Publié le: 5 juin 2015

En quête d’alternatives autorisées

senior loans – Les réglementations les rendent certes difficilement accessibles en Suisse. Mais pas complètement toutefois.

C’est peu dire que l’environnement est devenu difficile pour les investisseurs institutionnels en Suisse. En particulier les institutions de prévoyance. Le profil de risque/rendement des classes d’actifs traditionnelles (obligations, actions, immobilier) n’est pas des plus favorables. Les valorisations sont élevées après des années de marchés haussiers, et les rendements plutôt bas.

Il existent toutefois des créneaux encore relativement intéressants. Les prêts garantis de premier rang en particulier (senior secured loans), avec des durations plus courtes que celles des obligations.

Approprié par rapport au risque non négligeable sur les taux

La volatilité est en outre plus faible que celle des actions et obligations. La réglementation en matière de prévoyance professionnelle classe les senior secured loans dans les placements alternatifs, ce qui en restreint l’accès. Certaines caisses de pension refusent d’ailleurs d’investir hors des actifs traditionnels. Elles préfèrent s’orienter vers des actifs faisant l’objet d’une réglementation très rigoureuse, quitte à les surpayer plus souvent qu’à leur tour.

«Certains assureurs suisses investissent dans des senior loans, qui comportent un risque faible de défaut de paiement.»

Outre les créances, les fonds spéculatifs ou hedge funds, le private equity, les titres liés à une assurance ou insurance linked securities, les placements dans les infrastructures et les matières premières: ces placements alternatifs ne représentent en fait qu’une petite part, ou même rien des portefeuilles des sociétés suisses d’assurance. Il en est de même des caisses de pension.

Quid du marché européen

Le marché des senior loans est essentiellement américain, donc en dollars. Il existent cependant des fonds de placement en senior loans (fonds de prêts privilégiés à taux variable) autorisés en Suisse et protégés contre les variations du dollar (hedging).

Le marché européen (en euro) ne représente qu’un cinquième du volume de son équivalent américain. Ce dernier bénéficie d’un marché secondaire bien établi et très liquide.

L’établissement de ratings ne fait que commencer en Europe pour des entreprises plus petites, de type PME. A partir d’une certaine taille toutefois.

Les prêts garantis de premier rang comportent un potentiel de rendement ajusté du risque intéressant dans un laps de temps relativement court. Partners Group, un leader global dans les marchés privés (non cotés), particulièrement le private equity, vient par exemple de lever plus de 850 millions de dollars pour des investissements dans des senior secured loans.

Volatilité relativement faible

Ces titres sont de la dette d’entreprise qui sont remboursés en priorité par rapport aux unsecured high yield bonds (obligations non garanties à haut rendement), à la dette mezzanine et aux actions. De fait, leur remboursement est prioritaire comparé aux dettes subordonnées, mais, en contrepartie, leur niveau d’intérêt est moins élevé. Les risques inhérents à la duration, à savoir une baisse des prix en cas de hausse des taux à moyen et long termes, sont faibles s’agissant des secured loans ou prêts garantis et répondent ainsi à une préservation du capital. S’ils s’avèrent positivement corrélés à l’inflation, ces titres présentent une faible corrélation avec les autres classes d’actifs. Leur volatilité est relativement faible.

Les senior secured loans ne sont pas ou que très peu accessibles aux caisses de pension, car ces titres sont considérés, on l’a vu, comme des placements alternatifs, au même titre que d’autres créances comme celles qui ne sont pas libellées en un montant fixe ou dont le remboursement intégral ou partiel est lié à des conditions, comme les créances titrisées telle que les titres adossés à des actifs (asset backed securities), ou d’autres créances résultant d’un transfert de risque, par exemple les créances envers une société de portage ou basées sur les dérivés de crédit. Par ailleurs, les placements alternatifs, selon l’ordonnance sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité (OPP 2), ne sont autorisés que sous la forme de placements collectifs diversifiés, de certificats diversifiés ou de produits structurés diversifiés.

Certains assureurs suisses comme Zurich Insurance Group ou Bâloise, par exemple, investissent dans des senior loans, qui comportent un risque faible de défaut de paiement et font l’objet d’un investment grade; ce qui vaut de toute façon mieux que d’acquérir des obligations d’Etat qui n’ont pas de rendement.

Alternative obligataire

Une moins bonne alternative sans doute au senior loans réside dans des obligations à haut rendement (high-yield bonds) à duration plus courte. Lesquels demeurent attractifs dans un environnement de croissance économique faible ou modérée; ce qui semble le cas à l’heure actuelle.

Philippe Rey

L’Agefi

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