JAM: Par quoi commencez-vous ces célébrations du dixième anniversaire de votre association, Femmes PME Suisse romande?

Line Pillet: Par trois ateliers sur des thématiques liées à la communication, pour faire suite à des demandes récurrentes de nos membres qui souhaitaient mieux interagir avec leurs parties prenantes internes et externes, clients, fournisseurs, collaborateurs. Et qui se demandent comment tirer le meilleur parti du marketing digital pour leur entreprise. Les 60 à 70 participantes seront réparties en trois groupes. Dans le premier atelier, Agathe Westad, comédienne professionnelle et longtemps directrice commerciale d’une entreprise de technologie aux États-Unis, abordera tout ce qui concerne le fait de bien habiter son corps, de se sentir en confiance avant une prise de parole pour communiquer avec davantage d’aisance et d’impact.

Dans le deuxième atelier, on traitera les questions liées à la présentation d’une image de soi authentique et professionnelle avec Yana Crittin, conseillère en image socioprofessionnelle, directrice du Centre de bien-être Chrysalide à Sion et responsable de notre antenne valaisanne. Le troisième atelier animé par Valentin Oppliger, responsable Marketing et communication chez Proman Group et expert au brevet fédéral de Swiss Marketing, sera consacré au marketing digital et tiendra compte du niveau d’expertise et des attentes des participantes.

Les groupes constitués passeront d’un atelier à l’autre, l’idée étant de créer en une demi-journée un espace de confiance, de permettre aux participantes de mieux se connaître et de recevoir de la part de leur groupe un premier feed-back lors des exercices de mise en pratique. L’accueil se fera dès 12 h 45.

À quoi la soirée sera-t-elle consacrée?

Nous partagerons un cocktail dînatoire et dans la partie officielle, Christiane Charmey, première présidente de l’association, et moi présenterons une courte rétrospective de l’association depuis sa création en 2014. À l’époque, nous avons démarré en mode «start-up» en parallèle au projet de brevet fédéral de spécialiste en gestion de PME avec validation des acquis – avec une première volée de diplômées en 2013.

Pour plusieurs d’entre nous, l’idée était de mettre sur pied une association rendant possible le partage de problématiques communes aux femmes cheffes d’entreprise. Mon parcours académique, mon ancrage économique et mes contacts avec l’usam m’ont permis de contribuer activement à l’élaboration du brevet fédéral dès le début, d’abord dans le cadre de deux projets européens portés par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat du Rhône à Lyon, puis d’appliquer en Suisse une partie des solutions développées.

Ce brevet fédéral aura même au final inspiré nos partenaires européens. Au total, 750 personnes ont déjà obtenu ce titre, dont une quarantaine par validation des acquis. Ce diplôme est aussi prisé par les hommes, qui constituent la moitié des effectifs. Un parcours certifiant qui s’adresse à toutes celles et tous ceux qui s’apprêtent à reprendre une PME, ou à évoluer, au sein de leur entreprise, vers des fonctions directoriales. Nous aurons aussi la chance de voir le spectacle de Karine C, un one-woman-show, bien sûr!

En tant que présidente, quels enjeux avez-vous rencontrés?

Je suis présidente depuis 2019. Lors de la pandémie, nous avons assisté à la disparition de nombreuses entreprises. Le besoin d’échanger est devenu plus important. Nos membres nous demandent des conseils en matière de stratégie et de positionnement dans leur écosystème – nous avons donc mis en place des ateliers répondant à ces besoins. La demande est forte aussi pour renforcer les liens entre les membres. Au cours de cette période, nous avons donc surtout renforcé notre réseau et testé sa résistance. Les sections cantonales ont été développées à des rythmes différents. Femmes PME Suisse romande a également tenu à raffermir ses liens avec les acteurs économiques, associatifs et politiques.

Vous êtes aussi directrice de l’Institut Entrepreneuriat & Management à la HES-SO Valais-Wallis, comment voyez-vous la situation des femmes cheffes de PME aujourd’hui?

Je dirais que la gestion du temps reste l’un des principaux défis des Femmes PME compte tenu de leurs responsabilités multiples. Leur légitimité n’est plus à démontrer et nous pouvons mettre en lumière le rôle que jouent certaines d’entre elles dans des secteurs traditionnellement masculins. Le fait de pouvoir valoriser ces parcours atypiques ouvre le champ des possibles pour les plus jeunes. À titre d’exemple, le 13 novembre, notre conférence annuelle sera consacrée au thème «Les femmes dans l’économie numérique: oser, innover, inspirer» avec des témoignages de femmes leaders dans ces secteurs. On remarque par ailleurs sur le terrain que les femmes entrepreneures et dirigeantes sont particulièrement soucieuses de l’impact environnemental et social de leur activité au-delà des enjeux économiques ou purement techniques. Ce qui contribue indéniablement à faire évoluer les modèles d’affaires traditionnels vers une économie plus inclusive et durable.

De nouveaux projets?

Oui, nous souhaitons restructurer notre réseau afin de pouvoir mieux identifier et valoriser les compétences clés de nos membres. Cela permettrait de déterminer plus facilement, lorsque nous recevons une demande, qui serait la personne adéquate pour une expertise ou un conseil. C’est notre grand projet et nous espérons le mener à bien d’ici à début 2025. Comme nous sommes toutes bénévoles, c’est un défi! Nous travaillons également au développement de notre réseau de sympathisants constitués de personnes, hommes ou femmes, qui soutiennent notre démarche et partagent nos valeurs sans forcément répondre aux critères requis pour devenir membre.

Êtes-vous cheffe d’entreprise?

Oui, à côté de la direction de l’Institut Entrepreneuriat & Management à la HES-SO Valais-Wallis, j’ai gardé une activité d’indépendante. Je suis aussi active comme administratrice indépendante dans quelques conseils d’administration en Suisse romande.

François Othenin-Girard