Publié le: 4 mars 2016

Construire des majorités

prĂ©sidences des partis – Gerhard Pfister (PDC), Petra Gössi (PLR) et Albert Rösti (UDC) sont ‹à la manƓuvre: contre la surrĂ©glementation, ils se battent pour un marchĂ© du travail libĂ©ral.

Journal des arts et mĂ©tiers: Quel est le statut de l’économie des PME dans votre lecture du paysage politique?

n Gerhard Pfister: TrĂšs Ă©levĂ©e. Dans tous les cas, je n’appartiens pas Ă  ceux qui souhaitent jouer le sort des PME contre celui d’autres branches. Il n’y a pas d’un cĂŽtĂ© la bonne Ă©conomie des PME et la mauvaise Ă©conomie internationale. Ces deux composantes sont essentielles Ă  la rĂ©ussite de la Suisse.

n Petra Gössi: J’accorde pour ma part Ă©galement un statut trĂšs Ă©levĂ© aux PME. Elles forment le socle de notre bien-ĂȘtre et de notre croissance Ă©conomique. Elles ont besoin de conditions-cadres claire et fiables pour assurer des emplois. Pour cela, je me bats au premier rang.

n Albert Rösti: Les deux tiers des places de travail disponibles en Suisse le sont dans des PME dans lesquelles s’activent moins de 250 employĂ©s. GrĂące Ă  leur orientation sur les performances, un travail de haute qualitĂ© et une grande maĂźtrise des risques, ces entreprises constituent le pilier de notre Ă©conomie.

Les reprĂ©sentantes et les reprĂ©sentants de l’UDC s’engagent pour des conditions-cadres favorables aux arts et mĂ©tiers. Comme le montre le sondage PME rĂ©alisĂ© Ă  partir de 151 votes au Parlement portants sur 115 sujets liĂ©s aux PME, 48 membres de l’UDC se trouvent dans les 50 premiĂšres places.

 

Pour un marchĂ© du travail – contre une police des salaires

Comment vous engagez-vous concrĂštement pour les PME suisses?

n Petra Gössi: En soutenant une baisse de la rĂ©glementation, en favorisant les libertĂ©s dans le droit Ă©conomique et en votant pour un marchĂ© du travail libĂ©ral et flexible au sein duquel les partenaires sociaux ont leur place. Nous ne devons pas abandonner les valeurs qui ont jusqu’ici contribuĂ© Ă  notre succĂšs.

n Albert Rösti: Voici quelques exemple: l’UDC exige la poursuite d’une plus grande simplification et plus d’exception s’agissant de l’enregistrement du temps de travail. Nous combattons aussi la police des salaires prĂ©conisĂ©e par le Conseil fĂ©dĂ©ral depuis novembre 2015. Une loi contraindrait les entreprises employant plus de 50 personnes Ă  procĂ©der Ă  une analyse rĂ©guliĂšre de leur politique salariale pour lutter contre la discrimination salariale entre les sexes. Ce travail ferait l’objet d’une surveillance par un organe extĂ©rieur. Nous rejetons cela. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, l’UDC exige que les PME de moins de 50 collaborateurs soient exemptĂ©es de toutes ces tĂąches statistiques. Et que ces travaux soient rĂ©duits au minimum pour les plus grandes structures.

n Gerhard Pfister: Je m’engage pour que l’économie, qu’il s’agisse des PME ou des entreprises internationales, bĂ©nĂ©ficient des meilleures conditions-cadres possibles. Ce qui veut dire: moins de rĂ©glementation, la plus grande libertĂ© possible et la responsabilitĂ© personnelle.

 

Que doit faire la classe politique pour que la Suisse conserve sa capacitĂ© concurrentielle Ă  l’international?

n Albert Rösti: Disposer d’un marchĂ© du travail relativement libĂ©ral me semble prĂ©pondĂ©rant. Se battre pour cela en vaut la peine. Vu le contexte international, la mise en Ɠuvre de la rĂ©forme de l’imposition des entreprises RIE III sans contrepartie financiĂšre me semble central pour la place Ă©conomique suisse. L’UDC s’engage pour que le traitement de cette proposition dĂ©bouche sur un ensemble de mesures afin que les conditions-cadres soient meilleures pour toutes les entreprises, par comparaison Ă  la situation actuelle.

n Gerhard Pfister: La politique doit s’engager pour que la place Ă©conomique suisse conserve son attractivitĂ©. Cela signifie des marchĂ©s ouverts, moins de rĂ©glementation, Ă©gale­ment du cĂŽtĂ© des ressources humaines, une charge fiscale moins Ă©levĂ©e, aucune rĂ©glementation Ă  laquelle les concurrents ne sont pas soumis. Les Etats-Unis nous imposent de plus en plus de rĂ©glementations qu’ils n’hĂ©sitent pas eux-mĂȘmes Ă  contourner.

n Petra Gössi: Nous devons faire en sorte de mettre Ă  disposition du temps et des moyens pour les investissements. La classe politique doit s’efforcer de mettre en place des conditions-cadres afin que les entreprises disposent de la marge de manƓuvre nĂ©cessaire.

 

Meilleure collaboration souhaitée dans le camp bourgeois

Cette marge de manƓuvre pour diminuer les impĂŽts, les taxes et les prĂ©lĂšvements, oĂč la voyez-vous?

n Gerhard Pfister: Partout. Gagner des majoritĂ©s au Parlement sera l’élĂ©ment dĂ©cisif. Pour cela, les partis bourgeois doivent mieux collaborer.

n Petra Gössi: A propos des impĂŽts, taxes et prĂ©lĂšvements, il existe des marges de manƓuvre dans presque tous les domaines. Si l’Etat accepte de se retenir sur les dĂ©penses.

Actuellement, notre problĂšme ne se situe pas du cĂŽtĂ© des recettes, mais des dĂ©penses. Je souhaite vivement qu’une entrĂ©e en matiĂšre sur la TVA nous permette d’aller dans ce sens.

n Albert Rösti: Les impĂŽts et les prĂ©lĂšvements montent en particulier parce que la responsabilitĂ© personnelle et la libertĂ© sont remplacĂ©es par des mesures et des interventions Ă©tatiques. L’occasion pour le nouveau Parlement d’utiliser la majoritĂ© dont il dispose avec des reprĂ©sentants du PDC, du PLR et de l’UDC. L’UDC travaille sur un plan sĂ©rieux de renonciation Ă  des tĂąches, car seul un remĂšde de cheval appliquĂ© Ă  l’Etat peut conduire Ă  faire reculer ces coĂ»ts de maniĂšre durable et donc Ă  permettre une rĂ©duction, pour tous, des impĂŽts et des prĂ©lĂšvements.

 

Pas plus de réglementation

Comment pouvez-vous vous assurer que de nouvelles rĂ©glementations ne viendront pas pĂ©jorer la situation des PME Ă  l’avenir?

n Petra Gössi: Chaque rĂ©glementation doit remplir sa fonction et ne doit pas aller trop loin. Les obstacles bureaucratiques doivent ĂȘtre Ă©cartĂ©s du chemin et nos entreprises allĂ©gĂ©es des surcharges administratives. Le PLR exige lui aussi via sa motion de groupe «RĂ©duction de la bureaucratie. Faire analyser les coĂ»ts de la rĂ©glementation par un organe indĂ©pendant». Ceci, afin d’éviter les conflits d’intĂ©rĂȘts et de permettre au lĂ©gislateur de fonder ses dĂ©cisions sur des informations correctes.

n Albert Rösti: Les nouvelles rĂ©glementations Ă©tatiques induisent toujours un coĂ»t. A Berne, nous avons le problĂšme que de nombreux politiciens qui votent en faveur de nouvelles lois oublient simplement que cela gĂ©nĂšre des coĂ»ts qui impactent massivement nos entreprises. L’UDC se retrouve malheureusement trop souvent seule au Parlement sur ce sujet. Nous avons besoin du sou-‹tien des praticiens, de gens qui connaissent les problĂšmes.

n Gerhard Pfister: Chaque rĂ©glementation doit ĂȘtre vĂ©rifiĂ©e pour dĂ©terminer si elle peut ĂȘtre supportĂ©e par l’économie. Ce qui veut dire dans la plupart des cas que nous nous opposons aux propositions visant Ă  introduire de nouvelles rĂ©glementations.

 

Assurer la prévoyance vieillesse

Quels sont les objectifs prioritaires en politique sociale?

n Albert Rösti: Les grand dĂ©fis des prochaines annĂ©es concerneront la sĂ©curisation financiĂšre de la prĂ©voyance vieillesse et le systĂšme de santĂ©. L’UDC s’implique fortement dans le processus de rĂ©forme en cours, pour trouver des solutions qui soient financiĂšrement supportables pour tous, y compris pour nos descendants, en corrigeant les erreurs et en renforçant la responsabilitĂ© personnelle.

n Petra Gössi: La rĂ©forme de la prĂ©voyance vieillesse est la plus importante, pour les rentiers et les actifs. Je m’engage pour ma part Ă  lutter pour que la croissance des coĂ»ts des prestations complĂ©mentaires reste sous contrĂŽle.

n Gerhard Pfister: Cette question est trop gĂ©nĂ©rale pour y rĂ©pondre. Toute­fois, si l’on doit tout de mĂȘme donner une rĂ©ponse: la dĂ©mographie force la politique Ă  dĂ©velopper des solutions durables. Ce qui signifie ‹de ne pas surcharger les prochaines gĂ©nĂ©rations.

 

Assurer la mobilité

Quels sont les points forts dans la politique des transports?

n Petra Gössi: La route et le rail, le transport public et individuel doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme un tout. Cela implique d’éliminer les bouchons et de dĂ©gager des solutions permettant d’assurer un financement supportable sur le long terme. Les bouchons nous coĂ»tent actuellement environ un milliard de francs par annĂ©e – c’est beaucoup trop!

n Gerhard Pfister: L’essentiel, c’est que les deux piliers doivent ĂȘtre capables d’assurer leur propre financement. Les flux d’argent doivent devenir plus transparents. Le transport individuel et le transport public doivent ĂȘtre financĂ©s de telle maniĂšre que le contribuable sache ce qu’il paie.

n Albert Rösti: Le but serait que nos infrastructures de transport soient en mesure d’assurer la mobilitĂ© Ă  l’avenir et que nous ne soyons pas Ă©tranglĂ©s dans un goulot de capacitĂ©. Pour ce faire, la question du financement doit ĂȘtre rĂ©solue. Un principe gĂ©nĂ©ral serait que chaque utilisateur de mobilitĂ© paie pour le moyen qu’il utilise. Cela signifie entre autre que chaque investissement ou projet doit ĂȘtre soutenu par une analyse au plan Ă©conomique afin qu’à l’avenir les moyens disponibles ne soient pas utilisĂ©s seulement pour l’exploitation et l’entretien.

 

OUI au systĂšme dual

L’Union suisse des arts et mĂ©tiers usam estime que la formation professionnelle supĂ©rieure devrait Ă  l’avenir recevoir 100 millions de francs en plus. Partagez-vous cet avis?

n Gerhard Pfister: Oui, avec l’exigence que cela ne pĂ©jore pas la situation d’autres filiĂšres de formation. Je ne soutiendrais pas une telle proposition si les moyens devaient ĂȘtre pris, par exemple, sur les gymnases.

n Albert Rösti: L’UDC s’est toujours engagĂ©e pour le systĂšme de formation dual et orientĂ©s sur la pratique. Mais l’effet de masse vaut la peine. Les dĂ©penses liĂ©es Ă  la formation ont doublĂ© depuis 1990. Il est Ă©vident que cette progression des charges dans la formation ne rĂ©pondait pas tant Ă  un besoin de l’économie et de la sociĂ©tĂ©, mais plutĂŽt aux attentes des fonctionnaires et des politiciens. Au cours des derniĂšres annĂ©es, beaucoup d’argent a Ă©tĂ© dĂ©pensĂ© dans divers projets de construction pour les hautes Ă©coles.

n Petra Gössi: L’essentiel, dans la politique de formation, c’est la reconnaissance de notre systĂšme de formation dual. C’est ce dernier qui a fait le succĂšs de la Suisse. Ce qui est dĂ©cisif, ce n’est toutefois pas le montant de cette contribution, mais plutĂŽt oĂč ces moyens profitables seront engagĂ©s pour la formation.

Si le programme de stabilitĂ© (2017-2019) aboutissait, la formation devrait se contenter d’une croissance de 1,9% des dĂ©penses fĂ©dĂ©rales. Pour l’usam, c’est inacceptable! OĂč faudrait-il tailler ailleurs que dans la formation?

n Albert Rösti: La question n’est pas bien formulĂ©e, car il ne sera pas procĂ©dĂ© Ă  des Ă©conomies dans la formation, mais au contraire Ă  une rĂ©duction des dĂ©penses supplĂ©mentaires qui Ă©taient prĂ©vues par la planification financiĂšre. Si le programme de stabilitĂ© Ă©tait acceptĂ©, la croissance des dĂ©penses de formation pour la ConfĂ©dĂ©ration serait maintenue Ă  1,9% par annĂ©e, ce qui veut dire ‹7,5 milliards de francs en 2017 (2019: 7,9 milliards).

Sans supprimer des prestations, il serait possible d’économiser sur le personnel et les achats. Il y a encore sur ces postes des marges d’économies. Je rappelle que les charges de personnel au cours des derniĂšres annĂ©es sont passĂ©es Ă  5,4 milliards de francs (2007: 4,5 milliards).

n Petra Gössi: Economiser, cela fait mal. Pour cette raison, il est essentiel que chaque domaine contribue aux Ă©conomies. Le plus important, c’est que les moyens existants doivent ĂȘtre engagĂ©s de maniĂšre efficiente.

n Gerhard Pfister: Je partage l’idĂ©e que des rĂ©ductions de coĂ»ts sont ­aussi possibles dans la formation – sans perdre de la qualitĂ©. Le domaine du souhaitable doit ĂȘtre distinguĂ© du rĂ©alisable. C’est aussi le cas pour la formation.

Interview: Gerhard Enggist

 

dans les partis

Elections agendées

La conseillĂšre nationale schwytzoise Petra Gössi (40 ans) remplacera Philipp MĂŒller Ă  la tĂȘte du PLR. L’élection se jouera le 16 avril prochain Ă  Berne

Au PDC, c’est le Zougois Gerhard Pfister (53 ans) qui succĂ©dera Ă  Christophe Darbellay. Election le 23 avril Ă  Winterthur.

Quant au Bernois Albert Rösti (48 ans), il prendra les commandes de l’UDC aprĂšs Toni Brunner. Cela se fera le 23 avril Ă  Langenthal.

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