Publié le: 5 février 2021

La marmite des PME bouillonne

CORONA-BLUES – Outre-Sarine, des patrons s’expriment. Ils en ont assez de devoir assister à la destruction des entreprises sans pouvoir bouger. Pour l’usam, il est grand temps de relancer l’économie.

Quelques semaines après le début de la deuxième période de fermeture, l’ambiance dans les milieux des PME suisses est au plus bas. Quelques semaines après le début de la deuxième période de fermeture, l’ambiance dans les milieux des PME suisses est au plus bas. «Ce ne sont pas les fauteurs de troubles qui se plaignent désormais, estime André Berdoz, entrepreneur et vice-président de l’usam. Ce sont des entrepreneurs chevronnés qui se tiennent aujourd’hui devant les débris de leur entreprise, l’œuvre d’une vie, en se disant que tout est fini.»

L’entrepreneur zurichois Werner Scherrer, président de l’Union cantonale zurichoise et membre du comité directeur, qui n’a rien d’un alarmiste, résume ainsi ce qu’il entend de la bouche de ses membres: «Ça bouillonne et ça fume à tous les coins de rue – la Suisse semble sur le point d’exploser. Les gens en ont ‹marre›», dit-il, «et certains – surtout si leur entreprise a déjà fait faillite – ne veulent même plus parler. D’autres ont demandé: ‹Qu’est-ce qu’on est censé faire d’autre? Et pourquoi personne ne nous écoute?›»

«Raz-le-bol existentiel»

Werner Hotz, président des arts et métiers à Pfäffikon, note «un fort sentiment d’injustice». Certains patrons de PME souffrent selon lui de difficultés existentielles. «Normalement, la plupart des entreprises veulent que l’Etat les laisse tranquilles, explique-t-il. Mais si ce même Etat nous impose une interdiction professionnelle, il doit fournir rapidement des dédommagements, sinon de nombreuses PME qui étaient viables seront mises en faillite.»

Et de souligner que ses membres entendent parler des programmes de soutien dans les médias mais que rien ne se passe. «Nous, les indépendants, sommes habitués à la prise de risques et pouvons y faire face. Mais dans ce cas, nous ne sommes pas responsables de cette situation.»

Le marchand de boissons Roger Bösch, de Nürensdorf (ZH), déclare: «Beaucoup n’ont ni la force ni l’énergie de continuer. Ils sont sur le point de perdre complètement courage.» Lors de la première fermeture au printemps dernier, ils se sont soumis aux mesures officielles et essayé d’en tirer le meilleur parti. Aujourd’hui, cet élan a disparu, l’argent n’est pas là et dans les médias régionaux, les «faillites en masse» s’accumulent. «De nombreux entrepreneurs, et pas seulement dans le secteur de la restauration, se sentent maltraités et abandonnés par l’Etat.»

«Nos PME détruites»

Thomas Kellersberger, président de l’Association des artisans et PME de Wädenswil, tient des propos similaires: «Ce qui se passe ici est un désastre.» Son père de 89 ans ne comprend pas les mesures imposées par le conseiller fédéral Alain Berset et l’Office fédéral de la santé publique: «Il vaut mieux protéger ceux qui travaillent à notre AVS que nous, les personnes âgées», lâche-t-il.

Et le propriétaire de l’entreprise de construction Kellersberger est du même avis: «Ceux qui essaient de nous ruiner sont assis sur leur chaise en attendant leur salaire et continuent à se dorer la pilule, tandis que nos employés et nos chauffeurs ‹se les gèlent› et ne savent même pas où ils pourront prendre un repas chaud.»

Il voit des collègues désespérés. «Certains se lamentent en voyant le travail de toute une vie réduit à une peau de chagrin, après des décennies de labeur.»

«Cela ne peut plus durer!»

Pour l’usam et son directeur Hans-Ulrich Bigler, «les choses ne peuvent pas continuer ainsi ! La Confédération ne peut pas rester sans rien faire alors que des secteurs entiers de l’économie sont détruits.» L’usam attend donc une réouverture de l’économie – «et très rapidement».

Gerhard Enggist

Pour certains patrons: la Suisse est sur le point d’imploser.Photo: 123RF

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