Publié le: 9 avril 2021

l’édito

De l’incohérence

Il y a des choses étonnantes et incohérentes dans la vie politique suisse: sur la Covid-19, l’information selon laquelle les frais de relations publiques de la Confédération ont dépassé pour la première fois la limite des 100 millions de francs suisses. Cela a suscité un certain étonnement. Au vu des milliards versés dans les fonds pour les personnes en difficulté, la première réaction pourrait être de hausser les épaules – des clopinettes.

Toutefois, en y regardant de plus près, la question se pose de savoir comment ces montants sont atteints. De nombreuses agences qui ont reçu d’importants mandats grâce à la crise devraient être satisfaites. Il est vrai que les activités d’information sont au cœur de la gestion des crises. Du point de vue de la politique financière, il est toutefois discutable que des dépenses supplémentaires ne puissent être absorbées dans le cadre d’un budget global de plus de 70 milliards de francs. Et les commentateurs ont probablement eu raison de déclarer: «Grâce à la Covid-19, la machine à relations publiques de la Confédération tourne à plein régime.»

Il y a également eu une évolution étonnante des nominations à Berne. L’ancien chef du PS et membre du Conseil des Etats, Christian Levrat, a été nommé à la tête du groupe La Poste Suisse. Ce fait n’est pas inhabituel, son prédécesseur Urs Schwaller était également un ancien conseiller aux Etats. Il n’est pas rare non plus que M. Levrat voit son avenir professionnel assuré par le Conseil fédéral.

Cela posé, la question reste ouverte: pourquoi ce poste de premier plan n’a pas fait l’objet d’une mise au concours publique et qu’un seul candidat a été approché. Il n’est pas surprenant que la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, collègue de parti de Levrat, arrive à la conclusion, après une évaluation manifestement méticuleuse, que Levrat soit le meilleur candidat? Des langues malveillantes ont également affirmé laconiquement (et en allemand) que le PS ne faisait que de rester fidèle à son nom: fête en libre-service (NDT: Selbstbedienungspartei, SP).

Enfin, à Aarau, mais toujours avec un œil sur la Berne fédérale. Le Centre pour la démocratie d’Aarau a examiné la restriction des droits fondamentaux garantis par la Constitution. En ce qui concerne la Suisse, le résultat est presque sensationnel – sans manchette dans les médias. Il est vrai que notre pays a bien moins restreint les droits fondamentaux autour de Covid-19 que la moyenne des pays européens. Mais la Suisse se retrouve avec l’indice de concentration de puissance juste à côté de l’Albanie, de la Croatie ou de la Roumanie … Tout est dit!

En un mot: la résilience de la démocratie sera renforcée si la logique de la protection ciblée – dépistage, vaccination, recherche des contacts et concepts de protection visant à briser les chaînes de contagion – parvient à prévenir les blocages futurs et à mettre fin immédiatement à celui en cours.

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