Publié le: 9 mars 2018

Halte à cette propagande!

nutrition 2017-2024 – Côté sucre, l’initiative cantonale (Neuchâtel) est rejetée par les Etats. Et côté prévention, le projet de loi a été rejeté au Parlement en 2012, mais Berne remet ça. En pire.

Dans l’actualité, les Etats ont assez sèchement rejeté (mardi 6 mars) la taxe sur le sucre proposée par une initiative cantonale (neuchâteloise) par 24 voix contre 3 et 6 abstentions). Le texte demandait que la législation introduise une taxe sur les sucres ajoutés lors des processus de fabrication. Les revenus auraient été affectés à la prévention (diabète et obésité). La publicité aurait été restreintes. On respire! Pour élargir le propos, voici dans la foulée, un article sur la stratégie suisse de nutrition, rédigé par Olivier Savoy (Centre patronal).

Bien que le projet de loi sur la prévention ait été rejeté par le Parlement en 2012, la Confédération s’appuie aujourd’hui sur la Stratégie suisse de nutrition 2017-2024 pour tenter d’étendre ses compétences dans ce domaine. L’objectif est d’influencer les comportements nutritionnels avec l’aide de l’économie alimentaire. Le plan d’action destiné à mettre en œuvre cette stratégie prévoit déjà des recommandations, du matériel éducatif et un contrôle accru sur la composition des aliments, dans le cadre d’une co­ordination suisse et internationale.

Nouvel arsenal administratif

«En Suisse, tout le monde a la possibilité d’opter pour une alimentation équilibrée et variée.» Telle est la «vision» formulée dans la Stratégie suisse de nutrition 2017-2024, laquelle est désormais complétée par un plan d’action élaboré par l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) sur mandat du Département fédéral de l’intérieur. Ce nouvel arsenal administratif, récemment en consultation, est censé créer les conditions permettant à chaque individu de choisir 
librement un mode de vie sain, «indépendamment de ses origines, de sa situation socio-économique et de son âge».

Berne veut influencer la donne

L’objectif est de diffuser des recommandations, de mettre à disposition du matériel scolaire, d’inclure des connaissances en matière de nutrition dans les règlements d’examen des écoles professionnelles du secteur alimentaire. Pour créer des conditions propices au choix d’un mode de vie sain, la Confédération voudrait accroître son influence sur la composition des denrées alimentaires, encourager les repas sains dans les écoles, les entreprises et les centres de soins, restreindre la publicité destinée aux enfants – sur une base volontaire de l’économie privée.

«Le leitmotiv des ‹choix sains sans contrainte› se résume ainsi à quelques paroles creuses.»

Selon le Conseil fédéral, la mise en œuvre de ce plan d’action doit reposer essentiellement sur une base 
volontaire et incitative. Les consommateurs doivent pouvoir opérer 
des choix sains sans qu’on les y contraigne… Il est néanmoins permis de douter de cette louable intention puisqu’il est prévu que la Confédération ne se contente pas de fournir des informations, mais qu’elle influence directement l’offre de denrées alimentaires, l’éducation des enfants et des jeunes, la planification des repas de la population active.

Le leitmotiv des «choix sains sans contrainte» se résume ainsi à quelques paroles creuses, aidant surtout à masquer l’absence de base légale d’un tel plan d’action. On se souvient en effet que le Parlement a rejeté en 2012 le projet de loi fédérale sur la prévention, notamment pour des raisons financières. Pourtant, aujourd’hui, la Confédération ne veut plus se contenter de «diffuser des connaissances scientifiques en matière de nutrition» (art. 24 al. 2 de la loi sur les denrées alimentaires); elle préfère interpréter la législation de manière extensive afin de déployer un activisme qui confine à la propagande.

OĂą sont les parents?

Le plan d’action revendique, sur le plan suisse et international, le soutien des cantons, des écoles et d’un nombre impressionnant d’acteurs du secteur de la nutrition, de partenaires, d’ONG et d’autres organisations qui ne sont jamais décrites explicitement. En revanche, il laisse à l’écart les parents, qui sont les premiers responsables de l’éducation et de l’entretien des enfants.

On devrait renoncer à l’idée qu’il y a de «bons» et de «mauvais» aliments, et s’appuyer plutôt sur une approche globale comprenant l’ensemble des circonstances de la vie. Comme on le sait, c’est la dose qui fait le poison. En ce sens, les informations nutritives pertinentes doivent être accessibles de manière transparente pour les consommateurs, sans appréciation positive ou négative. Cela exclut les indicateurs du genre «feux tricolores» ou d’autres systèmes d’évaluation s’apparentant à une contrainte – et qui contrediraient ainsi les principes énoncés dans la stratégie fédérale.

En outre, la liberté économique doit absolument être préservée. Les recommandations dans les points de vente, les évaluations et autres appréciations unilatérales représentent des distorsions à cette liberté. On ne conteste pas que la population ait besoin d’informations circonstanciées sur la nourriture. Mais cela relève de la responsabilité première des producteurs et des détaillants alimentaires. Il faut en revanche rester critique face à la promotion étatique de tel ou tel mode de vie «sain»: il n’y a pas de connaissance ou de vérité absolue à ce sujet. Le choix du mode de vie doit rester une décision individuelle. Olivier Savoy (CP)

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