Publié le: 4 novembre 2016

Etat des lieux de l’entrepreneuriat

entrepreneurs – Les Suisses ont une attitude positive à l’égard de l’entrepreneuriat mais peinent à passer à l’acte, avec des nuances en fonction des régions linguistiques. Il faut encore soutenir les jeunes et les femmes dans leur création d’entreprise.

Le Global Entrepreneurship Monitor (GEM) est la plus importante Ă©tude

internationale en matière d’entrepreneuriat. Son volet helvétique est piloté par la Haute école de gestion Fribourg (HEG-­FR) qui a réalisé une

enquête auprès plus de 2000 personnes pour sonder l’attitude et l’activité entrepreneuriale du pays. Principaux résultats du millésime 2015: les Suisses ont une attitude positive à l’égard de l’entrepreneuriat mais peinent à passer à l’acte, avec des nuances en fonction des régions linguistiques. Des efforts significatifs doivent encore être accomplis pour

stimuler l’entrepreneuriat chez les jeunes et soutenir les femmes dans

leur création d’entreprise.

Frilosité observée depuis 2013

Une part importante (44%) des Suisses (vs 41% pour les autres économies basées sur l’innovation pensent disposer de suffisamment d’expérience et de compétences pour créer une entreprise et seuls un tiers d’entre eux (vs 40%) pourraient y renoncer par peur d’être confrontés à un échec. Malgré cela et de bonnes conditions-­cadres, ils sont seulement 7,3% à s’être lancés dans l’aventure entrepreneuriale au cours des 3 dernières années (contre 8,5% pour les pays comparables). En résumé, les Suisses affichent une attitude positive à l’égard de l’entrepreneuriat mais restent frileux lorsqu’il s’agit de passer à l’action. Ce constat se répète d’année en année.

L’entrepreneuriat: une véritable option de carrière?

Pour la plupart de nos compatriotes (entre 18 et 64 ans), l’entrepreneuriat ne fait clairement pas partie des choix de carrière. Ils sont seulement 40% à considérer qu’il s’agit d’une véritable option professionnelle, contre 79,2% aux Pays-­Bas, 64,5% en Israël

et 63,4% au Portugal. Une observation confirmée chez les 18-­24 ans qui ne sont que 3,1% à vouloir se lancer dans une telle voie, faisant pointer la Suisse en queue de peloton, au dix-huitième rang des 22 pays dont l’économie est basée sur l’innovation. Signe d’un manque de confiance en soi? D’une volonté de gagner en expérience avant de se lancer? Ou du fait que ce groupe d’âge n’est pas prêt à quitter sa zone de confort et préfère un statut d’employé?

Sensibilisation à effectuer 
dès la scolarité obligatoire

Ces résultats montrent qu’en Suisse, le développement de la culture entrepreneuriale a encore un fort potentiel de progression. Ils laissent penser qu’aujourd’hui encore les incitations et les formations entrepreneuriales sont insuffisantes. Elles mériteraient d’être développées à plus large échelle et ce, dès la scolarité obligatoire afin de montrer aux plus jeunes que l’entrepreneuriat constitue bel et bien une option de carrière attractive. Plusieurs initiatives de la HEG-­FR vont dans ce sens et cherchent à stimuler la fibre entrepreneuriale des adolescents: le summercamp Adopreneurs dont la première édition a eu lieu en juillet dernier ou l’organisation de cours sur l’entrepreneuriat destinés aux collégiens, parmi d’autres exemples.

Les intentions entrepreneuriales plus marquées en Suisse romande

La comparaison des attitudes entrepreneuriales selon les régions linguistiques montre que la crainte de l’échec est plus faible en Suisse alémanique (31,8%) qu’en Suisse romande (39%). Cependant les Romands sont un peu plus nombreux à vouloir lancer leur entreprise (8,8% contre 6,7% d’Alémaniques). Le taux de chômage plus élevé dans les cantons latins, notamment chez les jeunes, a très probablement une incidence sur les intentions de créer sa propre entreprise et de gagner en indépendance. Les nombreuses structures d’accompagnement des start­ups et de soutien à l’innovation, notamment sur l’Arc lémanique, participent également au dynamisme des entrepreneurs romands.

Pour l’entrepreneuriat au féminin

En Suisse c’est dans les secteurs de la santé, de l’éducation, des services

gouvernementaux et sociaux que la plupart (27,2%) des entreprises se sont créées en 2015. Les nouveaux entrepreneurs suisses sont majori­tairement masculins, âgés de 35 à 44 ans. Un profil-­type qui confirme que des efforts doivent être entrepris en direction des jeunes générations, mais également envers l’entrepreneuriat féminin. Il est impératif de soutenir encore davantage les Suissesses dans le développement de leur initiative entrepreneuriale; à l’exemple d’un appui aux programmes de réinsertion après les congés maternité. L’économie de la Suisse a tout à y gagner.

Une bureaucratie asphyxiante

L’étude GEM s’est également penchée sur les cessations d’activités enregistrées au cours des 12 derniers mois. En Suisse, cela concerne 1,7% des entrepreneurs interrogés, un chiffre très faible par rapport aux autres économies basées sur l’innovation. La moitié d’entre eux ont décidé d’arrêter en raison d’une surcharge bureaucratique. En cause? Des systèmes de réglementation complexes qui entravent et découragent les initiatives

entrepreneuriales.

Simplifier les démarches 
entrepreneuriales

Les résultats du GEM plaident claire­ment pour une simplification des démarches entrepreneuriales: les services de conseil aux startups et leur accès pour les jeunes entrepreneurs doivent être améliorés. Le renforcement des incitations fiscales favorisant les investissements dans les start­ups est également nécessaire. De même que l’augmentation des possibilités de financement à chaque cycle de vie d’une entreprise, dans une vision de long terme. Enfin, un accompagnement plus soutenu des fondateurs de spin-­offs et une meilleure accessibilité aux parcs technologiques et incubateurs/accélérateurs d’entreprises sont indispensables, à travers tout le pays.

HEG-FR

Créations d’entreprise selon les secteurs d’activité

éTUDE GLOBALE

Le GEM en bref

Menée dans 62 pays en 2015, cette étude a pour objectif d’analyser les activités et attitudes entrepreneuriales de la population durant l’année écoulée. En Suisse, c’est la Haute école de gestion Fribourg (HEG-­FR) qui a mené l’enquête, en collaboration avec l’ETH Zürich et la SUPSI Manno en Suisse italienne. Un peu plus de 2000 entretiens téléphoniques et 36 interviews d’experts ont été réalisés afin d’identifier les attitudes, les activités et les aspirations entrepreneuriales, ainsi que les facteurs pouvant expliquer les choix des individus et la place de l’entrepreneuriat dans nos économies. L’étude GEM répartit ces dernières en trois catégories: les pays émergents, ceux en transition et les économies basées sur l’innovation dont fait partie la Suisse.

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