Publié le: 8 novembre 2019

«Je suis un climato-énergo-optimiste!»

ÉNERGIE – Vice-président de l’usam, André Berdoz est aussi un entrepreneur (Electro Techniques S. A. à Grandvaux). Spécialiste de l’énergie, il partage le fruit de ses réflexions avec les lecteurs du JAM.

Homme de terrain, il m’est demandé depuis de nombreuses années de mettre en place des installations techniques efficientes et rentables avec le souci du retour sur investisse­ment. La demande est soutenue, mon travail passionnant.

Qu’est-ce qui a été entrepris à ce jour? Pensons à la révolution de l’éclairage: les sources lumineuses incandescentes et fluorescentes ne se fabriquent plus; la solution LED nettement plus économique au niveau de la consommation et aisément gérable a été adoptée sans que l’on s’en rende compte. La technique du bâtiment au niveau de la gestion de la température et de l’électricité a considérablement progressé et c’est très réjouissant. Les matériaux de construction ont été révolutionnés.

Les incitations Minergie sont une réussite, et je salue aussi l’action de l’Agence de l’Energie AEnEC (www.enaw.ch) soutenue par l’usam. A ce jour, plus de 4000 entreprises tous secteurs confondus, ont réussi grâce à cette organisation à mettre en place d’elles-mêmes et sans contrainte des économies d’énergie représentant plus de 647 millions de francs. L’étape suivante de l’AEnEC se dirige vers l’objectif zéro carbone.

Et aujourd’hui, où en est-on ? Energies thermique et électrique sont produites sur les lieux d’habitation et de travail. Nouveauté à partir du 1er janvier 2018, l’énergie électrique peut être consommée sur place, on y est même encouragé par le concept d’autoconsommation collective. A surveiller: aujourd’hui, pour l’électricité produite et consommée sur place, aucune taxe n’est prélevée, ce qui doit perdurer.

Un nouveau marché très prometteur apparaît dans le domaine de la gestion de l’énergie électrique sur site. Concrètement, un seul compteur électrique muni d’intelligence artificielle (permettant un relevé automatique à distance chaque 15 minutes) peut être déployé par le distributeur d’énergie pour un immeuble occupé par plusieurs utilisateurs/entreprises/copropriétaires.

«Les gagnants ont un plan, les perdants des excuses.»

Un décompte de charge pour la consommation d’électricité, par des compteurs privés, comme pour le chauffage, sera établi par le régisseur/propriétaire.

Toute cette technologie de gestion à venir devra être réalisée au travers de l’Internet des objets, via les réseaux de communication sans fil (Natel) GSM 5G. La polémique 5G qui n’a pas lieu d’être se sera éteinte d’ici là.

Autre source de production d’électricité et de chaleur sur site: la cogénération, soit le couplage chaleur-force. Malheureusement très peu répandus en Suisse romande, ces couplages alimentés au gaz naturel garantissent le chauffage des bâtiments et produisent de l’électricité selon la règle suivante: 60% de l’énergie transformée en chauffage, 30% en électricité et 10% en pertes. C’est une excellente solution de transition pour les quinze prochaines années.

Notre avenir tout électrique, c’est à la fois réjouissant et inquiétant. Réjouissant, car ce sont des installations propres, non polluantes. Inquiétant, car en Suisse nos infrastructures ne nous permettent pas un tout électrique. Il y a lieu de diversifier: une pompe à chaleur offre un excellent rendement, mais reste asservie uniquement à l’électricité – même si on va pomper de l’eau dans le lac.

La géothermie relève de la même réflexion. Une bonne solution est offerte par le chauffage à distance avec des copeaux/plaquettes de bois, qui permet l’entretien et la rentabilité des forêts. Aujourd’hui, la qualité de notre approvisionnement électrique est extraordinaire: quasi pas de coupure, une énergie disponible à tous les instants. En revanche, les périodes de janvier, février, mars créent des soucis aux distributeurs d’énergie, car les réseaux électriques sont saturés et non extensibles.

Les importations d’électricité – fait nouveau – sont de plus en plus massives. C’est à l’image du trafic routier, le réseau n’évolue que très peu et pourtant il faut que l’on fasse circuler toujours plus de véhicules. En électricité, «bouchon» signifie «blackout»!

La première urgence est le gros défi de garantie d’approvisionnement en Suisse posé par l’extinction progressive des centrales nucléaires: il faut impérativement trouver un moyen pour produire une énergie de ruban (énergie constante et non aléatoire).

La Suisse est travailleuse, tient à sa qualité de vie et à la préservation de ses paysages, se veut inventive depuis fort longtemps et cherche activement à solutionner tous ensemble cette équation de l’énergie et du climat. L’action est menée conjointement par les politiques, l’économie et les hautes écoles. Les PME s’y investissent énormément et développent de nouvelles opportunités favorables à notre prospérité. Il faut admettre que cela prend un certain temps.

Le monde politique n’a pas à punir le citoyen-entrepreneur en l’assommant de taxes, mais doit faciliter encore plus la production d’énergie sur les lieux même de consommation (travail et habitation). Actuelle­ment, les autorisations sont trop compliquées à obtenir, lentes, et sont décourageantes.

«Le monde politique n’a pas à punir le citoyen-entrepreneur en l’assommant de taxes.»

Les agitateurs minoritaires (il y en a toujours eu) qui sèment le trouble dans l’ordre public et sont portés aveuglément par beaucoup de médias ne m’impressionnent pas. Laissons produire des richesses par ceux qui mettent leur génie au service de la collectivité.

Les gagnants ont un plan, les perdants ont des excuses.

André Berdoz, vice-président de l’usam

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