Publié le: 8 avril 2016

Plus de sécurité pour tous

ANDREAS BURGENER – Le directeur d’auto-suisse lance un plaidoyer en faveur de l’initiative «Pour un financement équitable des transports». C’est l’ensemble des usagers qui en profiteront.

Journal des arts et métiers: autosuisse s’est réjoui du «oui» clair au deuxième tube du Gothard. Voyez-vous dans le résultat du 
28 février dernier un plaidoyer en faveur des transports motorisés individuels?

 

n Andreas Burgener: La décision de construire le tunnel d’assainissement au Gothard aura avant tout permis de rendre plus distinct le fait que les votants tiennent pour essentielle la notion de sécurité dans les transports routiers. Toutefois, les décideurs en politique des transports ne doivent pas survaloriser ce résultat, car la solidarité avec le Tessin y a aussi joué un certain rôle. Les gens n’ont pas voulu couper ce canton du reste de la Suisse pendant trois ans, car le ferroutage n’aurait pas été une alternative crédible au tunnel routier.

"VACHE à LAIT DONNE DU TONUS AUX INFRA­STRUCTURES ROUTIèRES POUR L’AVENIR.»

Quels sont les but visés par l’initiative populaire «Pour un financement équitable des transports», dite «Initiative vache à lait»?

n Ce texte se soucie lui aussi de renforcer la sécurité sur nos routes. En affectant systématiquement aux 
infrastructures routières les moyens financiers que la Confédération a prélevés sur le trafic routier, nos infrast­ructures pourront enfin être modernisées et parées pour l’avenir. Concrètement, cela passera par la moitié de l’impôt sur les huiles minérales, jusqu’ici versées dans la caisse fédérale. Avec ce 1,5 milliard de francs supplémentaire par année, les goulets d’étranglement que nous observons sur nos autoroutes pourront être éliminés et les villes et villages déchargés du trafic de contournement et de transit. Il est nécessaire d’agir rapidement. Chaque année, le nombre d’heures passées dans les bouchons augmente en Suisse. A l’heure actuelle, nous avons dépassé les 21 000 heures de bouchons, rien que sur les routes nationales. Cette situation coûte des milliards de francs par année à l’économie. Sur la durée, nous ne pouvons plus nous le permettre.

Qui profitera de votre initiative?

n Tous les utilisateurs des transports bénéficieront d’un financement équitable des transports. Lorsqu’un trafic de déviation efficace sera mis à disposition du trafic motorisé, les ralentissements observés dans les villes et les villages diminueront, c’est une certitude. Le transport public qui roule sur les mêmes routes en profitera lui aussi, en termes d’attractivité et de fiabilité. Ce dernier point est avant tout indispensable pour les PME. Le trafic individuel motorisé et la mobilité d’un point à un autre s’avèrent de plus en plus menacés par l’augmentation des bouchons et l’absence de prévisibilité horaire que cette situation engendre. Une place économique moderne comme la Suisse ne peut pas souffrir le fait que, sur le long terme, sa population et son PIB croisse régulièrement sans que les infrastructures routières soient adaptées. Les carences politiques du passé doivent être maintenant surmontées par le biais d’une offensive en matière de planification et de construction. A cet égard, l’initiative «pour un financement équitable des transports» offre les moyens financiers à la réalisation de cet objectif. De plus, elles offrent l’avantage de ne pas encore surcharger les utilisateurs des routes et les PME.

Le nouveau Fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (FORTA), accepté par le Conseil des Etats lors de sa session de printemps, permettra d'asseoir le financement des routes sur une base solide. Pourquoi en plus une initiative «Vache à lait»?

n FORTA n’est pas fondamentalement une mauvaise idée. De toute façon, on a déjà fait le tour des propositions de financement: les utilisateurs des routes seraient mis à contribution par une augmentation des impôts et des taxes et ils passeront à la caisse. Et ce sera comme un emplâtre sur une jambe de bois, car seule la taxe automobile est affectée aux infrastructures. Le reste est versé suivant l’arrêté sur le réseau des routes et la reprise par la Confédération de quelque 400 kilomètres de routes nationales. De tout cela, les usagers de la route n’en tirent rien, sinon des coûts en plus. Le refus par le peuple en 2013 de l’augmentation du prix de la vignette a montré ce que les votants pensent de tels projets. En revanche, l’initiative «pour un financement équitable des transports», en plus de permettre l’extension et l’entretien des routes, rendra possible le financement du réseau des routes sans augmenter le prix du carburant.

«21 000 HEURES DE BOUCHONs: ce RECORD sera BIENTÔT BATTU!»

Les adversaires vous reprochent de piller la caisse fédérale et de torpiller les transports publics. Que leur répondez-vous?

n C’est faux, c’est exactement l’inverse! L’amélioration de la qualité des infrastructures profitera aussi aux transports publics qui, dans la plupart des cas, utilisent les routes. Pensez aux cars postaux dans la campagne, aux autobus et aux trams dans les villes. Ces derniers bénéficient par ailleurs de leurs propres sources de financement, comme le montre le projet accepté en 2014 de financement et d’aménagement de l’infrastructure ferroviaire (FAIF). On ne peut pas parler d’un pillage de la caisse fédérale. Pour rappel, il s’agit d’une contribution de 2% du budget annuel que la Confédération doit économiser ailleurs. Souvenons-nous que la Suisse a dû, suite à l’abandon du taux plancher avec l’euro en janvier 2015, s’améliorer de 15% à 18%. Et ce, du jour au lendemain, sans aucun avertissement.

«croître SANS ADAPTER SES INFRASTRUCTURES? LA SUISSE NE PEUT PAS SE LE PERMETTRE!»

Comment allez-vous mener votre campagne?

n  En rendant clair le fait que l’ensemble des usagers des transports profiteront de l’initiative «Pour un financement équitable des transports». Du footballeur au cycliste, de l’automobiliste au conducteur d’une camionnette. Et nous allons montrer en quoi cela vaut la peine pour tous d’investir plus de moyens dans les infrastructures routières. 

Sur qui comptez-vous pour vous soutenir?

n Le comité en faveur de l'initiative est basé sur un large consensus politique. Nous bénéficions en particulier du soutien des présidents de parti désignés du PDC et du PLR. A cela s’ajoutent de nombreux politiciens de l’UDC, par exemple le président de ce groupe au Parlement, Adrian Amst­utz. Du côté des associations, nous avons le soutien de cercles assez larges, comme l’Association suisse des transports routiers (ASTAG), l’Union professionnelle suisse de l’automobile (UPSA), l’association Commerce Suisse et bien sûr l’Union suisse des arts et métiers. Le vote unanime de la Chambre de l’usam est pour nous une grande preuve de confiance et un driver de motivation.

«de meilleures routes, C’EST tout 
bénéfice POUR LES TRANSPORtS PUBLICS.»

Au cas où l’initiative «Vache à lait» était acceptée, quels projets routiers en particulier seraient-ils, de manière réaliste, démarrés en tout premier?

n Il faudrait s’attaquer en priorité aux endroits où les goulets sont les plus étroits. Cela concerne avant tout les villes et les agglomérations. Là où, très souvent, le réseau des routes démontre des capacités insuffisantes. Les cantons savent bien où le bât blesse, y compris dans les régions reculées. Parmi les projets prioritaires, signalons l’A1 entre Winterthur et Berne, tout comme l’Arc lémanique. La région de Bâle est complète­ment bouchonnée entre Liestal et la frontière allemande. Voici quelques exemples de ce que l’initiative «Vache à lait» peut améliorer. Il y a aussi la question du tunnel du Rhin à Bâle. Dans tous les cas, le projet de l’Office fédéral des routes (Ofrou) sur l’autoroute en direction de l’Allemagne ne le place que dans un deuxième temps, car il coûterait 300 millions de francs en plus. Avec l’initiative «Pour un financement équitable des transports», le financement en serait assuré et permettrait de lisser le trafic de manière efficiente.

Interview: Gerhard Enggist

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