Le Conseil fédéral refuse la discussion
DÉBATS SUR LA SSR — L’usam recommande au National de rejeter le rapport du Conseil fédéral.
PAYSAGE MÉDIATIQUE SUISSE — Un journalisme de qualité en Suisse devient de plus en plus difficile à financer et la raison en est simple. Quant au remède, il passerait par la SSR ou plutôt par une SSR «light», estime Karl Lüönd*.
Financer un journalisme de qualité en Suisse devient toujours plus difficile. Dernière victime, «L’Hebdo»! Et même sur le plus grand marché suisse alémanique et à une époque où la conjoncture publicitaire était meilleure, des titres tels que «Facts» et «Cash» n’ont pas survécu. En réponse, l’initiative populaire «No Billag» veut assurer le financement d’un journalisme de qualité, thème majeur qui concerne également les médias électroniques.
Les luttes s’intensifient
La raison de cette situation difficile s’explique simplement. Le marchĂ© suisse alĂ©manique couvre un bassin de 5 millions d’individus. En comparaison, celui du Land allemand 
RhĂ©nanie-Du-Nord-Westphalie en compte 17,6 millions et Berlin 3,5 millions. Or le problème insidieux des mĂ©dias, c’est que leur investisseÂment de base (coĂ»ts fixes) est proportionnel Ă la taille du marchĂ©, un investissement que payent toutefois les lecteurs et annonceurs par leur quantitĂ© (tirage vendu et diffusion).
Hiver médiatique
Entre-temps, l’hiver a recouvert le paysage médiatique, la subsistance se raréfie et les luttes pour le partage s’intensifient. Le naufrage de Publicitas fut probablement la saignée la plus brutale. Pendant des décennies, le leader de la commercialisation publicitaire avec ses barèmes gravés dans le marbre, était de facto un cartel qui soutenait les petits et moyens journaux: économiquement douteux, certes, mais politiquement souhaité par l’Etat. Or aujourd’hui, les tarifs publicitaires (du moins pour les gros clients et la plupart des titres) se négocient.
Certains Ă©diteurs expient dĂ©sormais leurs pĂ©chĂ©s du passĂ©. En effet, ils ont investi massivement dans les techniques d’impression, les empĂŞchant d’investir suffiÂsamment tĂ´t 
et en consĂ©quence dans les rĂ©seaux et logiciels. Puis, c’est difficilement qu’ils tentent de corriger la structure bĂ©nĂ©ficiaire. En cause notamment le prix des abonnements qui Ă©tait et sont encore trop bon marchĂ©. ActuelleÂment, les Ă©diteurs calculent des scĂ©narios avec des recettes publicitaires ne reprĂ©sentant que 30 ou 20% du chiffre d’affaires voire moins. Rappelons qu’auparavant, cette part atteignait jusqu’à 70%!
Risque de «spirale fatale»
Le risque de tomber dans la dĂ©nommĂ©e spirale fatale est Ă©norme. Le lecteur qui dĂ©pense bientĂ´t 500 francs voire plus pour l’abonnement annuel Ă un quotidien se pose, Ă juste titre, la question de son utilitĂ©. Celle-ci rĂ©siderait dans un contenu rĂ©dactionnel approfondi, des services complets et, surtout, un traitement fidèle des Ă©vĂ©neÂments locaux. Or cette prestation journalistique ne se rationnalise guère. «Economiser» dans les mĂ©dias signifie fatalement sacrifier des emplois.
Mais pas pour tous! Alors que certaines rédactions économisent des bouts de chandelle, certaines entreprises, les autorités et quelques institutions ont puissamment renforcé leur image en termes de relations publiques. L’écart entre la communication de certains groupes puissants et les capacités des rédactions à pouvoir la traiter de manière objective s’élargit de plus en plus. Résultat? Une migration des forces journalistiques vers la partie adverse ainsi que la possibilité toujours plus fréquente d’acheter le contenu éditorial.
La même dérive frappe les chaînes de télévision privées. Financièrement, la plupart d’entre elles sortent à peine la tête de l’eau et doivent courir frénétiquement derrière chaque parrainage. Sur certaines chaînes, les prévisions météo sont présentées par deux ou trois entreprises... Entre-temps, l’information surfe en surface et s’épuise à montrer des images bien intentionnées de faits divers.
La SSR m’a toujours laissé sceptique. Depuis que l’habile Leo Schürmann, directeur de la SSR dans les années 80, a échoué à l’élection au Conseil fédéral, il a passé sa frustration en lançant une campagne d’expansion débridée des chaînes, faisant de la SSR un outil de pouvoir aux attributs totalitaires.
«LEO SCHUERMANN A FAIT DE LA SSR UN OUTIL DE POUVOIR AUX ATTRIBUTS TOTALITAIRES.»
D’accord, mais qu’apporterait vraiment un downsizing de la SSR? Qui voudrait ou pourrait assurer la production quotidienne de feuilletons du genre «Gothard», «Blackout» ou «Le Croque-mort»? L’idée d’une SSR «light» est encore à peine imaginable. A mes yeux, il faut un «système dual» (radiodiffuseur public sans publicité et radiodiffuseurs privés sans redevances) ainsi qu’un mandat «allégé» pour la SSR: la télévision doit se concentrer sur l’information, le documentaire, la culture et le sport et réduire la production de séries nulles, d’émissions de pur divertissement et doit revoir à la baisse ses ambitions sur Internet.
Monopole publicitaire
inacceptable
Enfin, Admeira – nouvelle société de commercialisation publicitaire commune à la SSR, Ringier et Swisscom – doit être ouverte à tous les éditeurs intéressés. Un monopole de la publicité protégé par des groupes publics tels que Swisscom et la SSR est inacceptable.
*Karl Lüönd, publiciste et critique des médias
N.D.T: Ce texte a Ă©tĂ© publiĂ© dans la 
«NZZ am Sonntag» et dans la «SchweizeÂrische Gewerbe Zeitung».
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