Certaines montres suisses sont chères – il suffit de penser à Rolex ou Breitling. D’autres sont bon marché, comme la légendaire Swatch. La start-up MQT prouve que le vent s’est remis à souffler sur le milieu de gamme: «Beaucoup de temps pour peu d’argent» est son credo. Et l’objectif est clair: «Nous vendons la montre suisse dotée du meilleur rapport qualité-prix.»

Deux personnes, une passion

Hanna Sterchi (24 ans) et Thomas Heer (27 ans) se sont rencontrés dans une grande banque. Il y travaille toujours. Elle s’active aujourd’hui dans le service commercial et marketing d’une entreprise bernoise de wellness. Ce couple partage une passion: la qualité. Et quoi de mieux qu’une montre suisse pour l’incarner?

À l’origine, les partenaires sont au nombre de trois, les jeunes fondateurs de la start-up ont été inspirés par les mousquetaires. Les trois épées complètent l’acronyme, une nouvelle marque suisse est née. Dans la MQT, tout est suisse à l’exception du verre saphir anti­reflet. La toquante bernoise incarne le renouveau de l’artisanat suisse, de son design simple et élégant au mouvement ETA – en passant par les brace­lets de montres interchangeables. Tout qu’il y a de plus suisse.

Hérité du grand-père

«J’ai reçu ma montre de confirmation de mon grand-père, déclare Thomas Heer. Depuis, je suis fasciné par la longévité des montres suisses.» Du coup, Heer et sa partenaire Hanna Sterchi ont été impliqués dans la législation sur la Swiss­ness et en ont pris connaissance. À partir de 2017, les montres suisses à bas prix ne sont plus distribuées de manière rentable par des intermédiaires. Et à partir de 2019, les entreprises horlogères étrangères ne pourront plus produire légalement des montres Swiss made – à moins qu’elles ne délocalisent ici le développement technique et la production de prototypes. «De plus, analyse ce couple d’entrepreneurs, les marges élevées sont la norme dans l’industrie horlogère. Certaines montres suisses sont de véritables produits de luxe, alors que celles du segment des prix bas ne répondent souvent pas aux exigences modernes.»

La solution, la voie online

Que faire dès lors? La solution pour MQT passait par le commerce électronique. La vente directe fait baisser le prix de vente pour le client, le marketing en ligne permet des délais de livraison courts. Selon Sterchi et Heer, cette simplicité correspond à la tendance actuelle. A cela s’ajoute la vente par des intermédiaires triés sur le volet, qui partagent la même vision tout en renonçant pour l’instant à leur marge. Cela permet à cette PME bernoise d’entrer sur son marché.

Fondées en mars 2017, les montres MQT étaient sur le marché le 8 décembre 2017, juste à temps pour les ventes de Noël. Avec Google, Facebook et Instagram, la société d’abord implantée à Breitenrain à Berne, dans le quartier voisin de Westside, a établi sa présence en ligne. Puis, le bouche à oreille a fait le reste.

«Ce fut un raz-de-marée dès le premier jour», se souvient Heer. Un début! Depuis quelques semaines, le couple a ouvert sa première boutique à Bâle Spalenberg, où l’on peut avoir regarder de plus près toute la collection. Enfin, MQT a ouvert en République tchèque, près de Prague, son premier point de vente à l’international.

Les indicateurs pointent le vert. «Jusqu’à présent, chaque franc que nous avons gagné a été réinvesti.» Bientôt, un premier chronographe MQT sera le moteur de l’entreprise – il sera doté du Swiss made, bien sûr.

Exportations en vue

«Nous avons dû engager des collaborateurs assez rapidement», explique Hanna Sterchi en revenant sur les débuts, il y a près d’un an. C’est à Bioggio, proche des rives du lac de Lugano dans le Tessin, que la production et les réparations sont effectuées. «Jusqu’à présent, nous n’avons pas procédé à une seule réparation», précise Heer.

Non seulement les ventes intérieures, mais aussi les exportations sont en ligne de mire. Les montres MQT sont principalement livrées en Allemagne et en République tchèque, mais aussi aux États-Unis et au Canada. La zone UE, la Pologne et la Russie représentent de nouveaux marchés que MQT s’efforce d‘atteindre.

Et l’énorme marché chinois? «Non», lâchent Sterchi et Heer d’une seule voix. Car dans le segment des bas prix, l’Empire du Milieu est déjà leader du marché et MQT ne peut pas concurrencer des marques comme Daniel Wellington (Suède) ou Paul Hewitt (Allemagne), «après tout, nous sommes une PME horlogère et non une entreprise de mode.»

Et de poursuivre: «Une telle concurrence rapporte déjà des millions par le biais du commerce électronique, sans même s’approcher de la promesse qualitative du ‹Swiss made›. Ici, MQT veut être un pionnier et offrir une véritable alternative.»

Une marque suisse, rien d’autre!

Les fondateurs de MQT ont également rejeté l’offre d’un grand magasin suisse d’inclure MQT dans son exposition. «Nos produits doivent être perçus comme une marque suisse, conviennent Sterchi et Heer. Il n’y a donc pas de place pour nous entre des produits bon marché surévalués.»

Et c’est ainsi que cette équipe soudée continue sur sa lancée: avec un souci constant de la qualité suisse à des prix abordables. Avec actuellement 71 combinaisons de montres différentes, les fabricants de MQT profitent de la réputation des produits et services suisses, de la qualité du travail local, de la flexibilité des collaborateurs et des clients – et enfin et surtout d’une grande durabilité en matière de prix.

Les montres pour dames sont disponibles à partir d’un budget supérieur à 200 francs. La collection pour hommes – avec cadran en marbre sur demande – coûte moins de 270 francs. L’idéal pour un cadeau de Noël, un cadeau d’entreprise ou simple­ment pour se faire plaisir.

Surprenante, cette PME bernoise nous rappelle que l’horlogerie suisse a dès ses débuts payé les galons de sa réussite sur les marchés du milieu de gamme.

Gerhard Enggist

Adaptation: JAM

www.mqtwatches.com