Publié le: 6 octobre 2017

Assainir sans s’assommer

prévoyance vieillesse – Le triple NON à PV 2020 ouvre la voie à de vraies réformes. L’Union suisse des arts et métiers usam a des idées claires sur cette question et les propose à la réflexion.

Quelle mouche a-t-elle donc piqué le conseiller fédéral Alain Berset? Dans une posture peu digne d’un homme d’Etat empreint de maturité, il a lancé une avalanche de propagande en faveur de sa Prévoyance vieillesse 2020 et fait sonner les trompettes de la mort. Toutefois, les petites menaces balancées depuis les coulisses n’ont eu qu’un effet grotesque. Celui qui n’acceptait pas son projet aurait selon lui mis en péril l’AVS toute entière, faisant courir le risque que bientôt, plus aucune retraite ne puisse être payée.

Des pertes dès 2021

Tout cela n’a aucun sens. Que notre prévoyance vieillesse doive être assainie, c’est entendu. Toutefois, elle ne se trouve pas à l’agonie. Grâce aux contributions en capital, l’administration fédérale calcule des excédents AVS jusqu’en 2020. Les pertes ne commenceraient qu’en 2021 et resteraient maintenues à un bas niveau durant les deux premiers exercices. La réserve de capital de 45 milliards de francs suisses qui fait la fierté de l’AVS pourrait donc être conservée pendant un certain temps. Mesurés à mi-parcours en 2017, les fonds de pension de droit privé disposaient pour leur part d’un taux de couverture rassurant de 111%. Une fois de plus, on peut calculer avec des rendement confortables pour l’année en cours et tout mouvement de panique serait inadéquat. En revanche, d’importantes pertes pour l’AVS sont à prévoir dès 2023. Si l’administration et les élus disposent de deux ans pour préparer un véritable plan d’assainissement, en tenant également compte d’une année pour les votations et d’un temps pour la mise en route, la phase de récupération de l’AVS pourrait commencer en 2022. Il y a donc suffisamment de temps pour éviter des dommages réels.

Deux sujets distincts

Un nouvel échec n’est pas envisageable. Pour augmenter les chances de la prochaine réforme, l’usam exige que les deux piliers soient séparés et traités dans deux projets distincts. Pour l’AVS, il faudrait introduire un âge uniforme de la retraite à 65 ans ainsi qu’une augmentation modérée des taux de TVA. S’agissant du deuxième pilier, une diminution du taux de conversion minimum à 6,0% est inévitable. Les diminutions de rentes qui en résulteraient devraient être compensées par des taux de cotisation plus élevés pour tous et des mesures en faveur des générations de transition. En revanche, une réduction de la déduction de la coordination doit être clairement rejetée, car les personnes situées dans les zones à faible salaire seraient exposées de façon disproportionnée.

Flexibilisation: plus tard!

La Suisse connaît déjà un âge de la retraite assez souple. Les ajustements sont tout sauf urgents. L’usam exige donc qu’une nouvelle flexibilisation ne soit appliquée que dans un troisième paquet de réformes, adopté ultérieurement, et mis en œuvre avec une augmentation graduelle générale de l’âge de la retraite.

C’est lors de cette troisième réforme qu’il faudra également instaurer un frein à l’endettement de l’AVS: un tel mécanisme d’intervention permettrait de protéger de manière efficace le régime de l’AVS contre le surendettement.

Kurt Gfeller, 
vice-directeur de l’usam

analyse: page 4

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