Publié le: 9 février 2018

Guerre déclarée aux jeunes ambitieux-ses

prestations complémentaires – La thérapie proposée par le Conseil fédéral n’est pas adéquate. Elle causerait des dommages économiques dans un domaine névralgique, celui de la création de nouvelle structures. Et les économies ne seraient pas réalisées.

Les dépenses allouées au titre de prestations complémentaires (PC) augmentent fortement d’année en année. Les réformes s’encouragent donc et sont soutenues en principe soutenues par l’usam. Cependant, la thérapie proposée par le Conseil fédéral pour assainir le système des PC ne s’applique pas au bon endroit. Les dommages économiques qu’elle causerait seraient considérables et les conséquences susceptibles de dépasser largement les économies réalisées.

«Le Conseil fédéral veut limiter davantage les retraits d’argent de la caisse de pension.»

Le Conseil fédéral veut limiter davantage les retraits d’argent de la caisse de pension. Il veut interdire aux jeunes entrepreneurs d’utiliser les fonds LPP pour créer leur propre 
entreprise. Afin de réduire la probabilité d’une augmentation des prestations supplémentaires à l’avenir, le gouvernement fédéral estime que les actifs des caisses de retraite doivent être mieux protégés.

Premier investissement

De son point de vue, cela ne pose pas de problème particulier, car il existe déjà bien assez de possibilités de 
financement des jeunes pousses sur le marché des capitaux. C’est manifestement faux. Sans l’utilisation des fonds LPP, de nombreuses entreprises ne seraient jamais créées. Dans de nombreux cas, il n’est possible en effet de collecter des fonds pour de jeunes entreprises sur le 
marché des capitaux, si et seulement si ces dernières peuvent prouver qu’elles ont déjà pris un bon départ. Et pour que cette preuve soit rendue possible, un premier investissement est nécessaire d’emblée, ce qui n’est souvent possible que grâce au deuxième pilier.

Deux ou trois tentatives

En raison de profonds changements structurels, les entreprises disparaissent sans cesse du marché. Pour compenser cette perte, la Suisse, qui ne dispose que peu de matières premières, s’appuie notamment sur le fait que de nouvelles entreprises sont constamment créées. C’est précisément dans ces entreprises que de nouveaux emplois sont créés, qu’une partie du PIB est générée, que des contrats sont attribués à des tiers, que des cotisations de sécurité sociale sont générées et que des impôts sont payés. C’est dans la nature des choses que toutes les entreprises ne réussissent pas toujours. Cela fait partie du risque entrepreneurial sans lequel aucune économie moderne ne peut se développer. Tout échec d’un jeune entrepreneur est certes regrettable, mais ne doit pas non plus être sur­évalué. Certains osent faire une deuxième, voire même une troisième tentative, avant de pouvoir s’affirmer. Ceux qui reprennent leur activité professionnelle disposent généralement de nombreuses années pour se constituer à nouveau un capital 
retraite attrayant, notamment grâce à la possibilité d’effectuer des rachats volontaires.

Les droits des assurés retraités

Le Conseil fédéral veut également interdire le retrait en espèces des fonds LPP à l’âge de la retraite. L’usam rejette également cette privation du droit des assurés retraités. Les rares cas d’utilisation abusive des fonds ne justifient une telle restriction des droits de tous les assurés. Particulièrement en période de baisse spectaculaire des taux de conversion, chaque retraité devrait continuer à avoir le droit d’investir son épargne-retraite sous sa propre responsabilité. Pour mettre un terme aux abus, il suffit de limiter les prestations complémentaires de toutes les personnes assurées qui n’ont pas correctement placé leur capital de prévoyance au strict minimum.

Kurt Gfeller,

vice-directeur de l’usam

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