Publié le: 7 juillet 2017

Dépasser le stade du pur gadget

BITCOIN – En moins d’un an, le cours de cette monnaie électronique s’est multiplié par cinq! La grande question est de savoir si cette monnaie numérique tiendra ce niveau. Les pessimistes craignent une bulle spéculative. Une belle aventure monétaire...

Le 2 août 2016, 1 bitcoin s’échangeait dans les 500 francs. Le 7 juin 2017, à plus de 2700 francs, soit 5 fois plus! Comment une telle hausse de cours est-elle possible? Mais d’abord, c’est quoi un bitcoin?

Il est né en janvier 2009

Le bitcoin est une monnaie électronique n’existant donc ni sous forme de pièce ni de billet. Son nom associe les mots anglais «bit» (unité d’information binaire) et «coin» (pièce de monnaie). Le concept a été créé en 2008, sur un forum Internet, par un internaute portant le pseudonyme de Satoshi Nakamoto. Le réseau bitcoin a été créé le 3 janvier 2009 avec les 50 premiers calculs de «blocs genesis».

Le Graal algorithmique

Ces calculs sont le noyau du bitcoin. De manière décentralisée, il exploite la puissance de calcul des ordinateurs en réseau pour calculer ces blocs via un cryptage complexe, une activité appelée «mining» ou minage. Et dans ces blocs se trouvent les unités de bitcoins, cachés par encodage. Ce schéma algorithmique s’apparente à la découverte de l’or.

Comme dans une mine où l’on recherche des pépites dans le sol, l’ordinateur fouille dans les blocs par calculs et y trouve à l’intérieur des unités bitcoin. Et toujours à l’instar de l’or, sa quantité est limitée. Le protocole bitcoin a été conçu pour 21 millions d’unités maximum.

En raison de cette limitation, le bitcoin est une monnaie déflationniste, autrement dit dont la valeur augmente avec le temps. Aucune institution ne contrôle le bitcoin et aucune banque centrale ni gouvernement ne peut diluer la masse monétaire et fixer les conditions-cadres – le réseau se gère par lui-même!

Le bitcoin pourra-t-il se maintenir en vol Ă  cette altitude?

Avec le bitcoin, on peut acheter des biens, prestations et même effectuer des transactions sur les marchés financiers. Le bitcoin remplit les mêmes fonctions qu’une devise conventionnelle (comme le franc suisse ou le dollar US). Pourtant, seule une petite communauté utilise le bitcoin pour ses transactions de la vie courante.

En Suisse aussi, on peut payer sa pizza avec des bitcoins et même relier ses cartes de crédit à cette monnaie. Reste qu’elle n’a pas un large impact et seuls quelques enthousiastes dans le pays ont épousé ce concept numérique dont les frais de transactions sont trop élevés. Du moins pour le moment, car la communauté bitcoin proteste, aidée par une acceptation toujours plus grande de cette monnaie. En effet, même certains organismes gouvernementaux acceptent désormais les bitcoins, notamment au Japon ou dans le canton de Zoug.

Que le bitcoin plane actuellement à haute altitude, c’est indiscutable. Il serait également injuste de qualifier de limité un rendement de plus de 500%... La seule vraie question est: le bitcoin peut-il se maintenir à cette altitude? Les optimistes rétorqueront qu’elle est à la fois déflationniste et de plus en plus utilisée, ce qui, logique­ment, doit encore augmenter son cours. C’est vrai qu’une offre limitée face à une demande grandissante conduit toujours à une hausse de valeur.

Mais les pessimistes voient dans le cours du bitcoin une bulle spéculative. Les banques centrales et d’Etat ont produit de l’argent tellement moins cher, l’écoulant massivement sur les marchés, parfois de manière aventureuse mais si attractive. A ce système est quand même lié le bitcoin, car dès qu’une banque centrale réduira la quantité d’argent, les taux d’intérêt augmenteront et le cours du bitcoin baissera. Qui a raison? Le temps le dira, mais une chose est sûre, le bitcoin est un concept passionnant.

Henrique Schneider,

directeur adjoint de l’usam

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