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Au-delà d’Uber
Mobilité — La petite entreprise vaudoise Driven repense le géant californien 
dans l’esprit de l’économie de partage. Le chauffeur est replacé au centre de la prestation.
Olivier Fouvy est le patron d’une société de voitures de location et Mohab Kamel un ex-trader dans le pétrole. Tous deux ont co-fondé Driven, une PME vaudoise innovante.
Journal des arts et métiers: 
La première question, c’est évidemment celle du prix des courses par rapport à Uber…
Olivier Fouvy: Driven est obligé de s’aligner sinon nous n’arriverions pas à avoir des clients.
Mohab Kamel: Même si le prix minimal d’une course est fixé à 10 francs contre 6 chez notre concurrent, dans l’absolu, on est moins cher qu’Uber, car Driven ne pratique pas de majoration tarifaire ce qui, parfois, renchérit sensiblement le prix d’une course!
Pourtant, vous prétendez qu’un chauffeur Driven est mieux rétribué qu’un chauffeur Uber!
O. F.: Dix pourcent de plus puisque Uber ponctionne une commission de 25% contre 15% chez Driven.
Dans son concept, Driven met le chauffeur au centre. Explications!
M. K.: Le chauffeur est au centre de l’équation parce qu’on le considère davantage, qu’on lui prend moins d’argent et qu’on s’est assuré de ses qualifications.
O. F.: Mettre le chauffeur au centre change complètement la philosophie. Uber applique un contrôle total sur ses clients et sur ses chauffeurs en leur attribuant des courses. Driven a pris le contrepied de cette pratique en mettant en avant le chauffeur via la fonctionnalité supplémentaire – véritable ADN de Driven – de «chauffeurs favoris».
Par son appli, Uber s’attribue un contrôle total sur ses clients et ses chauffeurs… Pas vous?
O. F.: Uber prĂ©tend travailler avec des chauffeurs indĂ©pendants. En rĂ©aÂlitĂ©, ils ne sont pas indĂ©pendants puisqu’ils dĂ©pendent des courses attribuĂ©es par l’application Uber. Chez Driven, ils sont indĂ©pendants dans le sens oĂą ils fidĂ©lisent leur clientèle, disons mĂŞme qu’ils sont proactifs en se constituant une clientèle qui aura apprĂ©ciĂ© la qualitĂ© de leur service. Car un client satisfait par un chauffeur voudra renouveler l’expĂ©rience et le mettra dans ses favoris. C’est ça qui nous diffĂ©rencie d’Uber. Driven sous-traite seulement la gestion et le paiement de la course.
M. K.: Une explication est nĂ©cessaire sur ce que reprĂ©sente l’application, pas seulement d’Uber, mais de tous les acteurs du secteur (Lyft aux États-Unis, Grab en Asie, etc.): l’appli est reine et gère tout. Quand le chauffeur attend un client, celui-ci est sĂ©lectionnĂ© par l’appli sans 
aucune possibilitĂ© d’influencer le choix. Pareil pour le client qui sĂ©lectionne un trajet, c’est l’appli qui sĂ©lectionne le chauffeur. Cette loterie, tant pour le chauffeur que pour le client, induit Ă un manque d’attacheÂment entre les deux. Comme le chauffeur n’a aucun contrĂ´le sur qui il va transporter, pourquoi offrir un service plus attentionnĂ© si la probabilitĂ© de le revoir est quasiÂment nulle.
La clientèle a-t-elle vraiment une attente en termes de relation humaine, ne cherche-t-elle pas simplement d’aller du point A au point B le plus vite possible et au meilleur prix?
O. F.: J’ai basé ce business sur mon expérience personnelle, car j’ai beaucoup roulé pour Uber, plus de 4000 courses à mon actif avec l’un des meilleurs ratings d’Uber (4,94). Je peux vous assurer que 90% des clients recherchent un bon relationnel, un chauffeur professionnel 
sachant se mettre à leur niveau.
Driven a démarré à Genève, vient de débarquer à Lausanne. Quelle est votre taille et quels sont vos objectifs?
O. F.: Ă€ ce jour, nous comptons quelque 150 chauffeurs et plus de 1700 clients. Notez que de plus en plus de chauffeurs Uber roulent Ă©galeÂment pour Driven! Notre objectif est la Suisse entière, nous avons dĂ©jĂ des contacts Ă Bâle.
Interview: Jean-Luc Adam
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