En décembre 2019, le Parlement a adopté la décision de planification sur l’acquisition de nouveaux avions de chasse (Air2030). Il y est précisé que les nouveaux avions de combat doivent être achetés pour un montant maximum de 6 milliards de francs suisses d’ici 2030. Les entreprises étrangères qui obtiennent des contrats dans le cadre de la procédure de passation de marchés doivent compenser 60% de la valeur du contrat en attribuant des contrats en Suisse (ce qu’on appelle des compensations).

Comme on le sait, le monde et l’Europe ne sont pas devenus plus sûrs ces dernières années. Les conflits au Moyen-Orient, l’annexion de la Crimée, la crise qui couve encore dans l’est de l’Ukraine, les tensions croissantes entre les Etats-Unis et la Chine, etc. le montrent clairement.

Cette évolution est l’une des raisons pour lesquelles la décision de planification au Parlement a été prise à une très large majorité. Le Conseil national a approuvé la proposition par 123 voix contre 68 avec 5 abstentions et le Conseil des Etats par 33 voix contre 10 avec 1 abstention.

Malgré ce verdict clair, les milieux rétrogrades du Groupe suisse sans armée (GSsA), qui depuis plus de trente ans saisissent toutes les occasions de remettre en question l’armée et la politique de sécurité de la Suisse, ont lancé un référendum, raison pour laquelle le projet de loi sera soumis au vote le 27 septembre.

Surveiller notre espace aérien

Pour notre sécurité, nous devons surveiller l’espace aérien et nous défendre en cas d’attaque. En tant qu’Etat neutre, nous voulons être aussi peu dépendants que possible d’autres Etats ou organisations. Pour une protection et une défense efficaces de l’espace aérien, il est nécessaire de combiner des avions de chasse et une défense aérienne basée au sol. Les avions de chasse et les systèmes de défense aérienne à courte portée basés au sol sont aujourd’hui obsolètes. Il n’y a pas d’alternative.

Les PME, épine dorsale de l’économie, sont à l’origine de la défense nationale. En termes de politique d’Etat, Air2030 est un modèle important pour l’ensemble de la société et de l’économie. La création de conditions-cadres stables est importante pour l’économie et les PME suisses. La neutralité est un facteur de localisation important pour la Suisse. Mais nous ne pouvons être vraiment neutres que si nous sommes capables de nous défendre. Cela n’est pas possible sans une force aérienne efficace.

Un plus pour l’économie

Air2030 est également un projet d’investissement pour l’économie. Lors de l’acquisition de nouveaux avions de combat, les fabricants doivent compenser 60% de la valeur du contrat, et dans le cas de la défense aérienne basée au sol sur de longues distances, même la totalité de la valeur du contrat en attribuant les marchés en Suisse. Ils doivent le faire avant tout dans le domaine de l’industrie liée à la sécurité, en tenant compte de manière appropriée de toutes les régions nationales. Les 60% de la valeur du contrat sont répartis entre une part de 20% de contrats directs et une part de 40% de compensations indirectes. Les compensations directes font référence aux commandes et aux coopérations directement liées à l’avion. La majorité des collaborations possibles, c’est-à-dire les compensations indirectes, se situent dans les domaines des programmes civils et commerciaux, des transferts de technologie et des études de recherche. Celles-ci permettent aux entreprises suisses d’avoir accès à des technologies de pointe et à un volume de commandes supplémentaire. Les industries de la construction mécanique, de la métallurgie, de l’horlogerie, de la construction de véhicules et de wagons ou les industries de l’optique et de l’électronique et de l’électrotechnique peuvent en bénéficier, tout comme d’autres comme les fabricants de produits en caoutchouc et en plastique et le secteur de l’informatique et du génie logiciel.

Après la votation

Si la proposition Air2030 est adoptée fin septembre, 2021 verra la sélection de types pour de nouveaux avions de chasse et pour un nouveau système de défense aérienne basé au sol sur des distances plus longues. Dans le cadre du processus d’évaluation actuel, les types d’avions Eurofighter (Airbus, Allemagne), F/A-18 Super Hornet (Boeing, Etats-Unis), Rafale (Dassault, France), F-35A (Lockheed-Martin, Etats-Unis) ainsi que les systèmes de défense aérienne au sol SAMP/T (Eurosam, France) et Patriot (Raytheon, Etats-Unis) sont en cours d’évaluation. L’acquisition proprement dite sera à nouveau soumise au Parlement via le message de l’armée de terre 2022.

Dieter Kläy, usam