Publié le: 21 janvier 2022

«Grand besoin d’innover»

HOTELLERIESUISSE – Les conséquences de la pandémie préoccupent fortement la branche. Mais la situation tendue de la main-d’œuvre qualifiée ainsi que les tendances comme la durabilité ou la numérisation font également partie des défis que l’association et ses membres relèvent.

L’hôtellerie suisse a toujours eu une bonne image et est synonyme de qualité, d’orientation client et de professionnalisme, assurant ainsi des expériences globales pour les clients, très appréciées au niveau national et international. Il n’est donc pas surprenant qu’avant la pandémie, le secteur suisse de l’hébergement était en plein essor. «En 2019, la Suisse représentait le plus grand pays de provenance avec 45 % de toutes les nuitées, explique Claude Meier, directeur d’HotellerieSuisse. 55 % des nuitées étaient alors à mettre sur le compte des hôtes étrangers.» En 2019, l’Allemagne était le deuxième marché le plus important avec 10 %, suivie par les États-Unis (6 %) ainsi que la Chine et le Royaume-Uni (4 % chacun).

«En temps de crise, il faut être à l’écoute des gens.»

Mais les restrictions de voyage internationales dues à la pandémie ont fortement modifié la répartition du marché. La part des clients suisses est passée à 69 % en 2020. «Près de 90 % du total des nuitées ont été générées par des clients de Suisse, d’Allemagne, de France, d’Italie, du Royaume-Uni, de Belgique et des Pays-Bas, précise Claude Meier. Les marchés lointains se sont presque entièrement effondrés depuis le début de la pandémie.» Bien que le marché suisse ait encore progressé en 2021, Meier reste réaliste: «Nous n’atteindrons pas le niveau d’avant la crise avant longtemps en raison de l’extrême fragilité de la situation épidémiologique ainsi que de l’absence de visiteurs en provenance d’importants marchés lointains.»

Soutien politique nécessaire

La branche est peut-être moins vigoureuse, mais n’en est pas moins innovante. On en veut pour preuve les Hospitality Summits organisés l’an dernier: «Malgré, ou peut-être justement à cause de la crise, nous avons organisé un congrès sur l’hébergement avec plus de 1000 participants, afin d’envoyer un signal fort à la branche, explique ce directeur. De plus, nous lançons, avec le soutien du SECO, un programme de coaching qui permet aux établissements de se préparer à l’avenir».

HotellerieSuisse pose d’autres jalons pour une Suisse touristique durable, en collaboration avec Suisse Tourisme et la Fédération suisse du tourisme. La faîtière se distingue par une forte gestion des crises, qui met l’accent sur les différents établissements et les personnes qui y travaillent. Ainsi, l’année dernière, le directeur a visité en personne plus de 200 établissements dans toute la Suisse – selon la devise: «En temps de crise, il faut être à l’écoute des gens!» Les nombreux récits qu’il a entendus de la part de directeurs ou de propriétaires d’hôtels l’ont beaucoup touché: «J’ai pu tirer au moins un point de chaque entretien pour lancer diverses améliorations avec l’aide de mon équipe du secrétariat et des treize associations régionales d’HotellerieSuisse.»

Pour Claude Meier, il est clair que les innovations doivent être rendues possibles malgré une base financière affaiblie. À cet égard, la branche attend du monde politique le soutien nécessaire en 2022 également. «Ce sera la seule façon d’aller de l’avant. Dans le domaine numérique en particulier, nous devons continuer à nous développer et nous positionner dans le nouvel environnement de marché», souligne-t-il. Le renforcement politique de la formation professionnelle et la promotion de l’apprentissage tout au long de la vie resteront une tâche centrale. En outre, des réformes dans le domaine des assurances sociales sont urgentes et des relations stables et bonnes avec l’UE sont essentielles pour le secteur. «Nous attendons de la politique qu’elle accélère le rythme dans ce domaine et qu’elle présente des solutions.»

La dimension durable vécue

Le secteur de l’hébergement ne se préoccupe pas seulement de penser à la gestion durable des ressources finies, il la vit aussi: «Notre engagement en faveur d’une protection active du climat et de l’environnement est suivi d’actes concrets. Les rénovations énergétiques et la lutte contre le gaspillage alimentaire sont des leviers importants.»

Grâce à la catégorie de spécialisation «Green Living Hotel», HotellerieSuisse commercialise de manière ciblée des établissements d’hébergement écologiquement durables par le biais de Suisse Tourisme. L’association engagée propose en outre à ses membres, par le biais de son «hôtel durable» numérique, de nombreux autres instruments d’aide pour permettre aux établissements d’hébergement de se positionner avec succès sur le marché sur le plan économique, écologique et social.

Hospitality Booster: l’avenir

Le thème principal actuel pour 2022 est «Future Hospitality». L’Hospitality Booster se veut une plateforme ouverte pour la promotion et l’accompagnement de projets d’innovation. «Nos membres ont ainsi la possibilité et le soutien de générer des idées, de les développer de diverses manières en projets d’innovation concrets et de mettre en œuvre à partir de là de nouveaux produits et services qui offrent une valeur ajoutée pour eux et pour l’ensemble du secteur».

Le tourisme est un secteur en pleine croissance dans le monde entier. Sur cette base, Claude Meier s’estime convaincu que cette stratégie restera la bonne après la fin de la pandémie. Corinne Remund

www.hotelleriesuisse.ch

coup de projecteur

Centre de compétences pour la branche

La Société suisse des hôteliers fut fondée en 1882 pour faire briller la branche à l’Exposition nationale de 1883 à Zurich. Aujourd’hui, HotellerieSuisse représente, en tant qu’association de branche, les intérêts des établissements d’hébergement innovants et durables de Suisse et constitue, avec ses membres et ses partenaires, le centre de compétences pour la branche de l’hébergement. Avec quelque 3000 membres, elle représente environ 75 % de toutes les nuitées de la branche. Les membres se composent d’établissements d’hébergement, d’entreprises, de restaurants et d’affiliations personnelles. L’association se bat au niveau politique et social pour obtenir les meilleures conditions-cadres possibles pour la branche afin de pouvoir se développer durablement. Parmi les prestations d’HotellerieSuisse figurent également la promotion de la qualité, de la productivité et du savoir-faire des membres et des clients, ainsi que le soutien de ces derniers dans leur gestion d’entreprise orientée vers l’avenir et les objectifs.

La formation d’une main-d’œuvre qualifiée est également essentielle. Environ 80 000 personnes travaillent dans l’hôtellerie et 240 000 dans la restauration. Avec 19,5 milliards de francs, la valeur ajoutée brute du tourisme représentait en 2019 près de 3 % de la valeur ajoutée brute totale de la Suisse. Le secteur de l’hébergement de l’hôtellerie et de la parahôtellerie (sans restauration) représentait à lui seul la deuxième plus grande part de la valeur ajoutée touristique avec 4,5 milliards de francs, soit 23 %. Toutes ces données se réfèrent aux niveaux d’avant-crise. CR

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