L’année dernière, l’AVS a réalisé un excédent de près de 2,6 milliards de francs. La «faute» en revient principalement aux marchés financiers, qui ont connu une véritable envolée en 2021. Un montant de 1,7 milliard de francs a pu être généré sous forme de revenus du capital. Le budget prévoyait «seulement» 774 millions de francs. Grâce au brillant bilan de l’année 2021, l’AVS disposait au début de l’année d’un stock de capital de 52,4 milliards de francs.

Poussée de croissance

À court terme, il y a même d’autres nouvelles réjouissantes concernant les finances de l’AVS. L’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) s’attend à court terme à une plus forte augmentation de l’emploi et à une croissance plus importante des salaires réels, ce qui augmentera sensiblement les recettes de l’AVS et permettra d’obtenir de meilleurs résultats. Selon les dernières perspectives de financement, la Confédération part du principe que l’AVS ne tombera dans les chiffres rouges qu’en 2029. Jusqu’à présent, on s’attendait à ce que ce soit le cas quatre ans plus tôt.

La question se pose donc: le projet d’assainissement de l’AVS sur lequel nous voterons le 25 septembre est-il devenu superflu? Et: peut-on renoncer à l’augmentation des taux de TVA et à l’âge de la retraite à 65 ans sans distinction de sexe?

Comme on gagne, on perd

La réponse est: non, certainement pas! Car, d’une part, le vent a tourné sur les marchés financiers. L’AVS a perdu cette année beaucoup d’argent dans ses deux principales catégories de placement – les placements à revenu fixe et les actions. On peut s’attendre à ce que le joli gain en capital de 2021 se soit entretemps volatilisé. Il n’est pas certain que cela puisse encore être corrigé d’ici la fin de l’année. Compte tenu des incertitudes actuelles – nous parlons ici d’Ukraine, de Taïwan, des chaînes d’approvisionnement, de l’énergie – il faut plutôt s’attendre à des pertes encore plus élevées. Il est fort probable que les comptes 2022 soient bien pires que ceux prévus au budget. Les déficits attendus arriveront probablement plus tôt que plus tard.

D’autre part, les variations à court terme ne permettent pas de rompre une tendance de long terme. Les déficits de plusieurs milliards arrivent, même si c’est un peu plus tard. Et ils augmentent alors de manière exponentielle. Sans corrections rapides, les réserves financières de l’AVS seront totalement épuisées d’ici une quinzaine d’années.

Comparable à un cargo

L’AVS est comparable à un bateau de marchandises: elle avance paresseusement et reste difficile à manœuvrer. Les corrections ne déploient leurs pleins effets qu’après des années. Il ne faut donc pas attendre que l’AVS soit dans le rouge pour l’assainir. Des réformes rapides sont nécessaires. AVS 21 est un premier pas important vers des finances de l’AVS saines à long terme et des rentes sûres. Elle mérite donc un double OUI le 25 septembre.

Kurt Gfeller, usam

www.assurer-avs.ch