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Qui sont les 200 meilleurs jeunes pros?
L’invitée du mois
Dans le cadre de cette étude, financée par l’institut de recherche Swiss Education, environ 200 femmes et hommes, qui étaient arrivés à l’une des trois premières places lors des championnats des métiers, ont été interrogés. Cette étude consacrée aux 200 meilleurs jeunes professionnels est le premier projet de recherche en Suisse à analyser les raisons pour lesquelles ces professionnels sont arrivés en tête. Les participants (âgés de 19 à 26 ans) ont répondu à un questionnaire en ligne qui révèle les raisons de leurs excellentes prestations, le rôle joué par leur entourage et les conséquences de ce succès sur leur carrière professionnelle. L’enquête met fin à au moins deux préjugés: premièrement, les médaillés n’étaient pas tous d’excellents élèves quand ils allaient à l’école et ne sont pas tous titulaires d’un diplôme de haute qualification. Deuxièmement, ce ne sont pas non plus toujours ceux qui ont «de l’or au bout des doigts» qui sont arrivés aux premières places des championnats: 64% des 200 meilleurs sont issus de familles de statut social inférieur, 22% de la classe sociale moyenne, mais 15% aussi de familles dont les parents ont fréquenté l’université. 40% des personnes interrogées ont un diplôme moyen, 20% un diplôme plutôt modeste. De plus, dans le secondaire, ils n’étaient vraiment pas tous les meilleurs de la classe. Un tiers des sondés juge que ses résultats scolaires étaient médiocres ou même mauvais.
Ceci prouve bien que de jeunes gens n’ayant pas toujours réussi à l’école peuvent réussir à faire partie des 200 meilleurs de la formation professionnelle suisse. Pour beaucoup d’entre eux, la formation professionnelle a même représenté leur seconde chance qui a entraîné une explosion de leurs performances. Ces résultats remettent en question les plaintes de nombreuses entreprises qui prétendent ne pas trouver de «bons apprentis». Ceux qui estiment que les 200 meilleurs sont tout simplement des veinards qui ont réussi sans faire d’effort se trompent bien.
L’équipe de recherche montre que le chemin vers le sommet a été particulièrement long et jonché de privations. Pendant la préparation, les candidats ont dû négliger bien des choses. Plus de 85% des personnes interrogées se sont préparées pendant le week-end. Renoncer à leur temps libre a été pour 76% le plus éprouvant. Ceci concerne certainement particulièrement les 31% qui ont pu se préparer aux championnats professionnels à côté de leur travail. Environ 43% ont profité des vacances ou de congés non rémunérés pour la préparation qui a duré entre un et six mois. Il n’est donc pas surprenant qu’un quart (24%) attire l’attention sur la perte de revenus dont il a souffert pendant la préparation. Les contacts sociaux ont également pâti de la préparation: 50% ont dû négliger leurs amis, 25% leur famille et 21% leur partenaire. Les participants doivent présenter des traits de personnalité bien précis pour arriver en tête. Ceux-ci sont par exemple: être ambitieux et indépendant, savoir travailler de façon précise, faire preuve d’endurance et de discipline, mais disposer également de compétences personnelles nombreuses. Ce dernier point a représenté la difficulté majeure pour la majorité des participants à l’étude (52%): gérer le temps pendant la préparation, gérer la pression et le stress ou garder confiance en soi et persister.
Nombreux sont ceux qui dĂ©crivent en dĂ©tail ces difficultĂ©s: un dĂ©fi particulier a Ă©tĂ© de devoir travailler sous la pression de la rĂ©ussite et sous surveillance constante (Ă©galement de l’entreprise, des collègues et des mĂ©dias). Pour la première fois de leur vie ils ont dĂ» supporter l’incertitude et aussi surmonter leur propre courage («Puis-je vraiment affronter les autres?»), se battre contre leurs doutes («Suis-je vraiment Ă la hauteur des exigences?») et se motiver constamment («Mais oui, tout ça en vaut la peine!»). Il serait incorrect de mettre les 200 meilleurs dans le mĂŞme sac et de les dĂ©crire comme un groupe homogène. Bien au contraire, ils se diffĂ©rencient de par la raison pour laquelle ils ont participĂ©, mais aussi de par la façon dont ils expliquent leur succès. En se basant sur une analyse de partitionnement de donnĂ©es, les chercheurs ont pu rĂ©partir les mĂ©daillĂ©s en trois types diffĂ©rents: les fĂ©rus d’apprentissage rĂ©sistant au stress (31%), les compĂ©titifs avides de rĂ©ussite (41%) et les consciencieux parfaitement prĂ©parĂ©s et convaincus de leurs prestations (28%). Tandis que les membres du premier groupe ont dĂ©cidĂ© de participer parce qu’ils voulaient faire de nouvelles expĂ©riences et considèrent que leur rĂ©sistance au stress les a conduits Ă la rĂ©ussite, ceux du second groupe voient les choses diffĂ©remment: ils ont partiÂcipĂ© pour avoir du succès et se mesurer Ă leurs concurrents. Selon eux, les gros efforts qu’ils ont fournis les ont conduits Ă la rĂ©ussite. Le troisième groupe est totalement diffĂ©rent des deux autres. Ils ont participĂ© parce qu’ils s’estiment particulièrement douĂ©s professionnellement. C’est leur prĂ©paration parfaite et intensive de plus de 650 heures qui les a conduits Ă la rĂ©ussite. Les rĂ©sultats permettent aux chercheurs de tirer des conclusions importantes: Certes, les traits de personnalitĂ© des 200 meilleurs et leur motivation intrinsèque sont les facteurs les plus importants. Cependant, le facteur de motivation central vient de l’entourage, c’est-Ă -dire des entreprises, du corps enseignant de l’école professionnelle, des experts et des familles. Ce sont les entreprises ainsi que les cours interentreprises, les centres de formation et les Ă©coles professionnelles qui jouent un rĂ´le central dans la prĂ©paration au concours.
Mais l’étude rĂ©vèle un autre rĂ©sultat plus surprenant. Ce sont les Âparents, et surtout la mère, qui reprĂ©sentent le plus grand soutien, que ce soit pour motiver le candidat Ă participer ou pendant la prĂ©paration au concours. Bien que des Ă©tudes prĂ©cĂ©dentes dirigĂ©es par l’équipe de chercheurs aient dĂ©jĂ rĂ©vĂ©lĂ© ce rĂ©sultat, la Âsignification du soutien des parents est vraiment impressionnante lors des championnats professionnels pour les jeunes, et ce mĂŞme après l’adolescence. Selon les 200 meilleurs, la participation aux championnats professionnels reprĂ©sente un vĂ©ritable succès qui a eu Ă©normĂ©ment de consĂ©quences positives sur leur carrière professionnelle. 66% d’entre eux pensent que leur profit est supĂ©rieur Ă ce qu’ils estimaient, pour plus de 30% d’entre eux, leur profit est comme ils l’estimaient. Ils dĂ©crivent leurs avantages de la manière suivante: avoir reçu un feed-back professionnel concernant le propre travail, savoir oĂą ils en sont aujourd’hui, avoir dĂ©veloppĂ© de nouvelles compĂ©tences et avoir constituĂ© un ÂrĂ©seau de contacts.
Le succès a apportĂ© d’autres distinctions Ă 32% des personnes interrogĂ©es et une promotion professionnelle notable Ă 57%. Un peu plus d’un tiers (35%) occupe dĂ©jĂ un poste de direction. En outre, plus de 80% ont commencĂ© de nouvelles formations, certains Ă©tudient dans une haute Ă©cole ou Ă l’universitĂ©. Enfin, leur succès leur a donnĂ© une fonction de modèle pour les jeunes apÂprenants. Et c’est un rĂ´le qu’ils aimeraient garder. Ce bilan particulièrement positif est renforcĂ© par le fait que 96% des personnes 
interrogĂ©es dĂ©clarent qu’elles seraient prĂŞtes 
à participer de nouveau aux championnats 
professionnels.
Les opinions exprimĂ©es dans cette rubrique Ân’engagent que l’auteur.
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