Publié le: 6 juillet 2018

La Suisse ouverte dès 1870

Histoire économique – Un ouvrage montre clairement à quoi est dû

le succès économique de notre pays, à sa perméabilité aux marchés étrangers.

Qu’est-ce qui fait de la Suisse un cas particulier? Il s’agit d’un mélange d’ouverture économique, de conservatisme structurel et de laisser-faire politique. Ces éléments constituent la base de la prospérité et de la qualité de vie du pays. Ce n’est pas nouveau. Mais à une époque où le libre-échange fait l’objet de tirs croisés, cela vaut la peine de creuser le sujet.

Dans leur «Histoire économique de la Suisse au 20e siècle» (*), un collectif d’auteurs dessine une histoire nuancée de l’économie suisse. L’une de ses principales conclusions est que le succès de la Suisse dépend non seulement de son ouverture aux marchés étrangers, mais aussi à de nouvelles influences.

Avec un esprit critique

Au lieu de protéger les industries et les structures, la Suisse accepte le changement et n’essaie pas (généralement) de l’arrêter. Mais cela ne se fait pas sans esprit critique. Ce sont les instituts de l’économie elle-même – comme les syndicats ou les associations, des organes d’autorégulation, ou même les cartels – qui jouent à égalité avec les courroies de transmission et les tampons. Les auteurs font valoir ce point très claire­ment. Ouverte, son économie ne peut réussir que si elle décide elle-même de la manière d’y faire face.

Innovation et concurrence

Ce fut notamment le cas au cours de la période allant de 1870 jusqu’à la Première Guerre mondiale, dans le boom des années 60 et 70 et à la fin du 20e siècle. L’ouverture ne profite pas seulement au commerce extérieur: elle conduit également à plus d’innovation et de concurrence sur le marché intérieur et donc à une croissance énorme de la productivité.

Le pays a été exposé à un grand nombre de changements structurels à un stade précoce et les a délibérément abandonnés. Cette tendance a commencé vers 1870. L’industrie textile dominante à l’époque a réduit les emplois entre 1890 et 1910, tout en maintenant sa part du produit intérieur brut (PIB), ce qui peut s’expliquer par des gains de productivité. Ces travailleurs libérés ont ensuite été utilisés par les industries exportatrices «modernes» telles que les industries mécaniques et chimiques.

Le cartel bancaire à ses débuts

Mais pour financer ces «nouvelles» industries, un nouveau secteur d’abord purement interne est apparu: le service bancaire. Cette industrie a même commencé comme un cartel, parce que la coopération était le seul moyen de réaliser des économies d’échelle et d’accroître la productivité. Cela montre comment les marchés étrangers et nationaux diffusent une influence positive.

Et cette évolution est encore en plein essor. Des sites tels que la technologie environnementale sont apparus, tandis que d’autres, comme la production de métaux, ont disparu. L’essor rapide de la biotechnologie et de la technologie de l’information n’est aujourd’hui que la continuation de cette histoire.

En général, les influences sont clairement perceptibles. Plus la Suisse est ouverte, plus ces processus sont rapides et positifs.

Structures de soutien

L’équipe d’auteurs trace encore une autre interrelation: L’ouverture de l’économie suisse n’était pas incontestée. Des mesures protectionnistes ont été nécessaires à maintes 
reprises pour satisfaire les parties intéressées à l’interne. Les premières subventions utilisées comme des levier pour obtenir plus de compétences fédérales datent de 1878.

Bien que l’économie libérale ait toujours pu s’appuyer en Suisse sur un consensus à la base du succès, elle s’est aussi heurtée à de grandes résistances. Ce qui met en évidence le rôle correcteur des grandes institutions (banque centrale, partis politiques, associations, presse). Cette ouverture a débuté en 1870. SC

(*) Cet ouvrage n’est malheureusement disponible qu’en langue allemande. Schwabe Verlag 2012, ISBN 978-3-7965-2815-6.

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