Publié le: 10 mars 2017

Sans l’économie, rien ne se joue

votations — L’entrepreneur Urs Schädler revient sur le rejet de la réforme fiscale, la RIE III, le 12 février dernier. Il déplore le climat d’incertitude actuel. «Ne cédons pas face à la gauche et évitons de mettre à mal les investissements et l’innovation.»

Journal des arts et métiers: Quelle conséquence le non à RIE III a-t-il sur votre entreprise?

n Urs Schädler: Je mentionnerais d’abord la grande incertitude qui en découle. Le Conseil fédéral, le Parlement et l’économie ont travaillé ce projet afin que l’on puisse adapter 
le droit aux exigences internationales et que l’on mette en place des «glissières de sécurité». Il faut bien sûr accepter ce résultat, mais avec un immense point d’interrogation. Que faire maintenant? J’espère que les entrepreneurs gardent tout leur sang-froid et ne délocalisent pas certains de leurs services ou leur production. Ce serait la conséquence la plus 
grave de l’incertitude dans laquelle nous vivons et qui toucherait toutes les PME.

La gauche souhaite imposer 
plus fortement les dividendes de tous les entrepreneurs. Quelle conséquence pour votre entreprise?

n C’est un sale coup pour nous. La charge fiscale grimpe et les profits supplémentaires dégagés par les milieux économiques prennent la direction des collectivités publiques. C’est le contraire de ce qui devrait se passer dans une économie saine, où l’on favorise les investissements et l’innovation.

Pourquoi cette question des dividendes est-elle si importante?

n Les dividendes, c’est le sang qui coule dans nos veines d’entre­preneurs. Mais ce sang nous est ponctionné. Sur les profits réalisés dans l’entreprise, sur les dividendes des actionnaires. La double imposition existe bel et bien. Une augmentation de cette injustice fiscale ruine l’esprit d’entreprise et doit à tout prix être évitée.

«Ne pas s’aplatir devant la gauche et tout abandonner. donner des signes clairs à l’économie.»

Les dividendes d’aujourd’hui sont les investissements de demain. Est-ce aussi valable pour les PME?

n Seul les entreprises saines peuvent distribuer des dividendes et parier sur l’avenir en investissant. En ponc-tionnant les dividendes, on ne ferait qu’empêcher les investissements. Cela reviendrait à une paralysie de l’économie nationale.

A quel type d’incitations à l’innovation et à l’investissement pensez-vous pour les PME?

n La constance et la confiance, ainsi qu’une charge fiscale supportable, voilà qui aiderait les PME à mettre en route des projets d’investisse-ment et à parier sur l’avenir, à se 
sentir «fit». Ce n’est pas avec un 
système d’arrosoirs et de vase-
communicants que l’on peut booster l’innovation.

Que doit faire le monde politique 
à votre avis pour obtenir un plein succès avec cette réforme fiscale?

n A mon avis, commencer par ne pas s’aplatir devant la gauche et tout abandonner. Le résultat du vote était clair, c’est bien noté, mais le pendule de cette réforme fiscale nécessaire ne peut que reprendre la direction dans le sense inverse. Il faut que le monde politique donne des signes clairs à l’économie, car sans elle, rien ne se fait.

(SC et En)

bio express

Urs Schädler

A 53 ans, cet entrepreneur est président de l’Union grisonne des arts et métiers. Propriétaire d’une entreprise de logistique et de transports basée à Coire, Urs Schädler développe son activité dans toute la Suisse et ses filiales essaiment en Suisse alémanique et occidentale.

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