Publié le: 7 juillet 2017

Le fabuleux modèle suédois du snus

TABAGISME – Une législation moderne d’inspiration scandinave serait la bienvenue. Au lieu de cela, Berne place le tabac moulu à l’index en appelant les scientifiques à la rescousse. Sans fondement, car son utilisation permet de réduire le nombre de fumeurs.

Berne essaie de nous enfumer en rangeant dans la même boite le snus et le tabac. Or un tel traitement est totale­ment injustifié. Combien de temps faudra-t-il attendre pour disposer d’une législation adaptée?

En 2017, la population mondiale compte 1,7 milliard de fumeurs. Bien que la nécessité de prendre des mesures réduisant efficacement les méfaits du tabagisme sur la santé soit acceptée par tous, les politiques s‘obstinent à mettre des bâtons dans les roues aux nouveaux produits du tabac, bien moins nocifs que la cigarette. Le snus, bien que participant à cet objectif de santé publique, se retrouve sanctionné sans raison valable et sur la base d’affirmations scientifiquement infondées.

Le snus est un tabac finement moulu dont la méthode de consommation habituelle consiste à le glisser entre la gencive et la lèvre supérieur. Il existe en plusieurs arômes, conditionné en pâte humide ou dans de petits sachets poreux, comme le thé. Sa vente est interdite en Suisse depuis 1995, bien que son importation pour usage personnel soit légalement autorisée. En Suède, ce produit existe depuis 1822 comme alternative moins nocives au tabac à fumer. Les Suèdois sont aujourd’hui les plus gros consommateurs de snus, avec environ un million de consommateurs. Un homme sur cinq est un consommateur régulier.

Des effets nocifs démentis 
par les scientifiques

Il n’est pas rare de lire que les produits du tabac à faible risque sont un tremplin à l’utilisation de produits plus nocifs. Affirmation scientifiquement infondée! Reprenons l’exemple de la Suède: Avec un taux de 7% de fumeurs seulement (Eurobarometer mai 2017), la Suède fait beaucoup mieux que la Suisse, dotée d’une politique répressive, d’un prix du tabac désormais parmi les plus élévés et d’un taux de 25% de fumeurs! Les recherches montrent que l’utilisation du snus a réduit de manière significative le nombre de fumeurs. La majeure partie des utilisateurs de ce produit sont d’ailleurs d’anciens fumeurs.

En diminuant le nombre de fumeurs, les alternatives suèdoises au tabac à fumer ont également permis d’enregistrer l’incidence la plus basse de cancers liés au tabac, y compris ceux de la bouche. Le succès suèdois est clairement dû au snus. Le but d’une politique de santé publique ne devrait pas être de lancer une croisade contre les produits du tabac et tous ses dérivés, mais de diminuer ses conséquences sur la santé des consommateurs en proposant librement sur le marché des ­alternatives moins nocives. Aujourd’hui, de tels produits à base de nicotine ont le vent en poupe. Ceci s’est fait spontanément par une prise de conscience de la population et non sous l’effet d’incitation gouvernementales. Il faudrait mieux utiliser ce potentiel incitatif et non freiner l’utilisation de ces produits.

Le snus retient son souffle…

La grande majorité des fumeurs ne peuvent se passer de nicotine. Le snus, aussi bien que les cigarettes électroniques, réduisent considérablement les risques: les réglementer de manière stricte en interdisant la publicité ou les surtaxer serait contre-productif!

Les Chambres ont envoyé un signal dans la bonne direction en réexpédiant le projet de loi au Conseil fédéral. Il faut un projet plus libéral et moins restrictif, doté d’une reglementation différenciée pour les produits comme le snus. Dans une optique économique mais aussi de santé publique, il s’agit à présent de palier à cette insécurité juridique en mettant rapidement sur pied une ­législation moderne qui ­autorise enfin la vente de cigarettes électroniques et le sympathique snus.

Hélène Noirjean, 
responsable aménagement 
du territoire, agriculture 
et commerce, usam

CHAMPION SUéDOIS

Un tableau publié récemment par l’Union européenne dans le cadre d’un sondage sur les attitudes à l’égard du tabac en Europe montre les pourcentages de fumeursquotidiens au sein des 28 Etats membres. Ce graphique nous apprend qu’en Bulgarie, 36% de la population fume quotidiennement. En Grèce et en France, on compte respectivement 35% et 33% de fumeurs quotidiens. Au Royaume-Uni et au Danemark, les fumeurs représentent 16% de la population totale. Toutefois, le champion d’Europe dans la lutte contre la consommation de tabac est la Suède. 
En effet, à peine 5% des Suédois fument quotidiennement. JAM

LES EFFETS D’UNE POLITIQUE DE substitution

La raison pour laquelle les Suédois ont drastiquement réduit leur consommation de tabac se doit à une stratégie de réduction des effets néfastes du tabac adoptée par le pays. La Suède a remplacé les cigarettes létales par le snus, un produit qui fournit aux utilisateurs à la fois de la nicotine et du tabac, mais qui n’accroît pas les chances de mourir comme lorsque l’on fume. Le snus est la version moderne du tabac à priser. Il s’agit de petits sachets de tabac humide que l’on place entre la gencive et la lèvre supérieure et que l’on garde en place pendant une durée qui peut aller de quelques minutes à plusieurs heures. Les Scandinaves ingèrent de la nicotine via du tabac que l’on ne fume pas depuis le début du 18e siècle, une habitude qui n’a été modifié que lors de la Seconde Guerre mondiale, période durant laquelle les cigarettes sont devenues populaires. En 1980, 34% des Suédois fumaient. Mais depuis lors, la prise de conscience croissante au sujet des risques du tabagisme a entraîné une réduction constante du taux de tabagisme en Suède, tout comme dans les autres pays européens. Cependant, contrairement au reste du monde, les fumeurs suédois avaient déjà à leur disposition un moyen traditionnel pour arrêter de fumer sans avoir à vaincre leur dépendance à la nicotine. Ainsi, en 1990, les ventes de cigarettes ont sensiblement diminué alors que la commercialisation du snus a véritablement explosé. Et aujourd’hui, 15% des Suédois ont recours au snus. JAM

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