Publié le: 10 décembre 2021

«Bien négocier les contrats d’achat»

logistique – Entre le tiers et la moitié des PME éprouvent des diffultés à gérer leur approvisionnement, les hausses de prix, les retards. Le point avec Carole Nachbauer, responsable de la clientèle petites et moyennes entreprises CS à Genève.

Les ruptures dans les chaînes d’approvisionnement préoccupent les PME de nombreux secteurs? Quelle est votre analyse de la situation pour la Suisse romande?

Carole Nachbauer: Je constate effectivement que les PME genevoises, tout comme celles des autres régions en Suisse, sont confrontées à des goulets d’étranglement. Dans un récent sondage qui a été réalisé auprès d’entreprises genevoises, près d’une sur trois en moyenne a déclaré rencontrer des difficultés. Elles étaient même plus d’une sur deux à se trouver dans cette situation dans l’industrie.

C’est un constat qui correspond à ce que j’entends auprès de mes clients actifs dans l’industrie, la construction, le commerce de gros et de détail. Cela a évidemment des conséquences concrètes pour ces entreprises et cela se traduit par des retards de livraison, des hausses du prix d’achat, des réductions des marges et hausses des coûts de transport. Dans ce contexte, elles n’ont souvent pas d’autre choix que de répercuter la hausse des prix d’achat sur leur prix de vente ainsi que de diversifier leurs fournisseurs. Elles ont aussi constitué des stocks et renégocié des contrats. Elles ont enfin encore malheureusement peu de visibilité quant à l’avenir, et à l’heure où la pandémie regagne du terrain, il leur est difficile de prédire un retour à la normale. Ce qui constitue un défi supplémentaire.

Quels secteurs sont-ils les plus frappés actuellement?

Les échos que j’ai du marché se regroupent dans les secteurs mentionnés avec un poids particulier pour tout ce qui concerne l’industrie électrique et celle de la transformation des métaux et du bois.

Je relève également à ce propos la progression de «l’e-commerce» qui impacte la demande pour les emballages en carton et alimente de fait les tensions sur la filière du bois, de la construction aux fabricants de pâte à papier en passant par les fabricants de mobilier.

Autre point à relever: la pénurie de puces électroniques pénalise les constructeurs automobiles, respectivement les vendeurs de voitures neuves.

Que peuvent faire les PME? existe-t-il un moyen de se couvrir?

S’agissant de goulets d’étranglement liés au délai d’approvisionnement, ils sont temporaires et devraient finir par se résorber lorsque les choses redeviendront normales.

En revanche, dès que ces goulets sont combinés avec des nœuds de nature technique ou liés aux processus de production, c’est une autre histoire et les perspectives sont plus pénibles! Cela peut provoquer des ralentissements, voire interrompre les opérations, ce qui impacterait très négativement la productivité des entreprises.

Combien de temps pensez-vous que cette situation puisse durer?

C’est évidemment la grande question à laquelle je n’ai malheureusement pas de réponse! Globalement les signes de reprise se sont fait sentir depuis la fin de l’été et le moral des entrepreneurs est également plus serein. Ces derniers restent néanmoins sensibles à ce qui pourrait se passer sur le front sanitaire.

Quels conseils donneriez-vous aux PME qui sont tributaires des coûts liés aux transports et notamment aux prix de location des containers qui sont hypervolatiles?

Premièrement, de bien négocier le contrat d’achat et d’essayer – c’est malheureusement souvent un vœu pieux – de faire supporter par le vendeur de la marchandise tous les risques liés au transport jusqu’au lieu de destination, y compris les retards de livraison.

Deuxièmement, et d’une manière plus globale, de déployer une activité commerciale à l’étranger ou se fournir auprès de sociétés étrangères expose l’entreprise au risque de variations des taux de change. Les fluctuations de cours pouvant réduire significativement la marge d’exploitation des exportateurs ou des importateurs, il faut impérativement se prémunir contre ce risque en utilisant des instruments de couverture de risque de change appropriée. Et ce, en demandant conseil à sa banque.

François Othenin-Girard

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