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Décision autonome et performance
horaires de travail – Les modèles flexibles montent en force, même contestés. L’économiste Michael Beckmann ne pense pas que les contrôles d’absence influencent les employés paresseux.
Comment les stratégies RH agissent-elles sur les performances des collaborateurs? Le professeur Michael Beckmann, économiste à l’Université de Bâle, se pose la question depuis de nombreuses années. Il étudie les mesures qui donnent au collaborateur plus d’autonomie dans la gestion du temps de travail. Parmi les modèles, celui qui est basé sur la confiance et le télétravail (ou travail à domicile) permettent au collaborateur de décider quand et où accomplir leurs tâches. En arrière-plan, on trouve la notion de travaux à réaliser tandis que la notion d’occupation du temps tend à disparaître totalement ou partiellement.
Autonomie versus bonus
En soi, le tĂ©lĂ©travail est un instrument contestĂ©. Nombre d’employeurs craignent en effet que cette marge de manĹ“uvre soit utilisĂ©e Ă mauvais escient. «L’économie classique conçoit l’incitation par la motivation sous la forme de bonus, de primes ou de surveillance, explique cet Ă©conomiste. Il y a au fond cette idĂ©e que l’être humain est un agent rationnel qui souhaite maximiser son profit. Pour Beckman, c’est un peu rĂ©ducteur. «Il y a tellement de gens qui s’identifient Ă leur travail, qui exercent avec plaisir leur activitĂ©, ou le font par devoir.» Pour renforcer la motivation de ces acteurs, les entreprises doivent dĂ©velopper d’autres moyens. Selon lui, l’autonomie des collaborateurs contient de grands Âpotentiels.
Ils travaillent 80 minutes de plus
Cette annĂ©e, Michael Beckmann et un collectif d’auteurs ont fait paraĂ®tre une Ă©tude sur la confiance dans le temps de travail. L’enquĂŞte montre que lors des contrĂ´les sur les temps de travail, les collaborateurs ne travaillent pas moins, mais plus que nĂ©cessaire. En moyenne Âquatre-vingt minutes par semaine. «L’étude contredit de manière nette la crainte que l’absence de contrĂ´les sur les temps de travail induisent de la paresse parmi les employĂ©s», souligne le chercheur. C’est le contraire qui prĂ©vaut: le fait de dĂ©cider soi-mĂŞme apparaĂ®t comme un facteur important de motivation pour les gens.
Crucial: la confiance mutuelle
La situation semble plus difficile pour les entreprises qui tentent de compenser une perte de maĂ®trise en instaurant un système basĂ© sur des Âinstruments de contrĂ´le. Il est au contraire crucial, selon Michael Beckmann, de commencer par construire un rapport de confiance. C’est seulement par la suite qu’il devient possible de passer Ă des mesures d’autonomie. Il faut en effet que la confiance soit rĂ©ciproque pour que les horaires souples et le tĂ©lĂ©travail fonctionnent. En revanche, le fait de se sentir surveillĂ© peut dĂ©truire auprès des collaborateurs la capacitĂ© Ă se forger une automotivation.
Flexibilité et rentabilité
En dépit des critiques, le fait de travailler chez soi est une tendance qui monte. En Suisse aussi, le nombre de personnes qui renoncent au moins partiellement au bureau augmente, notamment chez ceux qui cherchent à concilier famille et vie professionnelle.
«L’importance que ces modèles souples ont pris est à mettre en lien également avec les changements dans la nature des activités», poursuit l’économiste bâlois. La concurence qui se renforce, les changements technologiques poussent les entreprises et les collaborateurs à plus de flexibilité. Ces derniers sont confrontés à des exigences de travail croissantes et à des réglementations plus flexibles.
L’autonomie non seulement a un effet positif sur les performances, mais les modèles de temps de travail flexibles sont également des instruments RH beaucoup plus rentables que les incitations financières. Les employés eux-mêmes économisent du temps et de l’argent, car souvent de longs tours de travail sont perdus. Et Michael Beckmann de conclure: «Si l’activité le permet, le télétravail et ces solutions flexibles génèrent une situation gagnant-gagnant.»
Olivia Poisson
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