Publié le: 15 décembre 2017

Contrecarrer la force de l’habitude

CONCURRENCE DÉLOYALE – Pour l’usam, les projets de loi ne servant qu’à alourdir les tâches administratives et à étouffer encore davantage la liberté contractuelle sont à rejeter. C’est le cas ici. Il s’agit dans les faits d’une offense faite aux consommateurs.

La loi fédérale contre la concurrence déloyale (LCD), en vigueur depuis le 1er mars 1988, vise à garantir, dans l’intérêt de toutes les parties concernées, une concurrence loyale et qui ne soit pas faussée. Si l’intention est louable, la loi devient de plus en plus le foyer de réglementation politique – au détriment des PME.

Très controversé

En session d’hiver, le Conseil national débattra d’une proposition hautement controversée selon laquelle l’utilisation des conditions générales (CG) est de facto considérée comme déloyale si la bonne foi est violée. A ce stade, elle prévoit – au détriment de l’autre partie – un déséquilibre significatif et injustifié entre les droits contractuels et les obligations contractuelles. Précisons au passage que cette proposition de loi ne doit sa présence au Conseil national qu’à la voix prépondérante du président de la Commission! Sa mise en application représenterait une restriction supplémentaire de la liberté contractuelle et doit par conséquent être rejetée.

Pas d’automatisme

Le projet prévoit encore de compléter la LCD par un devoir d’information du cocontractant concernant les contrats à renouvellement ou reconduction automatique. Aujourd’hui, le consommateur peut résilier ce type de contrat à l’échéance figurant dans les CG. Mais le projet exige que le fournisseur informe le consommateur de sa possibilité de résiliation avant le premier renouvellement du contrat. Dans le cas contraire, c’est-à-dire en l’absence d’information transmise, le consommateur aurait le droit de résilier le contrat à tout moment et sans délais à l’expiration de la durée contractuelle minimale.

Pour les fournisseurs de services, cette obligation d’informer la clientèle avant le terme du contrat représente une surcharge administrative et beaucoup de travail à vide. Finalement, ce devoir est offensant à l’endroit des consommateurs, considérés avec condescendance. Pour l’usam, de tels projets doivent être… automatiquement balayés!

Dieter Kläy,

vice-directeur de l’usam

dans les médias

UDC ET PLR opposés

Les milieux économiques ne veulent pas des nouvelles dispositions visant à mieux protéger les consommateurs des reconductions tacites de contrats. Trop chères et inutiles. Les organisations de consommateurs demandent, elles, des règles encore plus strictes. Bon nombre de clients se sont fait un jour piéger en oubliant de résilier à temps un contrat reconduit automatiquement. Les fournisseurs de télécommunications mobiles ont renoncé à cette pratique en 2014. Certains fitness ont commencé à suivre sous la pression des organisations de consommateurs. (...) Face à cette situation, le Parlement a décidé de s’emparer du problème. Sous l’impulsion de l’ancien conseiller national Mauro Poggia (MCG/GE), il propose de réviser la loi afin de mieux protéger le consommateur. Si un contrat contient dans les conditions générales une clause de renouvellement tacite, le prestataire devra en informer le consommateur avant la date limite. S’il déroge à cette obligation, le consommateur pourra dénoncer le contrat en tout temps et sans délai. L’UDC et le PLR rejettent cette modification de la loi sur la concurrence déloyale. Les abus doivent être sanctionnés, certes, mais pas au détriment de la liberté contractuelle et de la responsabilité individuelle, indiquent les deux partis dans leur réponse à la consultation qui se termine lundi. Selon eux, le consommateur doit assumer sa part de responsabilité. (Tr. de Genève)

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