La Chambre suisse des arts et métiers a rejeté la réforme de la Prévoyance vieillesse 2020. Les citations suivantes des membres du Parlement de l’usam mettent en évidence les raisons de voter clairement non à cette grande débâcle.

Clair comme de l’eau de source

«Tout le monde sait que la prévoyance vieillesse doit être assainie», lance le membre du Comité directeur Robert E. Gubler. Toutefois, le Parlement «nous a concocté un projet, qui n’assainit rien et n’est pas économiquement supportable». Avec le peuple, il faut être clair comme de l’eau de source: «L’AVS et le 2e pilier sont ingérables sans revenus supplémentaires et réductions des prestations. Le Parlement souhaite augmenter les revenus sur le dos des employés et des employeurs et augmenter en plus la TVA. L’égalisation de l’âge de la retraite à 65 ans et l’adaptation du taux de conversion, actuellement à un niveau plus élevé que les mesures d’économie et la baisse du taux de rémunération, devraient être «compensés» par les 70 francs en question. Combien de milliards le Parlement nous mettra-t-il sur le dos quand il s’agira d’assainir véritablement la situation? La tactique se comprend, mais une telle démarche nous conduit dans l’impasse. Donc: non à la PV 2020.»

Solidarité menacée

Quant à Olivier Mark, entrepreneur et membre du Comité directeur de l’usam, il rejette lui aussi PV 2020. «Celui qui prend sa retraite doit pouvoir profiter des prestations promises. Le système de l’AVS, avec sa solidarité intergénérationnelle a fait ses preuves, il est à la base de notre excellente prévoyance professionnelle. J’aimerais éviter que la caisse AVS creuse des trous. Il faut donc clairement rejeter ce projet.» L’augmentation prévue des prestations AVS n’est financée que jusqu’en 2030, ensuite il faudra augmenter la TVA, les cotisations salariales et l’âge de la retraite. «On voit déjà qu’en 2030, le déficit annuel s’élèvera à trois milliards de francs. La hausse proposée est donc ponctionnée sur la carte de crédit des générations futures. La solidarité entre générations sera compromise et ilf faudra tout recommencer.»

Simplement insoutenable

A l’origine, le Conseil fédéral et le Parlement voulaient assainir notre prévoyance professionnelle au plan financier, lance Gian-Luca Lardi, président central de la Société suisse des entrepreneurs. Or ce qui ressort du projet, c’est le contraire, une réforme qui coûte plus qu’elle permet d’économiser à court terme.» L’égalisation de l’âge de la retraite ne mérite pas à ses yeux un meilleur sort. «L’effet de cette mesure disproportionnée se perd dans un système d’arrosoir sans précédent.»

Du point de vue de l’entrepreneur, adopter des mesures d’économies qui coûtent plus qu’elles ne rapportent, revient à se faire hara-kiri. «Aucun chef d’entreprise ne ferait une chose pareille dans sa PME. Quant à une réforme qui désavantage nettement les personnes de plus de 45 ans au profit des jeunes, je la trouve simplement insoutenable.»

Attrape-nigaud politique

«Au lieu d’une ­révision, voilà le principe de l’arrosoir», estime Dieter Spiess, entrepreneur et président d’une caisse AVS pour les arts et métiers. Les conseillers nationaux et les conseillers aux Etats n’ont pas réussi à remettre la prévoyance vieillesse sur une base saine. «On va encore péjorer durant des décennies une AVS déjà mise à mal et qui coûtera des milliards de francs supplémentaires.» La note finale sera payée par les jeunes générations, les consommateurs et les entreprises qui devront verser des cotisations plus élevées et de la TVA en plus. «Avec un cadeau de 70 francs aux rentiers, le Conseil fédéral et le Parlement ont mis en place un attrape-nigaud, estime Spiess. Cette proposition n’est pas sérieuse, elle est hypocrite et chicanière. Pour cette raison, il faudra clairement la rejeter en votant non le 
24 septembre prochain.» En/Ogi

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