Publié le: 19 janvier 2018

Donner plus de pouvoirs aux OrTra

FORMATION – L’usam présente ses exigences stratégiques pour le développement de la formation professionnelle.

Les organisations du monde du travail (OrTra) doivent être renforcées dans leur rôle de partenaires de la formation professionnelle. Les for
mations académiques ne doivent 
pas être privilégiées et l’économie 
doit avoir davantage de libertés et 
de compétences décisionnelles en matière de développement des professions. Ce sont là des exigences stratégiques essentielles, formulées par l’Union suisse des arts et métiers usam dans son rapport sur la politique de la formation. En présen
tant ce rapport, la plus grande 
organisation faîtière de l’économie suisse se propose, après l’échec 
du projet Formation professionnelle 2030 du SEFRI, de relancer le débat sur la stratégie de développement de la formation professionnelle. Et voici les enjeux du problème.

Un paysage qui 
mute rapidement

Numérisation, mondialisation, mobilité et migration transforment la société et le monde du travail. Ces mutations posent de nombreux défis à la formation professionnelle: «L’évolution des professions doit redevenir l’affaire des orga­­ni­­sations du monde du travail (OrTra). C’est à elles qu’il appartient de décider des matières à étudier et des points importants pour les examens. Si de telles décisions continuent d’être dictées par des directives de l’État, la formation professionnelle se privera de l’essentiel de ce qui fait sa force, en se découplant de l’évolution rapide de l’économie réelle et du marché du travail. Raison pour laquelle les OrTra doivent avoir une position plus forte dans le domaine de la formation 
professionnelle»: c’est en ces termes que Pierre Daniel Senn, vice-président de l’Union des professionnels suisses de l’automobile UPSA et membre du Comité directeur de l’usam, résume l’exigence fondamentale de l’usam dans son rapport sur la politique de la formation.

Quid du principe d’équivalence?

Le document de base de l’usam invite instamment les cantons à ne pas privilégier la voie gymnasiale et à respecter le principe constitutionnel de l’équivalence de la formation professionnelle et des études académiques. «Les préoccupations des organisations du monde du travail doivent être prises davantage au sérieux», déclare Marcel Schweizer, président de l’Union cantonale des arts et métiers de Bâle-Ville, qui ajoute: «Cela commence dès l’école obligatoire, où nous exigeons qu’une plus grande place soit donnée au choix professionnel ainsi qu’aux branches MINT.» Un levier stratégique important serait l’amélioration de l’interface entre l’école et le monde du travail. Tous les types d’écoles devraient impérativement utiliser certains instruments, tels que les profils d’exigences qui indiquent concrètement à la personne en formation les compétences scolaires requises par chaque profession et qui permettent d’établir directement des comparaisons.

Quid de la marge de manœuvre des OrTra?

L’Union suisse des arts et métiers usam demande en outre que des améliorations soient apportées à l’interface entre les OrTra et la Confédération. L’académisation de la formation, la pléthore bureaucratique et l’influence croissante de l’admi­ni­stration affaiblissent la formation professionnelle. «La Confédération ne doit pas restreindre les marges 
de manœuvre des OrTra par le biais des formulations rigides des manuels et instructions du SEFRI, par l’obligation de recourir à de prétendus experts pédagogiques ou par des mises en application discordantes d’un canton à l’autre», relève Hans-Ulrich Bigler, directeur de l’usam 
et conseiller national (PLR). Dans les modèles d’intégration, par exemple concernant les migrants, mais également dans les attestations de compétences délivrées aux jeunes gens qui n’ont pas pu acquérir 
une formation professionnelle initiale, le directeur de l’usam estime que la Confédération exerce encore trop souvent son influence en fonction de son agenda politique au lieu de faire passer au premier plan la formation profession­nelle et l’employabilité. L’usam souhaite être mieux soutenue dans ses efforts de positionnement de la formation professionnelle supérieure. Dans ce sens, elle exige que les diplômes délivrés par une école supérieure ou à l’issue d’un examen professionnel comportent la désignation anglo-saxonne de «Professional Bachelor», adjointe aux diplômes de FPS de niveau 6, et celle de «Professional Master» à ceux de niveau 7. C’est la condition sine qua non pour que les diplômes de formation professionnelle supérieure aient une chance, à l’étranger également, d’être reconnus comme équivalents.  usam

EXTRAIT DU RAPPORT SUR LA FORMATION

Les priorités de l'usam

1. Renforcement de la formation professionnelle en tant qu’élément du système suisse de formation: la formation professionnelle rend les jeunes comme les adultes aptes à accéder au marché du travail. La grande diversité des formations professionnelles initiales et de l’offre en matière de formation professionnelle supérieure permet aux personnes de rester intégrées au marché du travail durant toute leur vie professionnelle. Ayant ainsi les moyens de s’adapter à l’évolution sociale et au développement technologique, les adolescents et les adultes peuvent faire carrière, non seulement dans leur propre intérêt, mais aussi dans celui de la collec­tivité et de l’économie.

2. Renforcement de la position des organisations responsables de la formation et des examens ainsi que des organisations du monde du travail (OrTra) à l’intérieur de la formation professionnelle: pour que les OrTra et les entreprises qui en sont membres puissent continuer d’assurer une offre de formation répondant aux exigences du marché du travail, elles doivent impérativement – et le plus rapidement possible – adapter leurs besoins aux circonstances et mettre en œuvre les changements qui s’imposent. Ce qui implique qu‘elles doivent être reconnues et traitées sur un pied d’égalité en tant qu‘éléments du partenariat.

3. Reconnaissance de l’équivalence et égalité de traitement des formations professionnelles et universitaires: grâce à l’engagement de l’usam, ce principe est ancré dans la Constitution fédérale depuis 2006. Il doit maintenant être mis en œuvre.

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