Publié le: 9 février 2018

Fonds publics et hyperdépendance

«no billag» – Seul un OUI à l’initiative «No Billag» changera quoi que ce soit, estime Natalie ­Rickli, conseillère nationale (UDC/ZH). Le secteur public n’a pas le monopole de la qualité!

Vous souvenez-vous des promesses faites par la conseillère fédérale Doris Leuthard et l’ancien directeur général de la SSR, Roger de Weck, après le vote de la RTVG, qui avait été remporté de justesse? Il devait y avoir une discussion publique ouverte et constructive sur le service public! Mais rien de tel ne s’est produit – c’est même le contraire qui est arrivé: la discussion n’a pas abouti. Le total des recettes provenant des redevances a quant à lui atteint 1,358 milliard de francs en 2016. Et la SSR s’est encore étendue: en plus des 17 stations de radio et des 7 chaînes de télévision – 13 sites Internet, 108 comptes Facebook, 54 comptes Twitter, 32 comptes Instagram, ainsi que 42 canaux YouTube ont été ajoutés.

Une occasion ratée à propos 
de la nouvelle concession

La semaine dernière (texte reçu le 25 janvier, NDT), dans le cadre de la Commission des médias du Conseil national, nous avons à nouveau tenté d’engager une discussion sur le service public en cas de non à «No Billag» et d’empêcher l’entrée en 
vigueur de la nouvelle concession de la SSR au 1er janvier 2019. Malheureusement, la commission ne nous 
a pas entendue et a rejeté notre 
demande. La nouvelle concession 
octroyée à la SSR est destinée à consolider les 17 stations de radio et les 7 chaînes de télévision de la SSR, ainsi qu’à développer le secteur en ligne. L’obligation de la SSR de veiller à ce que ses programmes soient «clairement reconnaissables» n’est plus un élément fondamental de la licence. Quant au nouvel article 11, il lui laisse une marge de manœuvre considérable: «La SSR développe constamment ses propres publications avec un degré élevé d’innovation créative. Les possibilités de communication des nouvelles technologies sont exploitées.»

«un non à ‹No Billag› n’ouvrira pas la 
discussion sur le 
redimensionnement.»

Quiconque pense encore aujourd’hui qu’un non à «No Billag» ouvrira la discussion, voire à un redimensionnement, se trompe. Comme la contre-proposition de l’UDC visant à réduire de moitié les redevances a également été rejetée par le Conseil national, il ne reste plus qu’une solution, c’est de voter OUI à cette initiative. Ladina Heimgartner, directrice générale adjointe de la SSR, écrivait récemment dans la NZZ: «Ce serait un grand soulagement au sein de la SSR qu’il existe une alternative réaliste permettant de faire sens et de concrétiser l’esprit de ce mandat que la société nous confie, même au cas où l’initiative ‹No Billag› devait passer.» Je n’ai pas reçu de réponse à ma question sur la raison pour laquelle les dirigeants de la SSR avaient combattu toutes les propositions et la contre-proposition au Parlement.

Plan B de la SSR

C’est une plaisanterie: la SSR n’aurait pas de plan B! Si tous ceux qui, dans le contexte actuel, disent non à l’initiative et payaient, cela représenterait une grosse somme d’argent. Pour ma part, j’achèterais aussi un abonnement au «Téléjournal». Du reste, ce programme a coûté 9 centimes par téléspectateur et par programme en 2016. Extrapolés sur un an, les coûts du TJ s’élèveraient à 33 francs. Dans la foulée, il faudrait aussi se demander pour quelle raison la SSR aurait besoin d’un management si coûteux qu’aucune solution de rechange ne soit possible. A lui seul, le directeur général gagne plus de 500 000 francs par an. Ce qui signifie que pour le payer, plus de 1100 personnes (à coup de 451 francs par unité) doivent s’acquitter de la redevance. Le potentiel d’économies est donc suffisant.

Au lieu d’assumer leurs responsabilités, les patrons de la SSR envoient leurs employés voter sur Facebook et Twitter. Avec l’aide d’artistes et de célébrités, ils prévoient un «blackout» et l’effondrement du pays. De ce fait, la dépendance de nombreuses 
personnalités, d’organisations et de secteurs entiers à l’égard des fonds publics devient encore plus visible.

Liberté d’opinion et des médias

Les défenseurs de «No Billag» sont traités d’égoïstes et de traîtres face au pays. Où en est notre démocratie, dans laquelle la liberté d’expression devrait occuper une place centrale? Cette liberté s’étendu également à la liberté et à la diversité des médias. Quiconque prétend que la liberté des médias ne devrait être garantie qu’avec des fonds publics se trompe. En fait, les rédacteurs en chef des journaux et les entrepreneurs des 
médias devraient même monter aux barricades pour «No Billag». A leurs yeux, la qualité de leur travail ne 
serait-elle possible que lorsque les médias sont financés par les redevances et l’argent public?

«pour quelle raison la SSR aurait-elle besoin d’un management si coûteux?»

Les journaux et Internet disposent d’une liberté de choix: les lecteurs et les utilisateurs peuvent décider eux-mêmes de la qualité et des médias qu’ils souhaitent consommer. Et les entreprises ne sont pas obligées de payer pour cela. À l’avenir, cela 
devrait également s’appliquer à la consommation de radio et de télé­vision! Grâce à l’abonnement volontaire et aux recettes publicitaires correspondantes, la SSR pourra être présente dans toutes les régions du pays, même après l’adoption de l’initiative «No Billag».

Natalie Rickli,

conseillère nationale (UDC/ZH)

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