Publié le: 3 juillet 2020

Le petit fruit local qui cartonne

fruit-union suisse – L’association (FUS) mise sur une approche durable. Parmi les défis, outre la crise sanitaire figurent l’apparition de nouveaux parasites et le changement climatique. En politique, l’association lutte avec force contre deux initiatives agricoles trop extrémistes.

Une pomme pour la croque et une poire pour la soif. Deux fruits par jour, c’est bon pour la santé. La population suisse consomme environ 83 kilos de fruits frais par habitant chaque année. Selon le directeur de Fruit-Union Suisse (FUS), Jimmy Mariéthoz, le comportement alimentaire vis-à-vis des baies et des fruits a changé ces dernières années – avec un retour au plan local: «Le trend actuel est à la consommation de baies. La consommation de fruits à noyau et à pépins est stable. Toutefois, lorsqu’il s’agit de la décision d’achat, l’origine joue un rôle plus important.»

Innover au lieu d’interdire

«Les fruits régionaux sont en vogue, assure-t-il. Notre objectif est d’augmenter encore la part de consommation des fruits locaux ainsi que la consommation de jus de pomme.» Avec la culture protégée, l’irrigation, l’optimisation continue dans le domaine de la protection des végétaux, les variétés modernes et le développe­ment continu des techniques de culture, la professionnalisation a eu lieu dans la culture fruitière.

«Le trend actuel est AUX BAIES.»

L’année écoulée a été très difficile pour les producteurs et les transformateurs de fruits. «Un obstacle majeur pour de nombreux producteurs était le temps changeant. Cela a eu un impact sur la commercialisation et les prix», estime Jimmy Mariéthoz. Pour cette année, il prévoit des volumes de récolte moyens. «Cependant, le développement dépend du temps. La culture professionnelle des fruits est préparée pour un été chaud avec des systèmes d’irrigation et d’ombrage.»

Cependant, le producteur local est de plus en plus confronté à l’apparition de nouveaux parasites. Par exemple, la punaise marbrée cause des dégâts considérables à la culture fruitière. Cela représente plus de trois millions de francs pour 2019. La Confédération a approuvé temporairement un produit phytopharmaceutique afin de prendre des mesures ciblées contre le parasite.

Des projets pilotes sont également en cours pour l’utilisation d’un ennemi naturel de l’insecte des arbres. Récemment, le scolyte des feuilles, le pou du bananier et la bactérie du feu (Xylella fastidiosa) ont également commencé à menacer les cultures fruitières en Suisse. «En Valais, la situation concernant la cochenille est préoccupante, car ce parasite est très difficile à contrôler. Nous étudions des solutions, telles que l’utilisation de parasitoïdes.»

Alternative au produit chimique

Le sujet de la protection des végétaux est d’actualité et fait l’objet d’une couverture médiatique fréquente. Le FUS s’en occupe également et met encore plus intensivement en commun ses nombreuses années d’expérience dans ce domaine. En tant que membres de l’IG Zukunft Pflanzenschutz, elle partage la vision d’un avenir encore plus durable. Ce faisant, ils se concentrent sur des solutions axées sur le marché et sur les innovations plutôt que sur les interdictions: «Si les producteurs se voient proposer des alternatives aux produits phytopharmaceutiques existants, ils en réduisent automatiquement l’utilisation. Cela nécessite des investissements dans la recherche d’une part, mais aussi la création d’incitations à participer à des projets innovants d’autre part.»

La crise sanitaire a elle aussi frappé durement la branche fruitière. Par exemple, les cidreries subissent le contrecoup de la fermeture de la restauration et de l’événementiel. Il était également difficile de recruter des ouvriers pour les récoltes.

«Une campagne pour soutenir les producteurs de fraises.»

«L’entrée des ouvriers de la récolte a été difficile et il a fallu trouver de nouveaux canaux de distribution, détaille Jimmy Mariéthoz. En vue de la prochaine récolte, les producteurs de fruits ont dû réorganiser leur main-d’œuvre, compenser le manque de ventes dans la restauration avec le commerce de détail. Ou sinon avec des mesures d’économie dans la transformation. En revanche, la vente de fruits frais dans le commerce de détail et dans le marketing direct cartonne!»

L’association, dans ce contexte difficile, a lancé une campagne pour la saison des fraises, centrée sur une productrice en Thurgovie, Melanie Knup. «Cette femme est représentative des quelque 400 producteurs suisses qui malgré les conditions difficiles, ont fait en sorte que nous puissions déguster des fraises fraîches de plein champ.»

Contre les initiatives agricoles

L’association se préoccupe de formation et offre une plate-forme entre les apprentis, les entreprises de formation et les écoles. Elle est aussi conjointement responsable du contenu et de la qualité des cours de formation. Elle propose en plus des cours de formation continue axés sur la pratique. L’offre comprend un apprentissage de trois ans en tant que spécialiste des fruits et un apprentissage de quatre ans en tant que technologue alimentaire CFC.

«Cette année, 5 technologues alimentaires et 15 spécialistes des fruits terminent leur formation, relève le directeur. Ils peuvent ensuite poursuivre leur formation via l’examen de maître artisan, la haute école spécialisée ou même dans les EPF. Il est important pour notre industrie que nous disposions à l’avenir de spécialistes bien formés.»

Le danger est clair à l’horizon et il se présente sous la forme de deux initiatives agricoles. «Si elles sont acceptées en 2021, elles auront de graves conséquences pour la culture des fruits. Nous préconisons vivement le rejet de ces deux initiatives, a lancé le directeur qui s’engagera sur trois plans: travailler avec les médias, soutenir la campagne des agriculteurs et sensibiliser le public par la plate-forme IG Zukunft Pflanzenschutz. Jimmy Mariéthoz est convaincu que la numérisation offrira bientôt de nouvelles possibilités dans le domaine de la protection des végétaux.

Corinne Remund

www.swissfruit.ch/fr

coup de projecteur

Fruit-Union Suisse: réseau et échanges

Le 14 septembre 1911, une cinquantaine d’acteurs visionnaires du secteur fruitier suisse fondent un réseau pour les producteurs, transformateurs et commerçants afin d’orienter vers l’avenir l’économie fruitière indigène. Cette démarche a été motivée par la nécessité de représenter les intérêts des cidreries, des coopératives fruitières et d’autres types de structures. En 1915, l’association comptait déjà 250 membres. A la fin des années 20, les producteurs rejoignent l’association.

Fruit-Union Suisse (FUS) représente donc les intérêts de la branche fruitière. Son objectif principal est de créer de bonnes conditions-cadres pour la production et la transformation. Elle représente les intérêts de près de 11 000 acteurs de la filière fruitière auprès des autorités, des associations professionnelles et du public. Ses services comprennent aussi le soutien du marché, la création de normes et de labels industriels, la promotion des ventes et la formation et le perfectionnement.

Au plan politique, elle relaie ses préoccupations auprès des autorités et des milieux politiques en cultivant son réseau et les échanges avec d’autres associations, organisations et institutions. Parmi ses 11 000 membres, 57 sont des producteurs de cidre et 61 des transformateurs de fruits. Ce sont toutes des PME. Le secteur génère environ 350 à 400 millions de francs par an en fruits frais et entre 40 et 50 millions de francs en fruits à cidre. La culture des fruits prend beaucoup de temps – plus de 50% des coûts de production sont consacrés au travail. Ainsi, en plus des quelque 10 000 chefs d’exploitation, le secteur emploie environ 15 000 travailleurs non qualifiés en été.

CR

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