Publié le: 6 avril 2018

Bonus AVS: une absurdité

prévoyance – Dans la discussion sur l’égalité des rémunérations, les femmes politiques du camp bourgeois veulent désormais elles aussi améliorer la situation des femmes dans l’AVS.

L’augmentation de l’âge de la retraite des femmes est inévitable. Les finances de l’AVS doivent être rapidement restructurées. Le Conseil fédéral a également annoncé récemment que, parmi d’autres mesures d’épargne et de financement, l’âge uniforme de la retraite à 65 ans doit faire partie intégrante de la prochaine réforme de l’AVS. Les sondages d’opinion montrent qu’une majorité claire des électeurs seront d’accord avec une telle décision. L’AVS dépend de toute urgence de l’économie d’environ 1,2 milliard de francs qui en 
résulte. Et il n’y a plus de raisons 
factuelles de s’opposer à un ajustement de l’âge de la retraite.

Or la gauche continue de s’efforcer de faire en sorte que son consentement à l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes soit acheté avec autant de mesures compensatoires que possible. Cette attitude est compréhensible. Ce qui est irritant, cependant, c’est que les politiciens bourgeois commencent aussi à tourner leur veste. En suggérant que les revenus des femmes, qui sont déci­sifs pour le calcul des pensions, doivent être réévalués afin de les aider à rece­voir unilatéralement des pensions plus élevées. C’est totalement absurde!

Les raisons de s’y opposer

Les considérations suivent vont clairement à l’encontre d’une prime AVS pour les femmes:

n La proposition est inconstitutionnelle: l’exigence de l’égalité des droits dans notre Constitution serait violée de manière flagrante si le sexe était le seul critère décisif pour compléter artificiellement les rentes AVS. Il y a aussi beaucoup d’hommes à faible revenu. Notre Constitution ne lui permettrait pas de partir les mains vides.

n La redistribution en faveur des femmes serait mise à rude épreuve: L’AVS est extrêmement conviviale pour les femmes. Les femmes représentent aujourd’hui 33% du financement de l’AVS, mais reçoivent 57% des prestations. Une certaine redistribution entre les sexes est bonne, mais ne doit pas être poussée vers le haut.

n Les électeurs ne veulent pas de sucre: Avec une surtaxe AVS de 70 francs, le parti de gauche souhaitait rendre la prévoyance vieillesse majoritaire en 2020. Finalement, cette petite traction de l’original lui a brisé le cou. Il faut en tirer les leçons qui s’imposent. Afin de maintenir les besoins de financement supplémentaire à un faible niveau, toute compensation devrait être supprimée.

n Pas de marge de manœuvre financière pour l’extension des prestations: l’AVS sera bientôt confrontée à des déficits de plusieurs milliards. Les économies de 1,2 milliard de francs résultant de l’augmentation 
de l’âge de la retraite des femmes doivent être utilisées sans restriction pour la restructuration de l’AVS. 
Sinon, ce sera beaucoup trop cher. La volonté de ceux qui ont le droit de vote, qui ont déjà qualifié de trop élevée une augmentation de la TVA de 0,6%, doit être respectée.

n L’espérance de vie favorise les femmes: Les femmes ont presque trois ans de plus que les hommes et bénéficient donc d’une pension plus longtemps. Vous disposez déjà d’un bonus AVS. Un autre avantage serait inapproprié.

Fini les cadeaux!

L’AVS a débuté en 1948 avec un âge de la retraite uniforme de 65 ans. Par la suite, des excédents de revenus massifs ont permis aux femmes de recevoir des cadeaux sous la forme de réductions de l’âge de la retraite. Les temps ont changé à bien des égards. Les finances sinistrées de l’AVS ne permettent pas d’autres dons. Il convient donc d’introduire rapidement l’âge uniforme de départ à la retraite de 65 ans. Et ceci sans aucune compensation.

Kurt Gfeller, usam

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