Publié le: 3 juillet 2020

Admirés dans toute l‘Europe

éLECTRICIENS suisses – La formation des apprentis et l’efficacité helvétique fait recette en Europe où la branche a lancé une campagne de valorisation de métiers névralgiques pour la transition énergétique.

Cela fait 33 ans que Gérard Constantin forme des apprentis électriciens. Il s’engage à fond pour superviser les examens de fin d’apprentissage et s’active également dans toutes les questions de formation professionnelle. Il est bien connu dans son premier cercle professionnel comme en Valais, mais également à Berne. Son nom est souvent cité à l’occasion des concours liés aux métiers – typiquement SwissSkills – «C’est un bosseur qui s’active en coulisse et connait ses dossiers à fond», relève Christine Davatz, responsable de la formation professionnelle pour l’usam à Berne.

«Gérard constantin, C’est un bosseurqui s’active encoulisse et connaÎtses dossiersà fond…»

Ce Valaisan, président de l’Association européenne des entrepreneurs électriciens, nous a contactés récemment pour nous parler d’une campagne qui a été lancée à Bruxelles et dont le but est de valoriser le métier d’électricien sur tout le continent. Récemment, les électriciens européens se sont retrouvés à Montreux pour échanger – c’était avant la crise sanitaire – et ce fut l’occasion de montrer les fantastiques atouts du système dual suisse, de la formation initiale et des formations supérieures Brevet (Bachelor professionnel) et MaÎtrise (Master professionnel).

Délégués estomaqués

«Les participants ont beaucoup admiré les cours interentreprises, ils ont visité le Centre de formation de Tolochenaz. Ils étaient estomaqués. Ils ont posé des questions, ils ont vu comme les jeunes étaient encadrés. De retour chez eux, ces délégués souhaitaient sensibiliser leurs élus à la méthode suisse.»

Il y a quelques années, c’est aussi suite à une visite en Suisse que les gens du Luxembourg ont ensuite obtenu la construction d’un centre de formation professionnel, qui fonctionne depuis deux ans. Selon Gérard Constantin, ces échanges génèrent des prises de conscience: «En tant qu’entrepreneur, nous nous devons d’être à la page avec les nouvelles technologies, afin de donner à la clientèle les meilleurs conseils, explique-t-il au téléphone. C’est tout particulièrement important dans la période de transition énergétique que nous vivons actuellement.»

«Qualifié»: ce que cela recouvre

Il faut aussi dire que l’intelligence énergétique, cela fait un bon moment que c’est un sujet de discussion chez les électriciens. «Il y a 25 ans, nous parlions déjà de domotique, sourit-il. Mais à l’époque, le client n’avait pas forcément les moyens de s’offrir de telles solutions. Puis, les choses ont commencé à bouger dans les administrations où les concepts d’autonomie énergétique, d’énergies vertes, de sortie du mazout ou du nucléaire, plus récemment – ont commencé à avoir le vent en poupe.»

«être à la page avec les technologiesvertes, afin deconseiller nos clients.»

En parallèles, les choses bougent chez les électriciens européens. «Nous estimons que les enjeux liés à la transition énergétique vont permettre de créer 200 000 emplois d’électriciens qualifiés dans toute l’Europe.» Dans cette phrase, c’est le mot «qualifié» qui intéresse le plus Gérard Constantin. Car le Suisse sait bien ce que cela recouvre, de former un apprenti qui puisse intervenir de manière compétente. Et que les différences que ce terme recèle d’un pays à l’autre sont importantes.

«nos apprentisdeviennent enquatre ansdes généralistesperformants.»

«A Genève, 70% des électriciens sont des frontaliers. La différence entre les deux filières est importante. Chez nous, les apprentis formés deviennent en quatre ans des généralistes performants qui peuvent travailler dans tous les domaines, dans un hôpital ou dans un hôtel, dans la construction ou dans la communication, pour donner quelques exemples. En France, en revanche, la formation se limite à un secteur donné. Du coup, les équivalences sont difficiles.»

Le contre-exemple du mois

Si les formations sont différentes, les compétences professionnelles s’en ressentent. Le Valaisan donne l’exemple d’un jeune homme qui, formé dans une école, continuait de se comporter comme si tout se trouvait sur le même lieu. «Lorsqu’il arrivait sur le chantier, il réalisait qu’il avait oublié un des outils et du matériel et qu’il devait reprendre sa voiture pour aller les chercher!»

François Othenin-Girard

La parole à

Gérard Constantin

Il nous présentela campagne des électriciens européens.

«La campagne Skills4Climate (formation pour le climat) a été lancée par «EuropeOn», l’association européenne des entrepreneurs d’électricité. Elle a reçu le soutien de plus de 10 associations européennes engagées dans la transition énergétique et l’électrification, dont certaines sont très influentes à Bruxelles. Notre objectif est d’alerter les pouvoirs publics sur le fait que les métiers de l’électricité, en particulier pour les installateurs d’électricité, sont en train de changer radicalement. Avec la transition énergétique, ce qui est une chance pour créer plus d’emplois, et des emplois plus qualifiés, mais encore faut-il que des programmes suffisants de formation existent. Or ce n’est pas le cas aujourd’hui.»

«A titre d’exemple, nous évaluons que, pour respecter les engagements européens pour 2030 en faveur du climat, il faut installer quotidiennement en Europe: 1000 bornes de recharge de véhicules électriques ; 3000 panneaux solaires; 15 000 pompes à chaleur. C’est un énorme potentiel d’activité et d’emploi, mais aujourd’hui les compétences sont insuffisantes et notre secteur, principalement composé de petites entreprises, doit être soutenu.»

«Nous avons relancé la campagne Skills­4Climate le lundi 18 mai 2020. Pourquoi? Parce que toute l’Europe entre en crise et que de nombreux Etats ainsi que l’Union européenne veulent s’engager dans une «relance verte». Nous voulons dire aux décideurs publics qu’investir dans des compétences vertes générera un cercle vertueux. En effet, plus de travailleurs qualifiés entraÎne une accélération de la transition énergétique et donc un secteur en croissance, avec plus d’emplois, plus de chiffre d’affaires et le respect de nos engagements climatiques.»

Gérard Constantin

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