Publié le: 2 octobre 2020

Forte redistribution entre conjoints

PRÉVOYANCE – L’AVS est l’assurance vieillesse et survivants. Mais elle est aussi synonyme de redistribution du riche vers le pauvre et en l’occurence surtout entre époux.

Les journées d’action et de commémoration se comptent désormais par dizaines. Un grand nombre d’entre elles soulignent des problèmes importants, encouragent la réflexion – ce qui est positif. D’autres, comme le Cheeseburger Day célébré le 18 septembre dernier, relèvent de l’absurde. Du même tonneau, il y a le Equal Pension Day, «Jour de l’égalité des retraites» nouvellement créé par les syndicats. Dont la date est fixée le jour où les hommes auraient touché un montant de retraite aussi important que les femmes durant toute une année.

L’AVS profite aux femmes

C’est vrai: les rentes moyennes de l’AVS et de la LPP des femmes sont inférieures à celles des hommes. Est-ce injuste, est-ce même répréhensible? Non! Car l’AVS et le 2e pilier sont tous deux des assurances. Et avec les polices d’assurance, le fait est que ceux qui paient des primes ou des cotisations plus élevées reçoivent également de meilleurs avantages au final.

Si les rentes moyennes de l’AVS et de la LPP des femmes sont inférieures à celles des hommes, nous ne sommes pas en présence d’une défaillance du système. La seule raison en est que la masse salariale des femmes, qui est le facteur décisif pour l’assurance sociale, est nettement inférieure à celle des hommes.

Cela n’a rien à voir avec l’inégalité des salaires – mais principalement avec le fait que le taux d’emploi des femmes est plus faible, que les femmes sont plus souvent employées à temps partiel, que les horaires de travail à temps partiel des femmes sont souvent plus bas et que les femmes sont plus souvent employées dans des secteurs à bas salaires.

Redistribuer: c’est intentionnel!

Cependant, l’AVS en particulier n’est pas seulement une assurance, mais vise également à réaliser une redistribution conforme à la volonté du législateur. Et ça marche. Les assurés à faibles revenus perçoivent des pensions par franc de cotisations versées nettement plus élevées que celles des assurés à revenus élevés.

Les femmes, en particulier, bénéficient de cette redistribution. Selon les calculs de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS), les femmes ont payé exactement un tiers des cotisations à l’AVS en 2015. En contrepartie, elles ont reçu 56% des prestations. S’il s’agit de mettre en évidence les différences entre les sexes, mieux vaut être clair: l’AVS profite aux femmes, leur «retour sur investissement» est nettement plus élevé que celui des hommes.

Redistribuer: quid du 2e pilier?

Même dans le régime de retraite professionnelle, bien qu’il ne soit pas prévu par le système, il existe une grande redistribution. Le taux de conversion minimal étant beaucoup trop élevé, environ sept milliards de francs suisses sont redistribués chaque année des employés actifs aux retraités. Les principaux bénéficiaires sont les assurés qui sont exclusivement ou principalement assurés à titre obligatoire. Et comme la proportion de prestations extra-obligatoires est plus faible pour les femmes que pour les hommes, il y a une redistribution importante de l’homme vers la femme dans le deuxième pilier, comme c’est déjà le cas avec l’AVS.

On oublie aussi souvent que les personnes qui occupent un emploi à temps partiel peu rémunéré sont souvent des seconds revenus. Dans le cas des doubles revenus, il est courant que les deux revenus soient mis dans le même pot et utilisés ensemble. La plupart des couples font exactement la même chose après la retraite. Cela signifie que les différentes pensions sont également équilibrées «au sein de la famille».

Il ne faut pas oublier non plus qu’en vertu du droit du divorce, les deux conjoints ont en fait droit à une part du capital du deuxième pilier ou à une part des pensions actuelles du deuxième pilier du conjoint. De facto, de nombreuses femmes ont donc un droit à une retraite beaucoup plus élevé que celle qui figure sur leur certificat de retraite.

Tout le charabia entourant la «Journée de l’égalité des pensions» relève donc – au même titre que la journée consacrée au cheeseburger – d’une aberration totale.

Kurt Gfeller, usam

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