Publié le: 10 novembre 2017

A l'écoute de la plasturgie romande

RéSEAU – La «cluster manager» s’appelle Eliane Schmid Dionne. Le Swiss Plastics Cluster (SPC) vise à améliorer la compétitivité 
des entreprises romandes de ce secteur. Le plastique a besoin de redorer son image et la recherche bat son plein.

La dernière sortie du Swiss Plastics Cluster s’est déroulée les mardi et mercredi 17 et 18 octobre dernier à la Fakuma (International trade fair for plastics processing) à Friedrichshafen, au bord du lac de Constance. «C’était une vraie course d’école, nous y sommes allés en train, avec une quinzaine de personnes, nous avons pris nos repas ensemble. Sur place, chacun disposait de sa liste de contacts à voir, selon ses intérêts personnels, et nous avons également ­effectué quatre visites chez des membres où nous avons eu la chance d’entendre des présentations en français.»

Un réseau, ça vit. Et pour lui donner ce souffle, Eliane Schmid Dionne est la nouvelle «cluster manager» à la tête du Swiss Plastics Cluster. Elle succède à Verena Huber (JAM, mars 2016). Nommée en janvier à Fribourg, elle a imprimé ses premières marques à la tête de ce groupe d’entreprises, présidé par Christophe Jacot et dont François Aeby est le vice-président – «De nouvelles impulsions pour améliorer la compétitivité du secteur des matières synthétiques». Elle nous reçoit sur le site de Bluefactory (ex-Cardinal) à Fribourg.

Une expérience américaine

Après un cursus d’étude dans les biomatériaux à Lausanne, puis à Montréal, Eliane Schmid Dionne obtient un Master en génie biomédical et se spécialise dans les implants orthopédiques. En 2007, elle rentre en Suisse. Nommée ingénieur de projet à Nidau (Bienne) chez Staar Surgical, une entreprise américaine qui réalise des produits ophtalmiques implantables, elle s’y active comme responsable production et engineering.

Toutefois, la direction décide en 2011 de rapatrier aux Etats-Unis les productions suisse et japonaise. La jeune femme pilote ce transfert, effectuant des séjours Outre-Atlantique afin d’accompagner l’arrivée sur sol américain du savoir-faire développé en Suisse. Avec le recul, une période difficile, durant laquelle elle aura tant appris, sur le monde industriel et sur elle-même.

Le cluster en pleine relance

Par contraste, ses responsabilités actuelles lui procurent une activité très diversifiée. Après une vague de projets qui ont abouti récemment, le réseau connaît les premiers frémissements d’une nouvelle dynamique.

Actuellement, le cluster compte 101 membres. L’enjeu actuel? Améliorer encore le taux de satisfaction des membres. Le montant des cotisations n’avait pas été augmenté depuis dix ans. Elles ont été adaptées à la situation actuelle. Du même coup, les entreprises s’attendent à des prestations de haut niveau.

Le marché romand comprend à la louche 150 entreprises. Sa taille n’est donc pas indéfiniment extensible. «Notre objectif à moyen terme, c’est d’intensifier les relations entre les membres, car nous voulons proposer le maximum à ceux qui font partie du réseau, afin qu’ils puissent être satisfaits des prestations que nous leur offrons.»

L’un des moyens du cluster, c’est d’organiser des rencontres. Comme celle qui s’est déroulée à Ballaigues, dans le Nord-Vaudois, sur le sujet de la santé, de l’environnement et de la sécurité au travail. «Un ingénieur en sécurité a donné des conseils pour les très petites entreprises qui ne disposent pas d’un poste dédié à ces épineuses questions de normes à ­appliquer, précise Eliane Schmid Dionne. Les petites structures peuvent bénéficier des conseils d’un consultant de la Suva et travailler avec des checklists – des outils que les gens ne connaissent pas forcément.»

Dans les tuyaux en cette fin d’année, la conférence du 9 novembre – Plastics Update Conference – est le premier fruit d’une collaboration entre le Swiss Plastics Cluster et le Plastics Innovation Competence Center (PICC). Ce dernier inclut l’Institut de recherches appliquées en plasturgie (iRAP) de la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg (HEIA-FR). Diverses présentations sont prévues consacrées notamment aux modèles numériques et à l’économie circulaire, ainsi que des rencontres avec des experts.

Déjà, le programme de formations est prêt pour 2018. Une importante journée de conférences technologiques est également agendée en mai. A plus long terme, l’idée est de travailler sur le taux de renouvellement des membres. Un sondage est réalisé auprès de ces derniers tous les deux ans. Par rapport à 2015 (24 entreprises sondées), le but est d’obtenir une plus grande participation des entreprises à cette prise de température.

A long terme, le cluster espère devenir aussi financièrement indépendant que possible. Aujourd’hui, il reçoit une aide financière de l’Etat de Fribourg dans le cadre de la Nouvelle politique régionale (NPR 2016-2019). Le cluster dispose d’environ 100 000 francs par année – une aide qui représente grosso modo le 45% du budget total. Parmi les autres sources 
de financement, les cotisations des membres et l’organisation de conférences, d’événements. Pour l’heure, un seul poste est rétribué, celui de la cluster manager.

«Le plastique a ­
besoin de redorer son image.»

Une piste de réflexion a été lancée pour renforcer les effectifs. Il s’agirait de trouver quelqu’un de débrouillard et de motivé, sachant manier les ­outils administratifs de base, mettre à jour le site web, gérer les réseaux sociaux, réaliser un flyer. Les domaines à couvrir sont en effet si vastes qu’il faudrait pouvoir disposer d’un soutien administratif, également pour le suivi des salons, l’animation des réseaux sociaux.

Le monde de la plasturgie actuelle se mobilise pour la recherche de nouveaux polymères. «Un jour, des biomasses permettront de synthétiser des matériaux plastiques d’une nouvelle génération, recyclables, non polluants», explique la cluster manager. Le plastique a besoin de redorer son image. Dès lors, la mise en relation des experts et des entreprises, ­
la formation générale de toute la branche, apparaissent comme des enjeux névralgiques. C’est l’esprit même du réseau, à l’origine celui de la «plasturgie fribourgeoise», un groupe fondé par Jacques Bersier (actuellement directeur adjoint, direction recherche appliquée à la HEIA) et ses pairs en 2005 – le Swiss Plastics Cluster fut quant à lui lancé en 2008 par la Haute école d’ingénierie et d’architecture et cinq entreprises du secteur.

De quoi les membres se réjouissent-ils? «De l’aboutissement positif d’un long projet, lorsque les entreprises parviennent à ficeler le tout et qu’elles s’aperçoivent que le retour sur investissement sera positif, raconte Eliane Schmid Dionne. Un grand avantage pour les membres est indéniablement l’extension de leur réseau de contacts, ainsi que les 
discussions et échanges avec des 
professionnels actifs dans le même domaine qu’eux.»

Et qu’est-ce qui réjouit la cluster manager? «La rencontre des membres, c’est la partie la plus intéressante. Nous sommes à l’écoute de leurs propositions en partageant leur dynamique constructive.» Au fond, de quelles compétences doit-on disposer en matière de savoir-être pour être un bon membre? « Il faut une certaine ouverture d’esprit aux autres, de l’intérêt pour les gens et pas seulement pour la dimension technique, l’envie de participer aux événements, de partager et de donner des feedbacks constructifs, afin que nous puissions tous nous améliorer!»

François Othenin-Girard

Les plus consultés