Publié le: 2 juin 2017

La chasse au vilain sucre est ouverte

PATERNALISME – Après le tabac et l’alcool, c’est au tour du sucre d’endosser le rôle de «grande menace» contre notre santé. 
Sa prohibition qui en rappelle d’autres, était déjà un moto très populaire en Europe: désormais, la Suisse occidentale s’y colle.

Plus possible d’ignorer la lutte contre le sucre. Bien que selon les sondages, une large majorité du peuple rejette l’introduction de taxes sur le sucre, que le Conseil fédéral n’a pas formulé de volonté de légiférer à ce sujet, il s’agit de prendre acte de cette intensification d’une volonté de législation. A la bourse, le sucre patine sur son plus bas en un an – au plan politique, en revanche, le thème est dans toutes les bouches: l’idée d’introduire des taxes devient de plus en plus populaire. La conseillère national Laurence Fehlmann Rielle (PS/GE) évoque même l’idée d’un impôt sur le sucre. Bien que l’idée ne plaise pas à Berne, elle rencontre un écho grandissant en Suisse romande.

au plan politique, le thème est dans toutes les bouches!

Le sujet sera bientôt discuté sous la coupole fédérale. Laurent Kaufmann, député Vert au Grand Conseil neuchâtelois, a proposé au parlement cantonal d’introduire, au niveau fédéral, une taxe sur le sucre dont le produit serait affecté à la prévention et pour une restriction des produits alimentaires à haute valeur énergétique. Le Grand Conseil a approuvé par 71 voix contre 38 l’initiative cantonale qui sera soumise à l’Assemblée fédérale afin de restreindre l’accès aux denrées alimentaires à haute valeur énergétique.

Une taxe au sucre? Pas question

Parallèlement à l’initiative du canton de Neuchâtel, Fribourg étudie un texte qui envisage l’interdiction de la consommation et de la vente de certaines boissons, sodas et barres chocolatées dans les distributeurs automatiques et restaurants scolaires. Le Conseil d’Etat vaudois a quant à lui annoncé qu’il avait l’intention d’introduire une taxe cantonale sur les boissons sucrées pour financer une partie de la prise en charge des soins dentaires. Il prévoit une taxe de maximum 30 centimes par litre. Ce contre-projet, qui représente une alternative du gouvernement à l’initiative cantonale «Pour le remboursement des soins dentaires», prévoit que le prélèvement se fasse chez les grossistes qui distribuent ces boissons sur le sol cantonal.

Alors que l’OMS préconise de taxer à hauteur de 20% les boissons sucrées, que certaines villes des Etats-Unis ont décidé d’introduire une taxe sur les boissons sucrées, il n’est pour l’instant, en Suisse, pas question d’imposer une taxe au sucre ou de bannir certains produits. La Suisse adopte une approche volontaire. Les producteurs suisses de denrées alimentaires et des représentants du commerce de détail se sont engagés, sur une base volontaire, à réduire les quantités de sucre dans les denrées alimentaires. Ce n’est pas pour autant que la Confédération lâche la pression sur le sucre. Elle a commandité une étude sur une réduction du taux de saccharose dans les céréales, sans toutefois altérer leur goût auprès de la clientèle. L’étude en question doit être achevée d’ici la mi-2019 pour un budget compris entre 150 000 et 250 000 francs. Un mandat comparable a été confié à Agroscope pour les yoghourts. Or, n’est-il pas de la responsabilité de l’économie de produire des aliments sains? L’économie privée connait les envies des consommateurs. Il est temps de cesser de jeter l’argent du contribuable par les fenêtres et de laisser le secteur privé agir dans ce sens en laissant la possibilité aux entreprises d’en faire un atout marketing.

Diabolisation ridicule

Comme tout aliment, le sucre n’est pas intrinsèquement mauvais pour la santé. Tout est une question de quantité.

Étouffons le mal dans l’œuf! combattons cette diabolisation ridicule!

Le consommateur, libre, majeur et le plus souvent vacciné, a un comportement responsable qui va l’amener à ne pas adopter un comportement auto-destructeur. Il est dangereux de créer une nouvelle loi qui vise à déresponsabiliser le citoyen en faisant passer à la caisse les salariés, les indépendants et tous les consommateurs responsables. Efforçons nous d’étouffer le mal dans l’œuf. Il faut combattre cette diabolisation ridicule. Quelle denrée alimentaire, produit de consommation sera le prochain sur la liste? A quand la taxe sur la viande rouge et les cosmétiques?Hélène Noirjean,

Responsable aménagement 
du territoire, agriculture 
et commerce, usam

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