Publié le: 8 mars 2019

La nouvelle attitude lettonne

RECYCLAGE – Chaises, tables, portes et meubles designs à reprendre? Morgan et Marina Altman ont créé une nouvelle PME afin de mieux conjuguer la relation entre utilisateurs, à l’imparfait et au futur simple.

Rien – mais absolument rien – ne prédisposait Marina Altman à lancer sa boite. Cette Lettone, croisée au salon des cleantechs à Lausanne ­mi-février, étudiait les sciences informatiques à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETH). Durant son temps libre, elle se baladait avec son compagnon, Morgan Altman, dans la banlieue zurichoise.

Or quelque chose la frappe d’emblée: un bâtiment contenant des monceaux de chaises, de tables, d’armoires, bref de meubles inutilisés et entassés dans des locaux désertés. Des objets appartenant selon toute vraisemblance à des entreprises disparues. Et surtout, du matériel de grande qualité, parfois des objets de design.

De l’idée à l’entreprise

La première réaction est celle de l’usager: «Chez nous en Lettonie, des objets de valeur ne seraient pas abandonnés de manière aussi visible.» Il restait à trouver qui pourrait en profiter. C’est la réaction ­entrepreneuriale dans un deuxième temps. En simplifiant la moindre, c’est ainsi que Rewinner est née – de l’envie de faire durer le rapport gagnant gagnant entre deux utilisateurs. En deux temps trois mouvement, Marina et Morgan obtiennent le soutient de Climate-Kic, un partenariat public-privé qui investit dans l’innovation en lien avec le changement climatique.

Leurs clients? Des start-ups, de jeunes pousses qui manquent de mobilier mais qui souhaiterait tout de même des objets de qualité. Des espaces de coworking qui n’ont que peu de moyens pour le matériel. Rewinner s’occupe de tout ou presque: prendre des contacts du côté des repreneurs, se rendre sur place pour inspecter le matériel proposé par les vendeurs, assurer également au besoin la partie logistique.

La débrouillarde Marina n’en est pas à son coup d’essai. Durant la période précédente, elle exporte des portes suisses en bois et à quatre couches, précise-t-elle, ce qui semble très prisé en Lettonie. Elle a l’habitude de passer les frontières et de s’adapter à de nouveaux marchés.

Des cabines téléphoniques?

Il faut aussi le dire: Marina Altman est probablement la première femme entrepreneur de Suisse à mettre sur pattes un marché (de niche, certes!) sur les cabines téléphoniques. «Je ne sais pas pourquoi ça marche ­aussi fort tout à coup. Certains les utilisent dans leurs open space lorsqu’ils ont besoin de se concentrer avec leur téléphone portable. D’autres en font... je ne sais trop quoi. Je viens d’en vendre quatre, coup sur coup!» Il y a aussi chez elle des baignoires qui font florès. Certaines seront utilisées pour mettre des fleurs, d’autres pour laver des légumes. Bref, le couple trouve – et c’est un peu son adage entrepreneurial – «très intéressant de vendre des objets intéressants».

Marina se réjouit aussi de vendre de bonnes idées! Au fait, quelle est la différence entre la Suisse et la Lettonie actuelle – au plan entrepreneurial? La question fait mouche, Marina marque un temps de réflexion. «Les gens en Suisse me semblent avoir plus de confiance en eux. Je note aussi une grande ouverture pour le thème du recyclage en Suisse romande. Depuis peu, nous sommes actifs à Lausanne-Renens et à Bienne. Cela est dû au fait que ­l’environnement business est plus stable. En revanche le client letton hésite, pose des tas de questions sur la qualité, mais s’il est convaincu, reviendra plus facilement. S’il a moins confiance en lui, il a en revanche plus envie de prendre des risques.» A creuser...

François Othenin-Girard

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