Vers une abolition ou non?
système d’évaluation – Au sein de l’entreprise, les compétences du collaborateur sont valorisées et entrent en compte dans la détermination du salaire. Est-ce encore au goût du jour?
LE FUTUR DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE – La préparation au choix d’un métier et à une carrière est déterminante.
COUP DE SONDE – Les 
apprentis polymécaniciens et électroniciens de l’aérodrome de Payerne expliquent 
comment ils voient leur 
métier dans dix ans.
Petits métiers artisanaux – Dans 
notre monde globalisé, ces «petits métiers» 
renferment de grands potentiels d’innovation et, grâce à une nouvelle plateforme 
commune, ils gagnent en reconnaissance.
Notre système de formation dual est marquĂ© par l’étroite collaboration entre la ConfĂ©dĂ©ration, les cantons et les milieux Ă©conomiques. Cet 
esÂprit de pionnier qui animait les dĂ©buts de ce partenariat est devenu une normalitĂ© quotidienne et prĂ©sente aujourd’hui quelques fissures. «Du cĂ´tĂ© de l’économie, respectivement de l’organisation du monde du travail (otra) en sont sortis des partenaires Ă©gaux qui, mutuellement, reconnaissent et respectent leurs compĂ©tences et responsabilitĂ©s», souligne ChrisÂtine Davatz, vice-directrice de l’usam et responsable de la formation. «Malheureusement les prescriptions gouvernementales – motivĂ©es par les experts – ont tendance Ă augmenter, tout comme la tendance Ă la surrĂ©gulation au sein mĂŞme des associations … Attention, on risque de surcharger notre gĂ©nial système!»
Davantage de pragmatisme et de respect à l’égard des besoins des entreprises est une urgence nécessaire pour l’avenir. «Il est temps de passer aux actes, que ce soit au niveau des finances ou des titres dans la formation professionnelle supérieure. Car ici commence la véritable reconnaissance», revendique Davatz.
Mais pour que le système de formation dual reste aussi performant à l’avenir, cela dépendra de la préparation au choix d’un métier et à un plan de carrière, mais aussi à la manière dont les cantons feront évoluer leurs systèmes scolaires. Depuis des années, l’usam réclame une intégration de ce sujet dans le programme scolaire. «Osons en douter! Et même en offrant aux écoliers de tous les niveaux un regard sur le monde des métiers, parents, enseignants et autorités scolaires auront toujours tendance à pousser les jeunes au gymnase car cette voie de formation est, jugée plus prestigieuse qu’un apprentissage», constate Christine Davatz.
Questionnez les diffĂ©rentes associations, il en sortira le mĂŞme son de cloche: l’image de la formation professionnelle doit poursuivre son ascension et ça passe par un travail commun. «Il est important que 
suffisamment de jeunes puissent achever un apprentissage, car nous formons insuffisamment d’apprentis. Or ceci manquent dans les entreprises, ce qui aboutit Ă une carence en forces de travail spĂ©cialisĂ©es», prĂ©vient Romain Rosset, chef de la division formation Ă l’Association suisse des maĂ®tres menuisiers et des fabricants de meubles (VSSM). Pareil pour DaÂniel Heusser, directeur de SolSuisse, Âconvaincu que l’actualisation de la formation de base est un projet en pleine Ă©volution: «Il faut absolument parvenir Ă mettre les Ă©tudes acadĂ©miques et la formation professionÂnelle supĂ©rieure Ă un niveau comparable.»
Apprenti polymécanicien de 2e année, comment Alexandre Voutaz voit-il son métier évoluer au cours 
de la prochaine décennie? «J’entrevois de nombreux changements dans la technologie, une grande simplification dans les programmes de commandes numériques, des pièces plus évoluées, aussi.» De nombreux collègues optent pour l’école d’ingénieurs, Alexandre y songe aussi. Il aime bien l’aviation et cultive en lui cette envie d’aller jusqu’au bout dans 
la recherche de perfection. Il se voit bien partir aux Etats-Unis ou en Australie, comme un ami de son 
père l’a fait.
«Attention, 
on risque de 
surcharger notre 
génial système!»
«Il cultive en lui l’envie 
d’aller jusqu’au bout.»
«Il est important 
qu’un nombre 
suffisant de jeunes réussisse leur 
apprentissage.»
Il rĂŞve de BrĂ©sil et pas seulement pour y voyager. Yohann Decorges est apprenti Ă©lectronicien de Â
2e annĂ©e. «Dans dix ans, on n’utilisera presque plus 
le fer Ă souder et de plus en plus la programmation.» Le rythme d’apprentissage est très exigent. OĂą se voit-il dans dix ans? Revenir au pays ferait sens, car son grand-père Ă©tait lui aussi mĂ©canicien Ă la base de Payerne et s’occupait des avions qui sont maintenant au musĂ©e. Mais le BrĂ©sil le fait aussi rĂŞver, une Ă©conomie en plein boom oĂą ses compĂ©tences seraient certainement valorisĂ©es.
En Suisse, les petits mĂ©tiers artisanaux sont très variĂ©s, on en dĂ©nombre près de 90! Sur un marchĂ© globalisĂ©, ils se distinguent par une Âremarquable capacitĂ© d’adaptation. A l’instar des PME, ces artisans prouvent qu’avec des produits spĂ©cialisĂ©s et innovants, on peut se positionner avec succès, mĂŞme Ă l’échelle internationale! Notre modèle de formaÂtion offrant de solides connaissances de base est le meilleur terreaux pour que ces mĂ©tiers se transmettent, rayonnent et perdurent.
Mais attention, ces professions sont parfois menacées de disparition! Walter Leist, de l’association des fabricants d’instruments de musique, explique que ces petits artisans représentent un poids économique non négligeable, «apportent une grande compétence professionnelle sur la place industrielle suisse et contribuent à enrichir diversité culturelle, si précieuse.»
Instruments à vent suisses 
pour Robbie Williams
Des exemples de petits artisans qui rencontrent un succès d’envergure internationale? On en trouve beaucoup dans le domaine de fabrication d’instruments de musique. Grâce Ă une qualitĂ© de pointe, cette branche s’est forgĂ©e une renommĂ©e mondiale. Ainsi trouve-t-on des orgues construits par des artisans d’art suisses, dissĂ©minĂ©s sur la planète entière. Et puis, de prestigieuses marques de pianos droits et Ă queue, comme Steinway & Sons et Bösendorfer, collaborent avec des spĂ©cialistes suisses de premier plan. Et parfois, ces derniers travaillent en Ă©troite collaboration avec de cĂ©lèbres pianistes pour rĂ©aliser un instrument accordĂ© Ă leurs souhaits. Quant aux fabricants suisses d’instruments Ă vent, ils livrent jusqu’à 80% de leur production Ă l’étranger! Un fabriquant de Suisse romande a mĂŞme mis au point et brevetĂ© une soupape spĂ©ciale qui Ă©quipe dĂ©jĂ plus de 10 000 instruments Â
de diverses marques dans le monde! MĂŞme l’orchestre de Robbie Williams jouent avec des trombones, trompettes et saxophones venus de Suisse alĂ©manique. Cette position de leader peut ĂŞtre maintenue Ă long terme uniquement grâce Ă une formation de haute qualitĂ©.
Corinne Remund
«Notre modèle de 
formation réunit 
tradition et capacité d’adaptation sur un marché globalisé.»
«Il pense à son grand-père et le Brésil le fait aussi rêver.»
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