Publié le: 3 mars 2023

Prototype à renvoyer au labo

MARCHANDISES – L’Office fédéral des transports (OFT) veut préparer l’avenir du transport des marchandises. Il faut toutefois reconnaître que les options proposées ne sont ni mûres ni efficaces. Raison pour laquelle l’usam demande une révision en profondeur du projet.

Il est indéniable que le transport de marchandises contribue largement à la compétitivité de notre économie. Pour qu’il en soit toujours ainsi, son développement doit être guidé par la modernisation et l’innovation. L’OFT a mis un projet en consultation dans ce but. Deux options sont proposées: dans la variante 1, le transport ferroviaire de marchandises est décisif pour la sécurité de l’approvisionnement et pour la réalisation des objectifs climatiques.

«choisir entre la peste et le choléra.»

C’est pourquoi il doit être modernisé et automatisé. Le transport par wagons complets isolés (TWCI lire l’encadré) ainsi que les chaînes de transport multimodales doivent être encouragés financièrement. La navigation sur le Rhin doit aussi être renforcée. Dans ces deux domaines, il faut passer à des propulsions neutres pour le climat. Des aides financières massives sous forme de subventions sont prévues à cet effet. «L’Astag se prononce en faveur de la variante 1», déclare Thierry Burkart, président central de l’Association suisse des transports routiers. Toutefois, les subventions d’exploitation devraient impérativement être dégressives. «Nous refusons clairement de subventionner le TWCI jusqu’à la fin des temps.»

La variante 2 se base quant à elle sur l’hypothèse selon laquelle le transport ferroviaire de marchandises n’est pas assez performant sur le long terme. Ce sera au transport routier de marchandises de garantir l’avenir de transports climatiquement neutres. La modernisation du rail devrait néanmoins être poursuivie, même si elle n’est pas financée par le TWCI. Le soutien à la navigation sur le Rhin est aussi prévu, tout comme la promotion de moteurs climatiquement neutres. Avec pour corrélat un important besoin en subventions.

Au détriment du marché libre

Les deux options sont truffées de mesures anticoncurrentielles. Il s’agit d’un choix entre la peste et le choléra. Le subventionnement du TWCI, non rentable, ne convainc pas plus que le transfert d’une grande partie du transport ferroviaire sur la route. Plusieurs défauts ruinent le projet. Premièrement, le «transport de marchandises» est uniquement défini comme le transport ferroviaire de marchandises. La route et le fret aérien ne sont pas abordés dans le projet, la navigation n’est qu’effleurée. L’objectif de la multimodalité n’est donc pas atteint. L’inégalité de traitement entre les différents modes de transport crée un terrain propice aux distorsions de concurrence.

Deux idées fausses à supprimer

Deuxièmement, le système de subvention tue le marché libre. De plus, les aides financières prévues, qui ne sont ni concrètes ni transparentes, sont disproportionnées par rapport aux moyens à disposition, avec des finances fédérales déjà perturbées. De plus, les fonds alloués à CFF Cargo renforcent le pouvoir de marché d’un monopole d’État et entravent la capacité à innover.

Enfin, l’ensemble du projet repose sur deux idées fausses: d’abord, il n’existe pas de base légale pour le transfert de la route vers le rail. Ensuite, l’idée selon laquelle le rail est bon et la route mauvaise est dépassée. Elle conduit à négliger les potentiels de développement comme les améliorations des moteurs à combustion ou le projet de Cargo Sous Terrain. Or, le transport de marchandises ne peut progresser que si tous les modes de transport peuvent faire valoir leurs atouts et pas s’ils sont montés les uns contre les autres, comme c’est le cas ici.

«Pour une vision globale du transport ferroviaire de marchandises, il est nécessaire d’avoir une vision globale digne de ce nom martèle Thierry Burkart, qui est aussi conseiller aux États (PLR /AG) et président de ce parti. Le transport routier de marchandises doit impérativement être pris en compte tout en continuant à promouvoir la décarbonisation.»

À remanier très vite

L’usam rejette le projet, quelle que soit la variante actuelle. «Aucune des options ne permet d’atteindre l’objectif, lance Henrique Schneider, directeur adjoint de l’usam. Il faut plutôt une nouvelle solution. L’usam demande que tous les modes de transport, les acteurs du marché et les gestionnaires d’infrastructure soient impliqués, afin d’élaborer d’autres options d’action qui servent réellement à la modernisation et au développement de l’ensemble du transport de marchandises.»

Michèle Lisibach, usam

le concept de twci

Mode d’emploi

Dans le cas du trafic de marchandises par wagons isolés (TWCI), des wagons contenant de petites quantités de marchandises sont réunis en trains complets dans des installations de chargement. À la gare terminale, les wagons sont à nouveau séparés et les marchandises, acheminées vers leur destination finale par le rail ou la route. Le TWCI est proposé exclusivement par CFF Cargo et représente environ 70 % du volume total du trafic ferroviaire de marchandises. Son pendant est le transport par trains complets. Ce dernier convient surtout pour les grandes quantités de transport, car celles-ci sont transportées directement de A à B par trains entiers. ML

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