Publié le: 4 avril 2014

«â€‰La pression sur les prix dans la restauration »

Salaires minimaux – Dans la production de champignons, il est devenu très difficile de conserver une capacité concurrentielle face à certains pays de l’Europe de l’Est, comme la Pologne.

Journal des arts et métiers : Quel était votre premier salaire?

n Roland Vonarburg : Je travaillais dans la ferme de mes parents à la récolte des haricots et je gagnais environ 40 centimes par kilo. En une heure, je parvenais à en ramasser dix kilos.

« Un jour ou l’autre, le client ne sera plus d’accord de payer. »

Cette initiative, si elle était acceptée, aurait des effets importants sur l’agriculture, néfastes pour les consommateurs. Votre branche se trouve à la fois dans l’agriculture est la production. Comment votre entreprise serait-elle touchée par l’introduction d’un smic en Suisse?

nUn salaire prescrit par l’Etat serait une catastrophe pour mes collègues situés dans les zones frontalières et qui doivent se positionner par rapport aux 12 francs de l’heure qui sont prévus par la législation sur le travail, pour une semaine de travail de 56 heures. On ne nous comprend qu’à moitié. Nous sommes une entreprise agricole et en même temps une PME artisanale. Ce faisant, nous devons aussi tenir compte du niveau des salaires versés par exemple pour le travail à la chaîne dans la région.

Comment vos collaborateurs se situent-ils dans cette discussion et Ă  quoi ressemble la politique salariale de votre entreprise?

nIci, nous avons des gens qui viennent de 15 pays différents. Nombre d’entre eux reçoivent un salaire minimum. Une cueilleuse non formée de 19 ans qui suit une formation élémentaire, gagne environ 3400 francs et un 13e salaire. Après cinq mois de cueillette, l’employé entre dans un système de prime – car la récolte varie de 17 à 25 kilos de champignons à l’heure. Une cueilleuse ramassant 21 kilos en moyenne peut compter gagner un salaire à 100% de 4000 francs. Parfois un peu plus ou un peu moins. Quand nous cherchons de nouvelles cueilleuses, le salaire ne représente pas un enjeu particulier. Il y a aussi des collaboratrices qui ont débuté avec un salaire de cueilleuses et qui sont ensuite devenues manager, l’une dirige une équipe de 80 personnes et gagne un peu plus qu’un salaire minimal.

Quel effet pourrait avoir un 
salaire minimum sur une économie de PME ?

n Notre capacité concurrentielle serait encore affaiblie. Le groupe Migros, par exemple, vend des champignons M-Budget qui viennent de Pologne pour 5 francs, tandis que les nôtres coûtent 12 francs et deviendraient encore plus chers, si l’initiative venait à passer. Un jour ou l’autre, le client ne voudra plus payer. Contrairement à nos concurrents de l’étranger, nous sommes une PME et les conditions cadres chez nous sont très différentes du reste de l’agriculture. Nous ne pouvons pas compter dans le secteur des champignons sur une protection aux frontières, ni sur des paiements directs, comme c’est le cas dans le reste de l’agriculture. Pour nous, les frontières sont ouvertes et chacun peut importer des champignons. Nous craignons particulièrement les effets de cette initiative sur notre clientèle de restaurateurs. Cette dernière, sous une très forte pression des prix, pourrait reporter ses achats sur des champignons polonais. Là où les salaires s’élèvent 12 centimes par kilo, contre 1,08 franc chez nous. Nous n’avons dès lors aucune chance de rester concurrentiels. Il ne faut pas non plus surestimer le fait que le salaire minimum conduit à une augmentation de salaire qui dépasse de loin la barrière des 4000 francs. Car les salaires doivent être adaptés vers le haut. L’adaptation des salaires minimums devrait être contrôlées. Ce qui conduirait à introduire encore plus de bureaucratie pour les PME.

Interview : CR

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Les plus consultés