Publié le: 8 septembre 2017

Jeune pousse romande à «liker»

innovation – Née cet été, BaoObab propose une relecture autour de la notion de cadeau d’entreprise. Revenus de Chine avec des idées plein la tête, Philippe Nasr et Anne-Lise Dequenne s’autofinancent, mais la start-up recherche des investisseurs.

Ils sont jeunes et se lancent. Né en 1993 à Genève, Philippe Nasr et sa compagne Anne-Lise Dequenne (absente lors de l’interview, ndlr) veulent innover dans le domaine du cadeau d’entreprise et du cadeau d’affaire: «Notre clientèle cible, ce sont les PME jusqu’à 50 employés qui cherchent à représenter physiquement leur marque auprès de leur clientèle ou lors d’évènements, explique Philippe Nasr. Nous visons aussi les jeunes entreprises qui ont besoin de créer une image de marque et développer fortement leur clientèle et leur visibilité.»

Forte envie d’entreprendre

«Durant nos études, c’était incroyable de voir à quel point la plupart des étudiants ne voyaient pas l’entrepreneuriat comme une possibilité de carrière», lance Philippe Nasr en dégustant un petit café à Lausanne. Entré à «sciences po» à Genève pour faire du journalisme, Philippe s’implique à l’AIESEC, dont il devient vice-président Projets, puis président du comité local. «Nous avions mis sur pied un forum startup, modeste mais viable, qui a suscité l’intérêt des étudiants, ce qui était notre but, raconte-t-il avec une once de fierté. Après trois éditions, j’ai remis le flambeau…»

En terminant ses études au bout du lac (Léman) en juin 2016, il tombe sur une annonce et réalise que la Chine ne l’attire pas d’emblée. Mais il se ravise et envoie tout de même sa candidature pour un séjour organisé par le centre ICL (pour Integrate Chinese Life). L’idée est de sensibiliser des jeunes à l’économie chinoise et au mandarin. Sélectionné parmi 256 étudiants, avec un apprenti et deux étudiantes, l’une de la HEIG-VD et l’autre de HEC-Lausanne – sa future compagne –, il s’envole pour l’Empire du Milieu.

Cadeaux de PME: quelle banalité!

Arrivé à Shanghai, il s’active à la Chambre de commerce suisse et parvient à étendre son stage, de deux à neuf mois, prenant des cours de chinois le matin, travaillant à la Chambre l’après-midi. Un éloignement qui contribue à la maturation du projet. «BaoObab est basé sur le constat que les PME proposant des objets promotionnels manquent d’écoute face aux besoins précis de leur clientèle, leurs catalogues d’objets sont d’une banalité affligeante. En revanche, la Chine regorge de trouvailles intrigantes aux yeux des Suisses.»

Philippe Nasr pose sur la table une petite boite métallique dans laquelle on trouve un «handspinner» développé pour son premier client, le Swiss Center de Shanghai, à 300 exemplaires, à l’occasion d’un grand raout. «Il fallait exprimer l’innovation, la tradition suisse et les relations Suisse-Chine», résume-t-il en faisant tourner l’objet silencieusement. Il arbore les drapeaux chinois et suisse, évoque un couteau suisse ou une pièce horlogère: stabilité, prospérité, durabilité, rapidité et continuité.

Le deuxième produit (photo) ressemble à une galette en savon, lisse, odorante. C’est une céramique que BaoObab développe pour un nouveau client. «Nous avons aussi une petite pyramide musicale qui grâce à un système d’aimants, se trouve en lévitation.»

Pourquoi BaoObab et cette graphie curieuse? «Il s’agit d’un 8 couché à plat évoquant l’infini, «Ba» signifiant l’infini en chinois, précise Philippe Nasr. De plus, c’est un arbre dont on dit qu’il pousse à l’envers: nous voulons inverser l’approche, partir du client et non du catalogue.»

Sympa, mais que proposent-ils? «Une séance de réflexion gratuite de 45 minutes sur les valeurs de leur entreprise, le produit et les receveurs, détaille le jeune entrepreneur. Puis, nous revenons avec deux à cinq produits personnalisés exclusifs et qui correspondent parfaitement à l’image souhaitée: de nouveaux objets, souvent peu connus sur le marché européen qui créent un effet de surprise et du bouche-à-oreille.»

Et ont-ils les moyens de décoller? «Jusqu’ici nous nous autofinançons. Nous recherchons un financement d’environ 200 000 francs pour un développement sur trois ans. Notre recherche de financement passera par les organismes de soutien ou par le biais d’investisseurs.»Basé à Genève, Philippe Nasr et Anne-Lise Dequenne visent pour commencer une expansion dans toute la Suisse romande. «Dès que nous aurons les ressources nécessaires, nous couvrirons la suisse alémanique.» Amibitieux? Une affaire à suivre. Ou à liker, c’est selon!

François Othenin-Girard

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