’un siècle qui a dĂ©butĂ© avec les frères Wright en 1903.
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Quelle fut l’innovation qui vous a le plus marqué?
n Le programme spatial Apollo. Vers la fin des annĂ©es soixante, j’avais terminĂ© des Ă©tudes de physique et d’astrophysique, je connaissais les lois de la mĂ©canique, je comprenais raisonnablement bien les Ă©toiles, les planètes et le mouvement des corps cĂ©lestes. Mais pensez Ă tout ce qu’il a fallu mettre en place pour rĂ©ussir les missions de ce programme! MetÂtre un satellite artificiel autour de la Terre, c’était dĂ©jĂ un challenge. Nous devions maitriser la tâche difficile d’accĂ©lĂ©rer Ă l’horizontale en dehors de l’atmosphère jusqu’à une vitesse d’environ 8 kilomètres par seconde pour pouvoir l’injection en orbite. On y est initialement arrivĂ© sur la base des fusĂ©es ICBM (missiles balistiques intercontinentaux) mises au point dans les annĂ©es cinquante. En revanche, pour aller jusqu’à la Lune, se mettre en orbite autour de notre satellite, dĂ©tacher le module lunaire, se poser, repartir, faire un rendez-vous en orbite entre le module lunaire et le module de service..., cela demandait de très grandes compĂ©tences en termes de calculs et du point de vue de la gestion d’un projet. Il y a eu lĂ toute une sĂ©rie d’innovations. Dans mon adolescence, jeune adulte, c’est quelque chose qui m’a beaucoup impressionnĂ©.
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Et durant votre enfance?
n Au dĂ©but des annĂ©es cinquante, j’étais fascinĂ© par l’aviation. Avec mes amis, nous jouions Ă la guerre de CorĂ©e avec des modèles en balsa du Mig-15 et du F-86. Dans l’aviation de ligne, il y avait le Comet anglais et la Caravelle française. Tous ces premiers avions Ă rĂ©action reprĂ©sentaient un formidable progrès par rapport aux avions Ă helices. Pris isolĂ©ment, le moteur Ă rĂ©action reprĂ©sentait une invention, tandis que son ÂdĂ©veloppement et son adaptation 
aux avions de ligne relevait de l’innovation.
Le premier moteur à réaction que vous avez vu?
n Celui du Vampire de l’aviation militaire suisse. A Payerne, nous pressions notre nez contre le grillage pour le voir. Il démarrait ses moteurs tandis que des flammes en sortaient à l’arrière. Il y avait ce bruit caractéristique, sifflant. Dans le réacteur du Vampire, l’air était centrifugé pour être comprimé avant d’être expédié dans les chambres de combustion. J’ai un souvenir assez clair de cette période. La Suisse était un pays progressiste pour l’acquisition d’avions militaires. Très rapidement, elle a fait l’acquisition d’avions à réaction en même temps que les pays qui les ont produits, comme l’Angleterre et la France. Les avions anglais m’ont plus impressionné, car j’ai eu l’occasion de voler le Vampire, le Venom puis le Hunter, mais pas le Mirage qui était une splendide machine mais réservée, initialement du moins, aux pilotes militaires professionnels. Ma passion pour l’aviation, et pour le ciel et l’espace, a occupé toute mon existence!
Où avez-vous appris ce métier d’astronaute? Plutôt dans le militaire ou dans le civil?
n Mes deux formations, scientifique au civil et de pilote militaire, on Ă©tĂ© dĂ©terminantes dans la rĂ©ussite de ma sĂ©lection d’astronaute. L’aviation militaire, avec les attaques au sol en Hunter, Ă©tait plutĂ´t sportive. Nous Ă©tions assez libres dans le choix des tactiques pour attaquer des buts qui Ă©taient, par exemple, des toiles jaunes dans la campagne près de Frauenfeld (il rit) au dĂ©part de Rarogne dans le Valais, avec quatre avions parfois sous plafond bas et pluie. Les missions Ă©taient souvent difficiles. Il fallait beaucoup se prĂ©parer sur la carte et mĂ©moriser la gĂ©ographie de la rĂ©gion des buts. Le GPS n’existait pas, tout reposait sur la vue et la prĂ©paration. Quand on volait près des buts, on Ă©tait bas. A 800 km Ă l’heure, impossible de consulter la carte pour s’assurer que l’on suit le bon chemin de vol. J’ai appris la nĂ©cessitĂ© de Â
la prĂ©paration. Et puis, s’agissant d’innovation, le Hunter Ă©tait un Âavion formidablement bien concu, sa pilotabilitĂ© et le bon Ă©quilibre du système de commandes de vol Ă©taient exceptionnels. L’avion Ă©tait plutĂ´t facile Ă voler mais les missions difficiles. Il fallait se cramponner. Ce fut une Âbelle Ă©cole pour le spatial.
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Que vous ont apporté vos années chez Swissair?
n Par comparaison, l’aviation de Âligne m’a offert un apprentissage de nature diffĂ©rente. C’était un travail très prĂ©cis, rigoureux et de discipline. J’ai aussi appris le travail dans un Ă©quipage Ă deux. Je ne l’ai pas pratiquĂ© longtemps chez Swissair, car j’ai eu l’opportunitĂ© de suivre la sĂ©lection d’astronaute ESA peu de temps après mon entrĂ©e dans la compagnie. Quitter un mĂ©tier de pilote de ligne et se lancer dans une sĂ©lection d’astronaute Ă©tait risquĂ© sur le plan professionnel, mais je ne pouvais pas manquer l’occasion!
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Dans l’espace, comment avez-vous vécu l’innovation?
n J’ai effectuĂ© quatre missions dans la navette spatiale qui, en elle-mĂŞme, Ă©tait une grande innovation en tant que moyen de transport spatial. Un grand nombre de systèmes de la Ânavette reprĂ©sentaient aussi de très grandes innovations, comme les moteurs fusĂ©e Ă hydrogène, les commandes Ă©lectriques, la protection thermique rĂ©utilisable, le bras tĂ©lĂ©Âmanipulateur, et d’autres encore. L’utilisation pratique de la navette demandait beaucoup de prĂ©paration et de rigueur. Comme dans le monde de l’aviation professionnelle, nous utilisions des procĂ©dures et des «check-lists», suivies avec beaucoup de soin et de concentration. Pour certaines missions, comme les missions de rĂ©parations du TĂ©lescope Hubble par exemple, il fallait sortir de la navette en scaphandre, effectuer 
des procĂ©dures spĂ©cifiques au tĂ©lescope, qui avaient Ă©tĂ© entraĂ®nĂ©es en milieu aquatique pour simuler les conditions d’impesanteur. Ces missions Ă©taient difficiles, car il n’y avait pas de place pour des erreurs. Tout l’équipage Ă©tait toujours très motivĂ© pour accomplir la mission avec succès. Nous Ă©tions presque obsĂ©dĂ©s par l’idĂ©e de rĂ©ussir la mission Ă 100% !
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