Publié le: 7 septembre 2018

Et pourtant elle bouge!

L’Éditorial  

Ces mots sont attribués à Galilée. Le savant a dû renoncer publiquement à la vision copernicienne du monde, mais il aurait murmuré ces mots en quittant le Tribunal de l’Inquisition. Selon Wikipédia, le changement copernicien consistait à aller au-delà de la vision immédiate en explorant le monde, afin d’arriver à de nouvelles perspectives par la raison constructive. Quel est le rapport entre cet événe­ment historique et la politique de formation professionnelle? On en reparlera plus bas.

Prenons un peu de recul. Le «Sommet national de la formation professionnelle» lancé par le conseiller fédéral Schneider-Ammann a élaboré une stratégie pour 2030. Sous l’égide du SEFRI, un rapport intitulé «Formation professionnelle 2030» a été commandé, au prix fort, à une société de conseil externe qui s’est 
déclarée incompétente en la matière. Résultat: un vague énoncé de mission. Ne parlons pas d’une stratégie!

L’usam a critiqué ce rapport dès le début. Puis, les rapports externes des fameux professeurs spécialisés dans la formation professionnelle, Wolter et Backes/Renold, étaient du même avis. Au centre de la critique: pas de vision globale de l’enseignement et de la formation professionnelle, manque d’intégration de la formation professionnelle dans l’environnement de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur. Le SEFRI s’est caché derrière cette étude. Mais certains partenaires se sont montrés complaisants. Par exemple, le représentant de la Conférence suisse des directeurs de la formation professionnelle a accusé l’usam de polémiquer pour se mettre sous les projecteurs. Le motif des accusations était probablement un peu différent. Les cantons ont apparemment trouvé commode qu’un tel modèle n’interfère en rien avec leur propre sou­veraineté. Puis, c’est le représentant de l’organisation patronale qui a aussi accusé publique­ment l’usam d’adopter un comportement non constructif. On le comprend: s’il avait fallu répondre aux critiques de la plus grande organisation faîtière de l’économie suisse, il y 
aurait eu bien plus de travail. Il valait mieux aller au plus simple!

Retour à Galilée: «Et pourtant elle bouge!» La politique de la formation professionnelle, en l’occurrence. Après examen par les Commissions de la science, de l’éducation et de la culture (CSEC) du National et des États, les mois de lobbying font effet: le rapport «Formation professionnelle 2030» est jugé peu utile et ne peut servir de base à d’autres travaux. Dans un rapport complémentaire – cette fois-ci correctement rédigé par le SEFRI, où la compétence professionnelle existe également – la relation entre enseignement et formation professionnelle et les autres niveaux d’enseignement est clarifiée. En d’autres termes, les liens et les transitions entre l’école primaire, la formation professionnelle, le lycée et l’université sont indiqués jusqu’à la fin de l’année. Le renforcement du partenariat dans le monde de la formation est également situé au premier plan.

Ceux qui se préoccupent de l’avenir ont tout intérêt à penser de façon holistique. Les partenariats de collaboration réussis laissent place à la critique et à l’écoute plutôt qu’à l’exclusion. Car, comme à l’époque de Galilée, assurer la formation professionnelle de l’avenir, c’est renoncer au dictat des modes d’interprétation liés au passé – et aussi d’oser penser l’impensable.

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