L’usam s’oppose avec véhémence à la hausse des cotisations salariales
Le DDPS sous pression
ÉCOLE DE RECRUE ET APPRENTISSAGE – Par 26 voix contre 9, les Etats ont soutenu la motion Ettlin. En exigeant que l’armée fasse coïncider le début de la formation militaire avec la fin de l’apprentissage – et trouve une solution, comme pour les universités.
Depuis que le Journal des arts et métiers (JAM) et sa consœur la Schweizerische Gewerbezeitung (SGZ) ont lancé, en décembre dernier, le thème du chevauchement entre la fin de l’apprentissage et le début de l’école de recrue, le sujet est monté en force du côté des associations et au DDPS (lire nos éditions de décembre et de février).
Du cĂ´tĂ© des reprĂ©sentants des PME, on goĂ»te peu le fait que le DDPS – Ă savoir Daniel BaumgartÂner, chef de la formation des forces armĂ©es – ne juge pas utile de trouver une solution Ă cette importante question. Ceci, alors qu’il n’y a prĂ©cisĂ©ment aucun problème pour coordonner le dĂ©but de l’école de recrue avec les agendas des universitĂ©s et des hautes Ă©coles. Une inĂ©galitĂ© de traitement qui dĂ©plaĂ®t aux entrepreneurs qui engagent des apprentis et espèrent profiter de leurs compĂ©tences lorsqu’ils sont devenus rĂ©elleÂment productifs.
Un front de résistance
Suite à cette incompréhension, et dépit des tentatives de dialogues, la pression est montée. Deux parlementaires, le conseiller national et entrepreneur appenzellois, David Zuberbühler (UDC/AR), ainsi que le conseiller aux Etats Erich Ettlin (PDC/OW) ont demandé que le DDPS fasse un correctif. «Plusieurs organisations professionnelles ont fait part de leur préoccupation en juin de l’année dernière, alors que Guy Parmelin était encore ministre de la défense. Mais les fronts sont restés figés et il a fallu intervenir au Parlement», a insisté pour sa part Martin Schmid (PLR/GR).
Le premier acte politique s’est déroulé aux Etats qui ont soutenu par 26 voix contre 9 (5 abstentions) la motion Ettlin. C’est désormais la conseillère fédérale Viola Amherd qui hérite de ce dossier. La cheffe du DDPS a préconisé «la recherche de solutions simples et non bureaucratiques», tout en recommandant le rejet de la motion.
Ce que dit le DDPS
Le Conseil fédéral se dit conscient de l’équilibre entre les intérêts de l’employeur et ceux de l’Etat. Un abandon complet du système actuel – avec une école de recrue d’hiver et d’été et passant par le report de huit à dix semaines du début des deux écoles – s’écarterait du principe selon lequel le début de l’ER serait coordonné de manière optimale avec le début des études, ceci afin de maintenir la durée des études aussi courte que possible.
RĂ©ponse des motionnaires
L’auteur de la motion Ettlin a rappelĂ© devant les Etats que le dĂ©ploiement de professionnels presque entièrement formĂ©s Ă©tait tout aussi important pour les entreprises, en termes de gestion des affaires, que pour les jeunes professionnels eux-mĂŞmes. «L’utilisation de leur main-d’œuvre au moment oĂą ils sont le plus productifs fait expressĂ©ment partie de leur apprentissage et sert Ă©galement les deux parties.» L’achèveÂment du contrat d’apprentissage en tant que premier contrat important de la vie est Ă©galement d’une grande importance pour les professionnels.
«Compte tenu de la pénurie de professionnels dont se plaignent les dirigeants de l’armée elle-même, il est logique de rendre l’ER plus attrayante pour ces personnes en particulier», poursuit Ettlin. L’armée prétend qu’elle manque de spécialistes, de cuisiniers, de chauffeurs…
En mĂŞme temps, il leur est difficile de concilier la formation proÂfessionnelle et l’enrĂ´lement dans l’armĂ©e. Heureusement, la formation professionnelle est une prioritĂ© absolue pour les jeunes. Donc, s’ils doivent dĂ©cider, ils dĂ©cideront pour la profession et contre l’armĂ©e, ce qui est dommage.
Les PME mettent la gomme
Non seulement les politiciens, mais encore les associations professionnelles s’efforcent de mettre un terme aux conditions intenables pour les entreprises et leurs apprentis.
Les exemples ne manquent pas! Dans une lettre à la cheffe du DDPS Viola Amherd, l’Association suisse des maîtres charpentiers et fabricants de meubles (VSSM) demande au DDPS «de revoir et d’adapter l’avancement de la mise en place de l’école de recrutement». Le président central de la VSSM, Thomas Iten, et le directeur Mario Fellner rappellent au conseiller fédéral alors en charge du dossier (Guy Parmelin) que le début de l’école de recrue d’été 2018 a été avancé à fin juin en raison du développement futur de l’armée 2018. Cette avance tiendrait compte exclusivement des intérêts de l’enseignement supérieur, afin que le début du semestre dans les universités à l’automne se déroule sans heurts.
«Le DDPS montre qu’il est clairement du côté des unis.»
«Malheureusement, cette proposition de l’école de recrues ne tient pas compte des exigences des entreprises de formation et des apprenants.»
80% des officiers sont issus de la formation professionnelle
Le monde politique soutient le système dual dans notre pays et la formation des apprentis représente un élément névralgique de ce système, soulignent les charpentiers suisses. Cependant, dans cette histoire de dates, «le DDPS montre qu’il est clairement du côté de l’enseignement supérieur». Les universités pourraient pour leur part faire preuve d’une plus grande souplesse dans l’organisation des programmes d’études.
Les apprentis qui suivent leur dernière année d’apprentissage sont précisément en train d’acquérir une expérience professionnelle importante dans leur entreprise, entre la fin de l’examen final d’apprentissage et la fin de la formation à proprement parler. Enfin, les charpentiers attirent l’attention sur le fait qu’«environ 80% des officiers subalternes sont recrutés dans les milieux de la formation professionnelle».
Base constitutionnelle
Au surplus, Daniel Zybach, chef de la division Formation professionnelle et membre de la direction de cette association, invoque également comme base juridique la loi sur la formation professionnelle. «L’article 17, paragraphe 1, stipule clairement que la période d’apprentissage est de deux à quatre ans. Un raccourcissement de la durée de l’apprentissage par le début précoce de l’école de recrues remet donc fondamentalement en cause cet exigence.»
Au tour du National de soutenir
la formation professionnelle
Après le oui du Conseil des Etats, le Conseil national va maintenant s’occuper de ce dossier. Au cours de l’année électorale, on peut espérer que la majorité de la classe moyenne au sein du Conseil soutiendra les préoccupations des entreprises et surtout la formation des jeunes professionnels en garantissant à ces derniers une égalité de traitement par rapport aux étudiants des universités et des hautes écoles. Pour rappel, l’équivalence de l’enseignement professionnel et académique est ancrée dans la Constitution depuis 2006.
Gerhard Enggist (adapt. JAM)
Communiqués de presse
L’usam salue la démarche du Conseil fédéral quant au mandat de négociation avec l’UE
L’usam regrette le «oui» à la 13e rente AVS et le «non» à l’augmentation de l’âge de la retraite
L’usam considère l’approche par paquet comme voie possible
L’usam adopte ses mots d’ordre en vue de la votation du 9 juin 2024
Les feux d’artifice sont synonymes de joie de vivre: l’usam salue le NON du Conseil fédéral à l’initiative contre les feux d’artifice