Publié le: 9 août 2019

C’est d’âme qu’il faut changer, non de climat (Sénèque)

La question climatique constitue l’un des enjeux de la campagne en vue des élections fédérales du 20 octobre prochain. Les esprits s’échauffent, voient dans tout événement météorologique particulier le signe que l’homme est en train de bouleverser la course des planètes et réclament des mesures drastiques. On peut débattre des conséquences réelles des activités humaines sur le climat, toujours est-il que nous devons veiller à réduire notre empreinte, les générations futures n’ayant pas à payer notre éventuelle négligence. Bien évidemment, sur cette question, les Verts, avec en remorque le Parti socialiste, jouent à domicile. Tout comme la guerre est une chose trop grave pour la laisser aux militaires, l’environnement est un domaine trop important pour le confier aux écologistes. Leur méthode est simple, qui demande de taxer lourdement tout ce qu’ils n’ont pas pu interdire. On sent bien là la marque des écolos des villes, ceux qui ont accès à toutes les commodités sur le pas de la porte.

Dans la vraie vie, les choses ne sont pas aussi simples. Vouloir taxer les huiles minérales, c’est provoquer une hausse massive du coût de la vie pour celles et ceux qui ont besoin d’un véhicule. Dans le domaine de la construction, on ne peut guère compter sur les transports publics pour être livré sur le chantier. C’est ainsi toute la chaîne qui coûtera plus cher, depuis le bâtiment jusqu’aux locataires dont le loyer sera adapté aux coûts de construction ou de rénovation. Ce sont surtout les revenus modestes qui feront les frais de cette politique confiscatoire, ces revenus modestes que la gauche se prévaut de défendre. Les coûts de production, déjà élevés dans notre pays, grimperont et rendront nos exportations plus onéreuses donc moins attractives. Nous serions présomptueux de penser que la qualité, la fiabilité de nos produits suffiront toujours malgré un prix de plus en plus élevé. Autre point de divergence avec les Verts, l’agriculture pour laquelle ils ont de grandes ambitions. Il s’agit de supprimer tout produit phytosanitaire afin de revenir à un mode de production respectueux de l’environnement. Paradoxalement, en réduisant la production locale livrée aux insectes et aux maladies, la gauche nous contraint à importer des denrées venues de loin, produites selon des standards souvent inférieurs aux nôtres, au bilan écologique catastrophique.

Je milite pour une autre écologie, basée sur l’excellence, la recherche et l’innovation. La matière grise constitue notre seule matière première, nous devons donc en faire le meilleur usage. Grâce à nos chercheurs, la Suisse est devenue une référence mondiale en matière photovoltaïque. Brevets après brevets, les scientifiques helvétiques améliorent l’efficacité des panneaux solaires tout en diminuant les coûts de production. «Sol lucet omnibus», «le soleil luit pour chacun», disait le satiriste romain Pétrone. Il avait raison, le soleil n’est ni de droite, ni de gauche, il propose son énergie à toute personnes désirant en faire usage, ce qui pourrait largement assurer les besoins mondiaux. C’est là que se trouvent l’avenir de notre planète et le nôtre. Le soleil nous propose une écologie qui permet à l’être humain de trouver sa place dans un environnement harmonieux, tenant compte des réalités actuelles. Si nous voulons apporter des solutions viables et pérennes s’agissant de la production d’énergie, il faut tenir compte de l’économie. On ne résout pas tout avec des taxes, bien au contraire. L’écologie ne doit pas punir mais inciter. La bonne volonté ne suffira pas, la contrainte non plus. Il faut que chacun y trouve son compte lorsqu’il est question de passer à une production d’énergie neutre pour l’environne­ment. L’intérêt est là mais hélas, nos prescriptions, lois et règlements compliquent singulièrement les choses. Si nous voulons promouvoir l’énergie solaire, il convient de supprimer les encoubles administratives inutiles qui retardent et augmentent les coûts supportés par le citoyen soucieux de l’environnement.

En parallèle, nous devons tenir compte du fait que notre pays vient de vivre une augmentation démographique dépassant le million d’individus. Cette évolution nécessite une adaptation de nos infrastructures. Les transports en commun sont désormais bondés, notre réseau routier est fréquemment surchargé, provoquant d’innombrables bouchons. A cet égard, la législature qui se termine a vu la création des fonds nécessaires à résoudre les problèmes les plus urgents, ce qui est encourageant mais demande encore bien des efforts.

Le 20 octobre prochain, il y aura lieu de choisir entre l’écologisme punitif et l’écologie incitative. L’homme n’est pas sorti de l’âge de pierre par manque de pierres mais parce qu’il avait trouvé une technologie plus efficace. Ce type d’évolution vaut encore aujourd’hui. Si nous voulons réduire notre impact environnemental, c’est par l’innovation qu’il faut le faire et non par le bâton.

*Conseillère nationale (UDC/GE)

Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que l’auteur.

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