Publié le: 13 mai 2016

pétrole gaz bois pompe à chaleur électricité autre électricité autre bois mazout gaz pompe à chaleur en dessous de 0,5 pour milles jusqu’à 5% 5-25% 25-50% 50-75% plus de 75%

union pétrolière – Si les ventes de mazout reculent, cela est principalement dû au remplacement de vieilles installations.
«Out», le chauffage à mazout?

En matière de politique énergétique, l’écart se creuse toujours davantage entre la stratégie des autorités et la réalité. La preuve en matière de chauffage où la «Stratégie énergétique 2050» ne réserve aucun avenir au chauffage à mazout, alors qu’il restera la référence sur le marché pour très longtemps encore, les statistiques le démontrent!

Bon an, mal an, la vente de mazout à chauffage en Suisse fluctue de plusieurs centaines de milliers de tonnes! La fluctuation dépend principalement des conditions météos, mais aussi du comportement des clients face à l’évolution des prix du pétrole brut. Malgré ces fluctuations importantes, la tendance de long terme est baissière: entre 2001 et 2005, il s’est vendu annuellement plus de 4,7 millions de tonnes de mazout, contre à peine 3,3 millions par an de 2011 à 2015. Il en découle une réduction des émissions de CO2 de près d’un tiers!

Surprise, le recul des ventes n’est pas dû au remplacement du mazout au profit d’une autre énergie de chauffage, mais surtout au remplacement de vieilles installations et à l’assainisse­ment énergétique des bâtiments. Il n’est donc pas question d’un «abandon» du chauffage à mazout, comme le démontrent d’ailleurs les chiffres de l’Office fédéral de la statistique.

Le chauffage à mazout 
cède du terrain…

Une analyse rétrospective des parts de marchés des énergies de chauffage pour bâtiments est sans appel: le mazout a perdu du terrain sur le marché suisse ces dernières années. Mais il faut dire que, jusque dans les années 80, le chauffage à mazout se taillait entre 60 et 70% de parts de marché! De 2009 à 2014, cette part est tombée de 52 à 48%. Pendant cette période, la proportion du chauffage à gaz a augmenté de 15 à 16%, les pompes à chaleur de 8 à 11% et le bois, l’électricité et les autres sources d’énergie ont stagné à respectivement 12, 10 et 3%.

En jetant un regard dans différentes périodes de construction, on constate que les immeubles bâtis entre 1946 et 1980 sont équipés de chauffage à mazout dans une proportion supérieure à la moyenne. Ici, la surprise c’est que ces mêmes bâtiments, dans la période de 2009 à 2014, sont encore presque tous équipés de chauffages à mazout puisque le recul n’est ici que de 1 à 2%! Bref, là où jadis a été installé un chauffage à mazout se trouve en général aujourd’hui encore une installation à mazout. Changement de tableau concernant les bâtiments plus récents (2006 et après): ici seuls 6% des immeubles sont équipés d’une chaudière à mazout. Le système de pompes à chaleur se taille la part du lion (60%), suivi du gaz naturel (20% de parts de marché).

…mais garde son importance

Le fait que, depuis quelques années, on n’installe presque plus de chauffage à mazout dans les nouveaux immeubles donne une image trompeuse de son importance. Car les chiffres révèlent une autre vérité et prouvent que ce système de chauffage continue à jouer un rôle de premier plan sur le marché et le conservera encore pendant de nombreuses années. Entre 2009 et 2014, le parc de bâtiments chauffés au mazout a reculé de 841 000 à légèrement moins de 819 000, soit –2,6% seulement. Plus significatif encore, c’est l’importance de son rôle dans notre pays si l’on garde à l’esprit que, en 2014, près de 2,3 millions d’appartements étaient chauffés au mazout. Alors même si, ces 5 dernières années, le nombre d’appartements chauffés au mazout a légèrement reculé dans quelques cantons – Zurich, Saint-Gall, Bâle-Campagne et Vaud – il a légèrement augmenté dans les cantons du Valais et de Berne.

Mazout pour les petits, pompes 
à chaleur pour les grands

En poussant l’analyse plus loin et en confrontant la surface d’habitation au type de chauffage utilisé, les résultats ne manquent pas d’intérêt. En simplifiant, moins l’appartement compte de pièces et plus grande est la probabilité que l’appartement soit chauffé au mazout. Ainsi, 63% des studios en Suisse sont chauffés au mazout et toujours plus de la moitié pour les appartements à 2, 3 ou 4 pièces. A l’inverse, la proportion de pompes à chaleur et chauffages à bois augmente avec le nombre croissant de pièces (image 2).

Rarement des chiffres contredisent à ce point les objectifs de la politique énergique! Les logements plus abordables dans les immeubles de 30 à 40 ans d’âge sont aujourd’hui majoritairement chauffés au mazout. Alors dans leur projet d’abandon du chauffage au mazout, les autorités évitent à la fois la question de la responsabilité sociale et des coûts pharaoniques qu’il entraînerait. Car dans cette course à la réduction des émissions de CO2, qui supporteraient les coûts? En première ligne, les classes sociales les moins favorisées!

Pourtant, ce conflit d’intérêt révélé par les chiffres pourrait facilement être contourné en remplaçant les anciennes installations de chauffage par des systèmes de chaudières mazout à condensation. Economiques, préservant le climat et compatibles avec des logements abordables, ces systèmes modernes ne présentent dans la pratique aucune contradiction. D’autant que la technologie par condensation s’est déjà bien établie sur le marché suisse. En tirant profit de la chaleur latente de la vapeur d’eau contenue dans les gaz d’échappement, en la condensant dans un échangeur et en la restituant au circuit de chauffage, on augmente le rendement de l’installation. Les gaz d’échappement sont refroidis de 120 à environ 30°C et la consommation de mazout, réduite jusqu’à 10%.

Le chauffage au mazout 
fonctionne partout

Le chauffage à condensation, c’est une solution qui s’impose d’elle-même quand on regarde la répartition régionale des différentes sources d’énergies. Contrairement aux autres systèmes, les chauffages à mazout sont déjà fonctionnels presque partout dans le pays (image 3). Cette domination – ou devrait-on dire cette popularité? – donne également une idée du défi technique et financier qu’entraînerait le remplacement de tous les chauffages à mazout. D’autant plus que, dans certaines régions, il n’y a pas d’autres alternatives réelles ou économiquement viables.

Que les autorités fédérales et cantonales regardent enfin la réalité en face et évitent des déclarations irréalistes comme quoi nous pourrions renoncer au chauffage à mazout dans quelques années.

Roland Bilang,

directeur de l’Union pétrolière

Les plus consultés