Publié le: 12 décembre 2014

Continuer 
à soigner son image Simplification 
dans les commandes numériques Alexandre Voutaz, 
polymécanicien de 2e année Fin annoncée 
du fer à souder Des acteurs novateurs Yohann Decorges, 
électronicien de 2e année

LE FUTUR DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE – La préparation au choix d’un métier et à une carrière est déterminante.

COUP DE SONDE – Les 
apprentis polymécaniciens et électroniciens de l’aérodrome de Payerne expliquent 
comment ils voient leur 
métier dans dix ans.

Petits métiers artisanaux – Dans 
notre monde globalisé, ces «petits métiers» 
renferment de grands potentiels d’innovation et, grâce à une nouvelle plateforme 
commune, ils gagnent en reconnaissance.

Notre système de formation dual est marqué par l’étroite collaboration entre la Confédération, les cantons et les milieux économiques. Cet 
es­prit de pionnier qui animait les débuts de ce partenariat est devenu une normalité quotidienne et présente aujourd’hui quelques fissures. «Du côté de l’économie, respectivement de l’organisation du monde du travail (otra) en sont sortis des partenaires égaux qui, mutuellement, reconnaissent et respectent leurs compétences et responsabilités», souligne Chris­tine Davatz, vice-directrice de l’usam et responsable de la formation. «Malheureusement les prescriptions gouvernementales – motivées par les experts – ont tendance à augmenter, tout comme la tendance à la surrégulation au sein même des associations … Attention, on risque de surcharger notre génial système!»

Davantage de pragmatisme et de respect à l’égard des besoins des entreprises est une urgence nécessaire pour l’avenir. «Il est temps de passer aux actes, que ce soit au niveau des finances ou des titres dans la formation professionnelle supérieure. Car ici commence la véritable reconnaissance», revendique Davatz.

Mais pour que le système de formation dual reste aussi performant à l’avenir, cela dépendra de la préparation au choix d’un métier et à un plan de carrière, mais aussi à la manière dont les cantons feront évoluer leurs systèmes scolaires. Depuis des années, l’usam réclame une intégration de ce sujet dans le programme scolaire. «Osons en douter! Et même en offrant aux écoliers de tous les niveaux un regard sur le monde des métiers, parents, enseignants et autorités scolaires auront toujours tendance à pousser les jeunes au gymnase car cette voie de formation est, jugée plus prestigieuse qu’un apprentissage», constate Christine Davatz.

Questionnez les différentes associations, il en sortira le même son de cloche: l’image de la formation professionnelle doit poursuivre son ascension et ça passe par un travail commun. «Il est important que 
suffisamment de jeunes puissent achever un apprentissage, car nous formons insuffisamment d’apprentis. Or ceci manquent dans les entreprises, ce qui aboutit à une carence en forces de travail spécialisées», prévient Romain Rosset, chef de la division formation à l’Association suisse des maîtres menuisiers et des fabricants de meubles (VSSM). Pareil pour Da­niel Heusser, directeur de SolSuisse, ­convaincu que l’actualisation de la formation de base est un projet en pleine évolution: «Il faut absolument parvenir à mettre les études académiques et la formation profession­nelle supérieure à un niveau comparable.»

Apprenti polymécanicien de 2e année, comment Alexandre Voutaz voit-il son métier évoluer au cours 
de la prochaine décennie? «J’entrevois de nombreux changements dans la technologie, une grande simplification dans les programmes de commandes numériques, des pièces plus évoluées, aussi.» De nombreux collègues optent pour l’école d’ingénieurs, Alexandre y songe aussi. Il aime bien l’aviation et cultive en lui cette envie d’aller jusqu’au bout dans 
la recherche de perfection. Il se voit bien partir aux Etats-Unis ou en Australie, comme un ami de son 
père l’a fait.

«Attention, 
on risque de 
surcharger notre 
génial système!»

«Il cultive en lui l’envie 
d’aller jusqu’au bout.»

«Il est important 
qu’un nombre 
suffisant de jeunes réussisse leur 
apprentissage.»

Il rêve de Brésil et pas seulement pour y voyager. Yohann Decorges est apprenti électronicien de ­
2e année. «Dans dix ans, on n’utilisera presque plus 
le fer à souder et de plus en plus la programmation.» Le rythme d’apprentissage est très exigent. Où se voit-il dans dix ans? Revenir au pays ferait sens, car son grand-père était lui aussi mécanicien à la base de Payerne et s’occupait des avions qui sont maintenant au musée. Mais le Brésil le fait aussi rêver, une économie en plein boom où ses compétences seraient certainement valorisées.

En Suisse, les petits métiers artisanaux sont très variés, on en dénombre près de 90! Sur un marché globalisé, ils se distinguent par une ­remarquable capacité d’adaptation. A l’instar des PME, ces artisans prouvent qu’avec des produits spécialisés et innovants, on peut se positionner avec succès, même à l’échelle internationale! Notre modèle de forma­tion offrant de solides connaissances de base est le meilleur terreaux pour que ces métiers se transmettent, rayonnent et perdurent.

Mais attention, ces professions sont parfois menacées de disparition! Walter Leist, de l’association des fabricants d’instruments de musique, explique que ces petits artisans représentent un poids économique non négligeable, «apportent une grande compétence professionnelle sur la place industrielle suisse et contribuent à enrichir diversité culturelle, si précieuse.»

Instruments à vent suisses 
pour Robbie Williams

Des exemples de petits artisans qui rencontrent un succès d’envergure internationale? On en trouve beaucoup dans le domaine de fabrication d’instruments de musique. Grâce à une qualité de pointe, cette branche s’est forgée une renommée mondiale. Ainsi trouve-t-on des orgues construits par des artisans d’art suisses, disséminés sur la planète entière. Et puis, de prestigieuses marques de pianos droits et à queue, comme Steinway & Sons et Bösendorfer, collaborent avec des spécialistes suisses de premier plan. Et parfois, ces derniers travaillent en étroite collaboration avec de célèbres pianistes pour réaliser un instrument accordé à leurs souhaits. Quant aux fabricants suisses d’instruments à vent, ils livrent jusqu’à 80% de leur production à l’étranger! Un fabriquant de Suisse romande a même mis au point et breveté une soupape spéciale qui équipe déjà plus de 10 000 instruments ­
de diverses marques dans le monde! Même l’orchestre de Robbie Williams jouent avec des trombones, trompettes et saxophones venus de Suisse alémanique. Cette position de leader peut être maintenue à long terme uniquement grâce à une formation de haute qualité.

Corinne Remund

www.sgv-usam.ch

www.ballenbergkurse.ch

«Notre modèle de 
formation réunit 
tradition et capacité d’adaptation sur un marché globalisé.»

«Il pense à son grand-père et le Brésil le fait aussi rêver.»

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Les plus consultés