L’AVS dispose actuellement d’un capital de 48 milliards de francs, dont 10 milliards sont prêtés à l’AI et donc menacés. Jusqu’en 2026, les comptes de l’AVS seront proches de l’équilibre, grâce aux revenus du capital – si ces derniers se concrétisent comme espéré. Ensuite, le tableau s’assombrit: à partir de 2027, il faut en effet s’attendre à des pertes de plusieurs milliards qui augmenteront de manière exponentielle. Dans quinze ans au plus tard, toutes les réserves seront épuisées.

Comme la neige au soleil

À première vue, on pourrait penser qu’il reste encore beaucoup de temps pour les réformes. Mais cette impression est trompeuse. Il fau-dra au moins cinq ans pour qu’une réforme des retraites entre en vigueur en Suisse et produise ses effets. Si la révision de l’AVS (AVS 21), probablement soumise au vote en septembre, échoue, la prochaine réforme ne pourra guère être mise en œuvre avant 2028. Et d’ici là, notre principale assurance sociale se sera déjà profondément enfoncée dans les chiffres rouges. Mettre en péril la réforme actuelle relève donc de la négligence et de l’irresponsabilité.

AVS 21 est le symbole d’un compromis bien suisse. Le niveau actuel des rentes n’est pas touché. Il y a même des améliorations ponctuelles et sensibles des prestations. Deux mesures principales contribuent à l’assainissement urgent et nécessaire de l’AVS: l’augmentation des taux de TVA de 0,4 % et l’uniformisation de l’âge de référence pour les femmes et les hommes à 65 ans.

Cette uniformisation est justifiée et adéquate au vu des mesures de compensation très généreuses et de l’espérance de vie toujours nettement plus élevée des femmes. Le fait est que l’AVS entraîne une forte redistribution des revenus entre les hommes et les femmes, ce qui continuera d’être le cas, bien après la mise en œuvre de cette réforme.

Âge de la retraite: flexibilisation

Le coût principal de l’assainissement est assumé par les consommateurs et les entreprises, qui devront à l’avenir contribuer au financement de l’AVS à hauteur de 1,4 milliard de francs supplémentaires. Le relèvement de l’âge de la retraite des femmes allège le budget de l’AVS d’environ 900 millions de francs nets par an.

Dans le cadre de ce qui est encore financièrement supportable, le Parlement a largement répondu aux demandes de la gauche et des organisations féminines. La réforme de l’AVS prévoit de généreuses mesures de compensation en faveur des femmes. Au total, neuf classes d’âge peuvent bénéficier de taux de réduction des rentes plus bas en cas de retraite anticipée. Les rentes de ces neuf classes d’âge seront relevées en fonction des besoins. AVS 21 est socialement acceptable et tient compte de manière claire des préoccupations des femmes.

Il est également important que l’âge de la retraite soit davantage flexibilisé. Cela répond au besoin de nombreux assurés de pouvoir organiser individuellement leur passage à la retraite. Le fait que les cotisations versées à partir de 65 ans permettent désormais d’améliorer les rentes et de compenser les années de cotisation manquantes sont d’autres aspects positifs de la réforme.

Après des décennies de blocage politique et l’échec de plusieurs tentatives de réforme, la stabilisation de la situation financière de la prévoyance vieillesse est d’une importance capitale. Sans réforme, l’AVS risque de se retrouver dans le rouge et de perdre rapidement son capital actuel. L’usam s’engagera en faveur d’AVS 21.

Kurt Gfeller, usam