Publié le: 12 août 2016

Trou monstrueux dans la caisse fédérale

avsplus – Casimir Platzer, président de GastroSuisse, prend position contre l’initiative «AVSplus». Hausser les rentes dans le contexte actuel serait prendre un mauvais chemin qui péjorerait davantage la situation de la branche de l’hôtellerie-restauration.


Journal des arts et métiers: Quelle est actuellement la situation des PME dans l’hôtellerie-restauration par rapport aux charges sociales?

 

n  Casimir Platzer: Les coûts salariaux en hôtellerie-restauration ont presque dépassé la barre des 50% du chiffre d’affaires. Aussi est-il important pour les établissements de l’hôtellerie-restauration que le facteur main d’œuvre ne devienne pas encore plus onéreux du fait des augmentations des charges sociales.

«L’hôtellerie ET LA 
restauration paient 
1,875 milliard de francs d’AVS par an!»

Sur 100 francs de chiffres d’affaires, combien de charges sociales et quelle est la part de l’AVS?

n  Sur 100 francs de chiffre d’affaires perçus, il faut dépenser en moyenne 50 francs en frais de personnel. La caisse AVS exige 10,25% sur un salaire de 50 francs sous forme de cotisations. Une contribution d’environ 2% aux frais d’administration est également exigible. 12 fr. 25 en tout sont versés à l’AVS. A cela s’ajoute 3 fr. 20 pour l’assurance chômage. L’assurance accident, la caisse de pension et les allocations familiales pèsent encore à hauteur de 9%.

 

Quelle est votre position sur la réforme de l’AVS, quelle piste faut-il explorer?

n  La pyramide des âges est également inversée: les actifs sont de moins en moins nombreux à verser des cotisations par rapport au nombre croissant de retraités. Aussi est-il urgent de réduire les dépenses. Une augmentation des dépenses telle qu’exigée par l’initiative, c’est s’engager totale­ment dans la mauvaise direction!

Une augmentation des rentes de 10% selon l’initiative «AVSplus» serait-elle possible et à quelles conditions?

n  Pour les auteurs de l’initiative, un contre-financement afférent à l’augmentation de la part employeur n’est pas un tabou. Pour nos établissements, ceci engendre des augmentations de coûts qui ne sont pas disponibles. Enfin, la compétitivité de l’hôtellerie-restauration en serait encore davantage affaiblie. Si l’on regarde la concurrence de l’autre côté de la frontière, les frais de personnel d’un hôtelier-restaurateur allemand représentent 30% du chiffre d’affaires alors que chez nous c’est 50%. Tout renchérissement supplémentaire met en danger les établissements et partant, les emplois.

 

Quelle est votre position sur l’initiative «AVSplus»?

n  L’initiative exacerbe encore davantage les problèmes de l’AVS et s’oriente exactement dans la mauvaise direction. Les coûts engendreraient un trou énorme dans la Caisse fédérale et renchériraient encore davantage le facteur main d’œuvre pour les établissements. Enfin, l’initiative est également asociale, car une augmentation forfaitaire de 10% de toutes les pensions répartirait de manière encore plus inéquitable les rentes de vieillesse.

Combien la branche paie-t-elle d’AVS par année?

n  Les établissements de l’hôtellerie-restauration payent chaque année une masse salariale d’environ 15 milliards de francs suisses. Dont 10,25% sont versés sous forme de cotisations AVS. L’hôtellerie-restauration verse ainsi environ 1,875 milliard d’AVS par an.

Propos recueillis par François Othenin-Girard

 

Yves Cotter, Secrétaire cantonal de GastroValais

«Eviter la moindre augmentation des charges»

Quelle est la situation de la branche en Valais?

n «Les marges des cafetiers-restaurateurs et hôteliers sont de plus en plus restreintes. Il n’y a plus d’argent pour investir et rafraîchir. Comme dans les remontées mécaniques, qui l’ont bien compris, les outils doivent être remis à jour.

Que fait le monde politique?

n  Il commence à vraiment se rendre compte qu’il faut régir. Des solutions sont proposées. Seront-elles suffisantes? Je l’espère, mais j’ai de la peine à rester optimiste. Dans une station du Valais central, une fille voulait reprendre l’établissement de son père. Elle avait besoin de liquidités pour effectuer quelques rafraîchissements et n’aurait pas pu obtenir l’argent nécessaire en prêt, si elle n‘avait pas hérité de l‘hôtel. Voilà un exemple qui me fait dire qu’il reste encore bien du pain sur la planche pour sauver notre tourisme. Venez skier chez nous, mais par contre il vous faudra redescendre en plaine pour dormir, pour autant que vous trouviez un hôtel: cet argument de vente est catastrophique. Au plan national, GastroSuisse a reçu la promesse de la part du président de la Confédération de la mise sur pied d’une table ronde portant sur l’abandon du taux plancher. C’est un grand pas en avant. Au plan cantonal, Monsieur Melly nous a reçus il y a deux ans. Notre problème a retenu toute son attention, mais il n’est pas réglé.

Que pensez-vous de l’idée d’augmenter les rentes AVS de 10% au sens d‘«AVSplus»?

n  Dans le contexte actuel, la moindre augmentation des charges ferait basculer un nombre d’établissement considérable de l’autre côté. Nous avons des hôtels de 3e et de 4e génération qui sont actuellement transformés en appartements. C’est dramatique!

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