Publié le: 4 juin 2021

La reine de l’hydrogène romand

greengt – Fondée en 2008 à Lausanne, longtemps start-up, cette PME spécialisée dans les systèmes de propulsion basés sur les piles à combustible hydrogène s’apprête à faire le grand saut de l’industrialisation à Collombey-Muraz. Une PME qui a choisi de devenir membre de Swiss Label.

Les responsables de GreenGT passent la vitesse supérieure et installent leur site de production dans le Chablais valaisan. De Lausanne, où il maintient son siège social, le petit colibri orange de GreenGT s’est envolé pour Collombey Muraz, où il compte nicher sa future production. Des locaux tout neufs, dont nous ne tardons pas à prendre toute la mesure lors d’une visite fin avril.

Malgré les temps difficiles, le rêve demeure intact, c’est ce projet que les responsables de GreenGT ont baptisé «Mission H24» – la création d’une catégorie réservée aux prototypes à propulsion électrique-hydrogène aux 24 Heures du Mans en 2024.

Le rĂŞve des 24 Heures du Mans

Quatre voitures de course ont été mises au point, testées par GreenGT sur des circuits comme celui du Castellet où une équipe s’active sous la direction d’un ancien coureur, Jean-Michel Bouresche entouré de pilotes professionnels. Cette vitrine technologique offre à la PME suisse un vecteur émotionnel. En parallèle, des développements sont en cours pour un camion en Suisse, et un second projet du même type (camion) en France, mené celui-ci avec divers partenaires et dont la communication se fera ultérieurement.

«Le développement de la filiale du Chablais devrait donc permettre à GreenGT de démarrer la production de système pile à combustible à hydrogène dès cet automne, nous explique Frédéric Veloso, ingénieur en électronique de puissance en charge du développement commercial. Une centaine d’unités pourront être produites par année, dans un premier temps: nous ciblons les marchés de niche dont les possibilités d’application ne manquent pas: navigation fluviale et maritime, transports par la route, le rail et la voie des airs. On parle aussi de taxi fluvial, d’hydroptères…»

GreenGT: système de propulsion

«Au plan technique, les solutions développées par GreenGT se caractérisent par la forte puissance, la légèreté, la compacité et la modularité, détaille Frédéric Veloso. Et surtout, les propulsions hydrogènes permettent une autonomie et des temps de recharge similaires aux véhicules thermiques conventionnels, en ne rejetant que de l’eau. Pas besoin de recharger une batterie durant des heures, l’électricité est générée à l’intérieur même du véhicule. D’où l’idée des 24 Heures du Mans, une performance que les voitures de course électriques actuelles de type Formula E – dont l’autonomie est limitée à une poignée de minutes – ne peuvent pas atteindre.

«Attention! Contrairement à ce qui a été publié plusieurs fois de manière erronée, notre but n’est pas de mettre au point une voiture à hydrogène, poursuit-il. Nous nous concentrons sur le système de propulsion comprenant le système pile à combustible, la batterie, les réservoirs, les convertisseurs, les moteurs et le contrôle-commande, précise Frédéric Veloso. La pile est elle-même alimentée par de l’hydrogène stocké dans un réservoir. L’oxygène nécessaire à la réaction électrochimique est pour sa part puisé dans l’atmosphère par une entrée d’air. Notre pile à combustible produit de l’électricité, cette dernière passe dans un convertisseur qui alimente le moteur électrique ou permet de recharger une batterie».

De la Chine au Chablais valaisan

Notre interlocuteur a débuté sa carrière comme ingénieur avec la mise en service de de locomotives électriques dédiées au transport de charbon en Chine. Plus tard, il est arrivé en Suisse, chez ABB Sécheron à Genève. Et de là, c’est encore en Chine, puis en Inde, en Afrique du Sud et aux Etats-Unis qu’il s’est activé à la mise en route de sites de production de transformateurs de traction. Sa spécialité, c’est de «planifier et de développer les activités commerciales et opérationnelles pour des produits de haute technologie et d’ajuster la production aux conditions locales».

Un côté très Swiss Label

«Nous devons passer du temps à rectifier les fausses idées qui sont encore courantes en matière d’hydrogène, glisse en passant le co-fondateur Jean-François Weber, ingénieur spécialisé dans la mobilité électrique/hydrogène de forte puissance. «Ce marché se trouve encore dans une zone chaotique, il n’est pas ou très peu organisé et pour l’instant, nous voyons surtout de part et d’autre beaucoup d’effets d’annonce et de présentation power point. C’est notre côté très suisse, nous communiquons quand nous avons quelque chose de vraiment prêt.»

Au-delà du point de départ plutôt hexagonal des fondateurs, l’ADN est suisse. C’est aussi pour ce «côté très suisse» que GreenGt a choisi de devenir membre de Swiss Label, la marque à l’arbalète: «Grâce à Swiss Label, l’idée est d’ancrer une production locale de produits de niche à très haute valeur ajoutée», précise Frédéric Veloso. Que vend GreenGT?«Notre activité se décompose en trois parties destinées aux constructeurs de véhicules, complète notre interlocuteur. D’une part, nous proposons notre expertise hydrogène sous la forme de conseils technologiques et de préétudes. Ensuite, nous offrons des prestations d’intégration et de développement portant sur la chaîne de propulsion hydrogène. Enfin, nous fournissons des systèmes piles à combustible, batteris, groupes motopropulseurs pour des prototypes, préséries et petites séries de véhicules.»

«C’est notre côté très suisse: nous communiquons quand nous avons quelque chose de vraiment prêt.

Capter de l’oxygène, utiliser de l’hydrogène, pour en tirer du courant électrique et n’avoir pour tout rejet que de l’eau, il semble difficile de faire plus propre. «Et bientôt l’hydrogène permettra même de séquestrer du CO2, grâce à la thermolyse de biomasse. Cette technologie a dépassé l’étape du démonstrateur et est en phase de démarrage sur un projet pilote», conclut Frédéric Veloso. Rendez-vous au Mans en 2024!

François Othenin-Girard

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